Le moral des patrons de l’IT français demeure très bas
La reprise souvent évoquée n’est encore qu’un mirage pour les dirigeants des entreprises informatiques en France. Si leur moral ne chute plus vraiment, il demeure au plus bas. Et si certains sont plus confiants dans l’avenir, les chiffres sur les investissements des entreprises en 2010 devraient les refroidir. Les prix des prestations devraient au mieux stagner… et surtout le chômage encore s’aggraver.
Si un semblant de reprise nous est promis pour les mois à venir aux Etats-Unis, cet enthousiasme n’atteint pas les patrons français du secteur informatique. Leur moral est au plus bas, si l’on en croit l’étude de conjoncture d’octobre publiée par la Banque de France. Et même si l’appréhension des conditions de marché par les décideurs semble meilleure qu’en juin, il est à noter que, dans les services aux entreprises, les dirigeants de l’IT se montrent des plus pessimistes avec une vision négative sur l’ensemble des critères visés régulièrement par les services statistiques de la banque centrale (*).
L'emploi et les prix ne sont plus à l'abris des retournements de conjoncture |
Selon l’Insee, les salariés des entreprises de services ont du souci à se faire. Pour la première fois avec la crise actuelle, l’emploi salarié dans les services - qui depuis 1974 a crû fortement alors qu’il reculait dans l’industrie – n’est plus à l’abris des retournements conjoncturels : « si le taux de croissance annuel de l’emploi est toujours plus élevé dans les services que dans l’industrie, les fluctuations sont souvent simultanées et d’ampleurs comparables d’un secteur à l’autre ». Même mouvement du côté des prix, mais de moindre ampleur, au cours de la crise actuelle. Les prix, selon l’Insee, ont eu tendance à chuter dans certains secteurs, comme ceux de l’informatique, de la publicité, de la location d’automobiles ou de machines de construction. Pour les services informatiques cette baisse a été sensible jusqu’à la mi-2005. Mais les prix parviennent en revanche à se maintenir au cours des derniers trimestres. |
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Evolution de l’activité enregistrée sur septembre (-10,11), évolution de la demande globale sur ce même mois en France (-13,32) ou à l’étranger (-8,77), évolution des prix (-5,98), évolutions des effectifs (-8,35) : tous les indicateurs de perception sont au rouge et se sont même détériorés depuis la rentrée de septembre. Une seule bonne nouvelle selon les patrons – dont la plupart dirigent des SSII : les tensions sur la trésorerie semblent se réduire un peu avec un indice positif de 14,29. Bonne gouvernance oblige, c’est d’ailleurs le seul indicateur qui soit demeuré dans le vert tout au long de la crise si l’on excepte le mois de juillet.
Reste que l’avenir semble un tout petit peu plus rose… du moins pour les actionnaires ou patrons de PME. Un peu moins en revanche pour leurs effectifs. Sur l’ensemble des critères audités portant sur le mois de novembre, la plupart tournent au vert, une première depuis un an. Les prévisions sur l’activité de novembre (0,67), sur la demande globale sur le marché domestique (24,25) ou à l’étranger (1,57) sont positives.
Une impression générale qui devrait cependant se trouver fortement tempérée dans les semaines à venir si l’on en croit une autre étude, publiée cette fois par l’Insee et portant sur les prévisions d’investissement des entreprises. Selon l’institut d’études statistiques, « interrogés pour la première fois sur leurs perspectives d’investissement en 2010, les chefs d’entreprises prévoient un recul de leurs dépenses d’équipement l’année prochaine. Ce recul serait toutefois nettement plus modéré qu’en 2009. Ainsi, l’investissement baisserait de 5 % dans l’industrie manufacturière et de 3 % dans l’ensemble de l’industrie. Dans l’industrie manufacturière, les investissements baisseraient dans le secteur des biens intermédiaires (–11 %) et se stabiliseraient dans le secteur des biens de consommation et des biens d’équipement ».
Le secteur devrait donc rester sous pression et notamment au niveau des prix – avec toujours une tendance négative (-11,19) selon les données de la Banque de France - et surtout au niveau des effectifs pour lesquels les perspectives des dirigeants du secteur sont toujours négatives (-2,39). Les chiffres très préoccupants du chômage dans le secteur – +50% de demandeurs d’emploi enregistrés par la Dares en septembre et près de 30 000 informaticiens au chômage, soit 5,7% de la profession – pourraient donc encore s’aggraver dans les mois à venir.
(*) Réalisée selon la méthode du solde d’opinion. Le solde d’opinion est la somme des opinions positives et négatives données par les chefs d’entreprise, pondérées par l’effectif de l’entreprise et redressées par la valeur ajoutée de chaque secteur. Un solde positif indique qu’une majorité de répondants estime que la variable mesurée a progressé.
Le solde d’opinion, dont la valeur est comprise entre – 200 et + 200, reflète au niveau agrégé les réponses positives ou négatives données par les chefs d’entreprise suivant une échelle de notation à sept graduations (trois degrés d’estimation autour de la normale).