Et si le pire était derrière les SSII indiennes ?
Les SSII indiennes peuvent respirer. Si les niveaux de croissance passés semblent loin – et désormais difficiles à atteindre –, le spectre de la crise prend ses distances. L’heure n’est tout même pas à l’euphorie. Et une autre menace se profile : celle du recul du dollar face à la roupie.
Pour le second trimestre consécutif, les principales SSII indiennes affichent des résultats qui renouent avec la croissance : +3,79 % séquentiellement, à 630 M$, pour HCL Technologies ; +2,85 % à 1,15 Md$ pour Infosys ; +8,76 % à 1,44 Md$ pour Wipro ; ou encore +3,88 % à 1,53 Md$ pour TCS. Certes, les chiffres sont moins bons sur un an, avec même un recul de 5,1 % pour Infosys et de 2,3 % pour TCS. Néanmoins, la tendance semble à un retour à la croissance ou, à tout le mois, à une stabilisation (voir graphique ci-dessous).
Le bout du tunnel
Azim Premji, président du conseil d’administration de Wipro, se veut prudent. Mais, dans un communiqué, il souligne néanmoins des signaux positifs du marché : « nous constatons plus de stabilité dans les volumes et les prix ainsi qu’une meilleure demande. Et de souligner la signature, au cours du trimestre écoulé, de quelques contrats majeurs : « un accord pluri-annuel avec une entreprise pharmaceutique globale […] pour la fourniture de services d’administration d’infrastructure », mais aussi un contrat sur 5 ans pour le développement et la maintenance applicative avec le pétrolier BP, des services d’administration d’applications SAP pour Nokia Siemens Networks, ou encore plusieurs contrats importants avec les aéroports de Delhi.
Même tableau chez TCS, où le PDG, N Chandrasekaran, relève une « amélioration des conditions de marché. » Et d’évoquer la conclusion de quelques contrats à plusieurs dizaines de millions de dollars, dans les télécoms, la chimie, mais aussi la banque et les services financiers, notamment.
Chez Infosys, Kris Gopalakrishnan semble aussi voir le bout du tunnel : « le climat des affaires s’est amélioré », au cours du trimestre écoulé, « les entreprises cherchent désormais à investir dans des initiatives stratégiques pour renforcer leur positions en prévision de la fin de la récession. » Un discours qui tranche avec celui, assez pessimiste, que tenait le PDG d’Infosys trois mois plus tôt. Pour la SSII, la priorité est actuellement à l’investissement en R&D et au développement de la présence en Chine ainsi qu’en Amérique Centrale et du Sud.
La menace monétaire |
La monnaie indienne a recommencé à s’apprécier face au dollar, menaçant les bénéfices des SSII indiennes, grandes exportatrices. Le directeur financier de TCS, S. Mahalingam, explique ainsi que « la roupie et les monnaies étrangères majeures continuent de subir des changements importants ; nous surveillons notre exposition aux cours monétaires et procédons aux éventuels ajustements nécessaires. » Même son de cloche chez Infosys, où la « volatilité » des cours monétaires est pointée du doigt. |
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Plus réservé, Shiv Nadar, directeur stratégique de HCL Technologies, concède de « premiers signes de reprise dans des secteurs tels que les services financiers, mais nous restons prudents. » Et de prévenir, d’ailleurs, que la crise a déjà induit des changements profonds impliquant « des niveaux de croissance modérés et une régulation des Etats plus forte. » Des propos qui rappellent les projections dont Som Mittal, président du Nasscom, la chambre syndicale des SSII indiennes, faisait part au MagIT début octobre.
Le retour des embauches
Conséquence de perspectives positives retrouvées, TCS prévoit de renforcer ses effectifs de 8 000 personnes au dernier trimestre et indique avoir verser 150 % du composant trimestriel de la part variable de la paie de ses collaborateurs en Inde. Et le phénomène n’est pas isolé : le spécialiste de l’intérim, Manpower, projette une croissance à deux chiffres des embauches IT au cours des prochains mois. Mais le phénomène mérite d’être nuancé. Ainsi, les SSII pourraient garder des habitudes prises avec la crise. Et en particulier celle consistant à recourir plus largement à des ressources humaines locales plutôt qu’à détacher, à l’étranger, des ingénieurs indiens. Infosys et Wipro, notamment, ont clairement exprimé leur intention de poursuivre dans ce sens.
Satyam : la poussière retombe progressivement |
Près d’un an après, le scandale Satyam n’est pas totalement soldé. Certes, la confiance revient progressivement : la SSII rachetée par Tech Mahindra indique par exemple avec signé pour 8 M$ de nouveaux contrats au cours du dernier trimestre. Mais, en attendant la finalisation d’une fusion programmée pour juin prochain, les coupes continuent : 5000 salariés en inter-contrat devraient être licenciés ; Satyam en avait placé ainsi 8000 en juin dernier. La SSII emploie plus de 30 000 personnes. En outre, la bourse de New York vient d’adresser un avertissement à Satyam, menaçant la SSII de retrait de la cote en raison du retard accumulé dans la publication de ses résultats. Sur le plan judiciaire, le scandale continue de faire des remous : l’ancien directeur financier et quatre auditeurs venus de PriceWaterHouse sont considérés comme coupables dans l’affaire, selon nos confrères de l’Economic Times of India. |