Novell ne digère pas le passage de la ville de Los Angeles aux Google Apps
Confronté à la défection de la ville de Los Angeles qui a décidé d'abandonner son produit de messagerie et de travail collaboratif Groupwise au profit de GMail et des Google Apps, Novell a riposté par une volée de bois vert en direction de la ville. Une réaction rare de la part d'un acteur habituellement très policé et dans un secteur où utilisateurs et fournisseurs préfèrent taire leurs différends.
Le conseil municipal de la ville de Los Angeles va migrer l'ensemble de ses services de communication électronique dans le nuage de Google. La ville vient ainsi de signer un contrat de 7,25 M$ sur cinq ans avec le géant de la recherche - dont, ironiquement, 1,5 M$ proviendront d'une transaction signée avec Microsoft pour mettre fin aux poursuites antitrust contre l'éditeur en 2006. Objectif : déployer Gmail et les Apps en lieu et place de l'actuelle messagerie Novell Groupwise (l'annulation des contrats Groupwise en cours fera perdre 400 000 $ de CA à Novell).
Pour l'occasion, Google va élaborer une version spécifique de ses services pour le gouvernement américain, une offre baptisé GovCloud dont les données seront séparées du nuage général de Google et chiffrées. Cette nouvelle infrastructure sera certifiée pour répondre aux exigences du Federal Information Security Management Act (FISMA), qui régit la sécurité des informations pour les institutions fédérales américaines.
Le moins que l'on puisse dire est que Novell a mal pris la nouvelle. Dans un communiqué, l'éditeur explique que, comme certains services de la ville et notamment le LAPD (le département de la police), il doute des bénéfices économiques de la décision et soulève les implications en matière de sécurité. "La ville a reçu des preuves claires du fait que Google pose un risque significatif pour les données, pour l'essentiel hautement confidentielles, de la ville et de ses citoyens. De plus, des études indépendantes ont montré que le nouveau système coûtera plus cher que l'ancien."
"La voie du risque sans perspective de gain"
Enfonçant le clou, Novell souligne le déficit budgétaire massif de Los Angeles et explique que, rien que sur la première année, le nouveau système coûtera 1,5 M$ de plus que l'ancien. Et d'ajouter que "GroupWise est un produit de classe mondiale avec 30 millions d'utilisateurs répartis dans 120 pays dans le monde. Plus de 1 200 agences gouvernementales utilisent le produit dans 47 des 50 états américains(…)". Et Novell d'étriller son futur ex-client : "la dernière mouture de GroupWise 8 inclut des tableaux de bord interactifs, des fonctions riches d'e-mail et une gestion d'agenda robuste, le tout délivré dans d'impeccables conditions de sécurité. La ville aurait du migré vers ce produit qui a fait ses preuves afin d'assurer la sécurité de ses données et faire réaliser des économies à ses administrés. Au lieu de cela, elle a choisi la voie du risque, sans perspective de gain". Un discours rentre-dedans pas réellement habituel dans les très feutrées relations entre éditeurs et donneurs d'ordre.
Magnanime, le communiqué de Novell conclut : "Toutefois la ville de Los Angeles étant un client apprécié, Novell continuera à lui fournir ses services de qualité mondiale pendant la transition". Novell a sans doute des services de classe mondiale, mais pour l'occasion son habituel sens de la diplomatie lui a visiblement fait défaut.