VMware peut-il rendre obsolète le poste de travail conventionnel ?
Au cours des dernières années, VMware a multiplié les initiatives visant à remettre en question le poste de travail traditionnel, au-delà de la simple infrastructure VDI qui, elle, dans certains secteurs, a déjà eu l’occasion de faire ses preuves. L’éditeur vise aujourd'hui plus loin, misant sur le SaaS, et plus généralement, sur le Cloud Computing.
Fin avril, le rachat de SlideRocket par VMware nous avait poussé à nous interroger : VMware s’apprête-t-il à devenir fournisseur de services Cloud ? SlideRocket éditait un outil de création de présentations en ligne, en mode SaaS, capable de greffer à ces documents des flux issus des réseaux sociaux et de les partager via des mécanismes de collaboration - y compris dans le cadre de conférences en ligne - avec, en prime, une gestion du «versioning». Mais ce rachat n’était finalement que le dernier d’une longue série. Précédemment, VMware avait repris à sa maison mère, EMC, l’outil de sauvegarde en ligne Mozy. Qui devrait être intégré à des applications de travail collaboratif en cours de développement. Et que penser du rachat, l’an passé, de Zimbra, plateforme Web de messagerie et, justement, de travail collaboratif ? Voici globalement toute une série d’initiatives qui pourraient presque, à terme, mettre VMware en position de concurrent d’un Google et de ses Apps, ou encore d’un Microsoft. Avec une sous-jacente : le poste de travail conventionnel est mort; celui de demain sera virtualisé ou exploitera des applications en mode Cloud (et donc SaaS). On pourrait même être tenté d’ajouter à ce tableau WaveMaker, racheté en début d’année et dont le métier est de proposer des outils Open Source censés faciliter le développement d’applications aux non-programmeurs. Un rachat prévu pour compléter la pile d’outils de développement de VMware reposant sur la plateforme Java de SpringSource (rachetée en août 2009).
Javier Soltero, directeur technique applications de VMware, indiquait d’ailleurs récemment à nos confrères de SearchVirtualDesktop, que «nous sommes entrés dans l’ère de l’après-PC, dans laquelle personne n’est plus attaché à un terminal et tout le monde multiplie les modes de collaboration ».
C’est dans ce contexte que la mise en perspective du projet Horizon, présenté lors de la dernière édition de VMworld, semble prendre tout son sens : ce projet doit déboucher sur une pile complète de gestion de l’utilisateur, de ses droits et son profil, tant pour les applications hébergées par le centre de calcul de l’entreprise que celles d’un nuage public ou encore d’une plateforme SaaS. Pour mener à bien ce projet, VMware avait précédemment acquis TriCipher, spécialiste de la gestion des identité et du provisioning d’utilisateurs pour les environnements SaaS, mais aussi RTO Software, spécialiste de la gestion des profils utilisateurs. La boucle serait ainsi bouclée.
Mais cela suffira-t-il à rendre obsolète le client lourd ? - dont la mort fut par le passé maintes fois annoncée. Le sujet a récemment fait débat entre quelques professionnels de la virtualisation et du packaging d’applications, lors d'une discussion sur un forum. Globalement, si la dimension administrative du projet Horizon semble séduire, le côté radicalement disruptif des applications Cloud accessibles via un client Web laisse plutôt dubitatif : «après tout, tant qu’on a besoin d’applications Windows, on a besoin de Windows...,» estimait l’un d’eux, un DSI, expert en sécurité. Un autre (britannique), non moins critique, reconnaît aux applications Web un potentiel, mais celui de tuer le client lourd, pas plus que ne l’a fait VDI. Mais globalement, la question du devenir du poste de travail conventionnel serait moins liée aux utilisateurs, à l’environnement de production des applications métiers, qu’aux données elles-mêmes : «la question, ce sont les données, où elles sont et ce que l’on en fait. Et à cette question, la réponse est souvent “nous ne savons pas”. Du moins est-ce la réponse honnête. Et pour que le poste de travail conventionnel soit réellement menacé, il faudra d’abord que les DSI se décident à en finir avec les silos et commencent à industrialiser leurs applications et l’accès aux données.»