La guerre entre ARM et x86 prend un nouveau tournant
Relancée depuis quelques années, la guerre entre les architectures ARM et x86 s’apprêterait à prendre un nouveau tournant. Selon le cabinet d’analystes IDC, ARM pourrait rapidement menacer significativement x86 sur le marché des ordinateurs personnels. Mais Intel apparaît bien décidé à ne pas attendre que la menace se concrétise pour riposter.
Selon IDC, ARM devrait capturer 13 % du marché des microprocesseurs pour ordinateurs personnels d’ici à 2015. Une prédiction qu’il convient de tempérer en soulignant que le cabinet n’intègre pas dans son calcul le marché des tablettes telles que l’iPad; des appareils sur lesquels, pour l’heure, l’architecture ARM est dominante.
Dans un échange écrit avec nos confrères du Register, Shane Rau, auteur du rapport d’IDC, indique que «le support d’ARM par Microsoft avec Windows 8 est la meilleure hypothèse, sur le long terme, d'une présence d’ARM sur le marché des PC ». Microsoft a fait l’annonce de ce support en janvier dernier, à l’occasion du CES. Une véritable nouveauté rouvrant Windows à des architectures autres que x86 et remettant en cause l’alliance historique avec Intel. Une nouvelle d’autant plus mauvaise pour le fondeur qui a sabordé sa ligne de processeurs ARM (vendue à Marvell) au profit du développement d’Atom, une gamme de puces qui a réussi sur le marché des netbooks. Ce marché des ultra-pprtables à bas coût souffre par ailleurs du succès croissant des tablettes tactiles. Un succès qui a été l’occasion de la démonstration de l’incapacité des puces Atom à rivaliser en autonomie ou en performances avec les puces ARM sur les terminaux ultra-mobiles.
Une démonstration importante, certes, mais que certains n’avaient pas attendu pour s’intéresser à l’exploitation de l’architecture ARM pour les serveurs. Et quoi qu’ait pu en dire Warren East, Pdg d’ARM, en janvier dernier - il expliquait clairement ne pas s’intéresser au marché du PC -, la forteresse x86 semble aujourd’hui attaquée de toutes parts. De fait, le choix appartient moins à Warren East qu’aux constructeurs... Et ce n’est pas pour rien qu’un Nvidia a brandi haut son soutien à l’architecture ARM avec, notamment, son chipset Tegra 2.
Ne pas vendre la peau de l’ours...
Certains appareils utilisant des processeurs ARM ont été présentés lors du CES, en janvier dernier : les «smartbook», sortes de netbooks basés sur une architecture interne de tablette ou de smartphone. Mais pour IDC, il ne s’agit pas encore de PC. La donne pourrait changer avec l’arrivée des premiers produits à base de Cortex-A15, capable de supporter une cadence de fonctionnement atteignant 2,5 GHz et 16 coeurs. Apple pourrait ouvrir la voie : selon SemiAccurate, le constructeur envisage sérieusement d’abandonner les processeurs x86 au cours des prochaines années et de leur préférer des puces ARM. Apple en utilise déjà dans ses iPhone et iPad; il dispose en outre de compétences internes de conception de systèmes ARM depuis le rachat de PA Semi.
Mais Intel est loin de rester les bras croisés. Le fondeur a déjà introduit une famille de composants x86 spécifiquement adaptés au marché naissant des tablettes. Surtout, il vient de présenter une technologie de gravure de transistors en 3D. Celle-ci devra être mise en oeuvre dès l’an prochain dans le cadre de puces gravées en 22 nm. Selon Intel, la gravure de transistors en 3D doit permettre de relever performances et efficacité énergétique : ses puces «3D» en 22 nm pourraient être 37 % plus rapides que ses actuelles puces «2D» en 32 nm, tout en étant moins gourmandes en électricité. Un effort du fondeur pour prolonger la durée de vie de la loi de Moore mais aussi, et surtout, pour proposer une alternative réaliste à ARM sur tous ces marchés où il pourrait devenir menaçant.