Avec SL Enterprise, Second Life se cherche une seconde vie dans la communication d'entreprise

Linden Lab annonce une version entreprise de Second Life pour permettre aux professionnels d'installer le monde virtuel dans leur SI, protégé par leur pare-feu. Une façon pour l'éditeur d'adresser plus facilement le marché des entreprises, mais également de se créer un second souffle en revisitant son modèle économique. Objectif : devenir une plate-forme de communication professionnelle.

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Après 6 années d'existence, Second Life démarre enfin sa seconde vie. Linden Lab, éditeur du monde virtuel en 3D, a décidé de porter son environnement virtuel vers le monde professionnel et de lancer SL Enterprise, une version stand-alone de Second Life, prête à être installée sur les serveurs de l'entreprise, bien au chaud derrière le pare-feu. Objectif : troquer cette image de jeux vidéo contre celle, plus sérieuse, de plate-forme collaborative et de communication, pour pouvoir se transformer en espace privé.

La solution, aujourd'hui en test (bêta) auprès de 14 entreprises (dont IBM), embarque ainsi une version serveur du monde virtuel ainsi que des modules pré-configurés pour accélérer le déploiement. Dans un communiqué, Linden Lab explique que 7 régions sont livrées déjà paramétrées, composées d'auditorium et de centres de conférence virtuelles, des composants graphiques prêt à l'emploi et enfin des zones de tests. La plate-forme renferme également des outils de création d'espaces de partage. Mais l'un des points forts est une console centralisée dans laquelle est rassemblée une série d'outils d'administration, comme le contrôle des procédures de sécurité, la gestion de la plate-forme (les régions, les îles, les avatars, les accès), les connexions à l'annuaire LDAP de l'entreprise, ainsi que les sauvegardes, notamment.

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Dans un communiqué, Linden Lab explique que quelque 1 400 entreprises utiliseraient déjà Second Life pour des opérations internes, liées notamment au travail collaboratif. Parmi lesquelles IBM, qui avait fortement communiqué sur ses investissements dans le monde virtuel, à l'époque du grand buzz autour de Second Life. Dell ainsi que des grandes marques de l'IT ou de l'industrie comme Nike ou Coca Cola avaient elles-aussi misé sur le plate-forme à grand coup de dollars.

Aujourd'hui, Linden Lab a décidé de prendre en compte leur éco-système avec SL Enterprise.

C'est notamment le point de vue Richard Malterre, chargé d'affaire chez Immersive Lab, un intégrateur spécialisé Second Life et un partenaire certifié Gold de Linden Lab – seuls ces derniers commercialiseront SL Enterprise. « Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises ne se sont pas risquées à utiliser Second Life pour des raisons d'hébergement des données sur les seuls serveurs de Linden Lab aux Etats-Unis, sans réel contact direct avec les entreprises. C'est le plus important frein généralement évoqué. » C'est également celui mis en avant pour illustrer le rejet de certaines entreprises des offres de Cloud Computing. Davantage poussées vers les clouds privés (par opposition aux clouds publics comme Amazon).

Dans cette même perspective, cette formule Premium vient également faciliter les déploiements techniques de la solution au sein des SI. Un véritable casse-tête selon Richard Malterre qui explique que l'ouverture des nombreux ports qu'imposait Second Life constituait une importante barrière à l'adoption dans les DSI. « Des dossiers [d'intégration, NDLR] ont été bloqués par les DSI, alors que les directions métiers [comme les RH, NDLR] avaient quant à elle donné leur feu vert. »

Selon lui, la solution Entreprise est en gestation depuis moins d'un an dans les labos de Linden Lab, mais peu d'informations avaient finalement filtré. Il attribue notamment ce positionnement très plate-forme de communication à l'arrivée de la VoIP au sein du monde virtuel. « Un turbo. »

Vers un modèle à la Appstore

Surtout, là où SL Entreprise tranche avec les orientations premières du monde virtuel, c'est dans l'approche de son modèle économique. Alors que Linden Lab génère « une grosse part de ses revenus dans les transactions immobilières [un avatar verse notamment un loyer en Linden dollar – la monnaie interne au monde 3D- à Linden Lab pour disposer d'un terrain au sein d'une île, NDLR ] - on parle de 1 million de dollar au quotidien (source Linden Lab) -, peu de ces revenus étaient générés par les entreprises, souligne Richard Malterre.

La version Enterprise vient ainsi capter cette clientèle.

Pas question pour autant de se couper des 1 400 entreprises déjà présentes sur la « grille » [le nom donnée au réseau de serveurs interconnectés qui forment Second Life, NDLR], Linden Lab espère bien les faire basculer vers sa version Enterprise. Une procédure de migration censée être fluide, rappelle Linden Lab dans un communiqué. D'autant que l'installation pourra être mixte, privé et public, en préservant un accès à la grille classique.

Autre virage côté modèle économique, l'éditeur prévoit d'ouvrir une place de marché, Second Life Work Marketplace, au premier trimestre 2010. Il permettra aux entreprises de télécharger des contenus mis à disposition par des tiers ou des développeurs. Sur le modèle des appstores en somme, ces boutiques en ligne de téléchargement d'applications initié par Apple pour son iPhone – et repris pas la plupart des constructeurs de téléphones portables.

Aucun détail n'est pour l'heure disponible quant à la répartition des revenus, ni des tarifs pratiqués. Mais Richard Malterre doute que la promotion de Second Life Work Marketplace réservée uniquement aux des détenteurs de la solution Enterprise soit une bonne idée. « je ne pense pas qu'il devrait limiter l'accès à SL Enterprise car ils ont besoin de la communauté, et avec la version Enterprise, ils vont se passer de cette manne. »

Restera alors à convaincre les entreprises du bien fondé de Second Life et de son approche monde virtuel pour assurer les fonctionnalités de plate-forme de communication. Surtout à l'heure où le marché se dirige vers des outils comme Google Wave, une compilation d'outils de communication, réseaux sociaux et collaboration réunis en une unique interface. 

Dans cette perspective, les 55 000 dollars que coute la SL Enteprise seront bien déterminants, confirme Richard Malterre. A cela s'ajoutera nécessairement une offre de support et de développements spécifiques, notamment sur le client java Second Life qui quant à lui est Open Source.

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