Nils Brauckmann, CEO de Suse : "Notre indépendance retrouvée va nous permettre d'être plus agiles"
Suite à l’acquisition de Novell par Attachmate, Le MagIT a pu discuter avec Nils Brauckmann, le nouveau CEO allemand de la division Suse d’Attachmate. Il explique ce que change la nouvelle organisation pour Suse et revient sur les derniers développements au sein de la firme, notamment le licenciement des équipes Mono. Il explique aussi que le bureau Linux reste stratégique pour la firme.
Après l'acquisition de Novell par Attachmate, Suse devient une division autonome de la firme |
LeMagIT : dans la nouvelle organisation définie par Attachmate, Suse retrouve son indépendance. Qu’est-ce que cela signifie pour la société et en quoi cela change-t-il votre stratégie ?
Nils Brauckmann : la division Suse est désormais seule responsable de l’ensemble des produits qui autrefois étaient dans la division open platform de Novell, cela inclut les distributions pour serveurs et desktops ainsi que Suse Studio, Suse Manager, la distribution client léger...
La plupart des personnes qui travaillaient dans cette division sont désormais dans Suse. Nous allons désormais opérer de façon largement autonome avec la responsabilité totale sur l’ensemble de nos fonctions, qu’il s’agisse du développement, de la R&D, de la formation, du support ou du marketing. Et j’ai la charge de piloter l’ensemble de cette organisation. Cette indépendance devrait nous permettre de nous reconcentrer sur notre marché et d’être plus agiles et plus flexibles que lorsque nous étions intégrés à Novell.
LeMagIT : sur les marchés occidentaux, Suse accuse un important retard de parts de marché par rapport à Red Hat, qui est le leader incontesté des distributions Linux pour serveurs. Ce qui n’est pas forcèment le cas dans d’autres zones géographiques, où la situation est différente. Qu’entendez-vous faire pour regagner du terrain ?
Nils Brauckmann : tout d’abord vous avez raison. En Asie Pacifique, la position concurrentielle de Suse est différente. Nous sommes par exemple la distribution leader en Chine et on est aussi bien positionné en Inde. Nous avons d’ailleurs d’importants centres de développement dans ces deux pas, à Pékin et Bangalore. Dans les marchés occidentaux, la réorganisation va nous permettre de nous concentrer sur le marché Linux et on n’aura plus à suivre les obligations corporate que nous imposait Novell. Par exemple, les solutions Suse ont longtemps été vendues dans le cadre du message «intelligent workload management» de Novell, mais pour nous ce n’est pas le seul message. On sera moins impliqué sur «l’intelligent workload».
En opérant enfin sous une marque claire, on va aussi réacquérir de la visibilité tout en continuant à nous appuyer sur nos acquis à savoir notre base installée, une technologie solide et un large catalogue applicatif. Notre catalogue ISV est ainsi plus développé que celui de Red Hat.
LeMagIT : quid de votre relation avec Microsoft et VMware ?
Nils Brauckmann : pour moi, Linux est le choix logique en terme d’OS pour les environnementt cloud. Linux a des avantages spécifiques sur ces marchés et il sert de fondation à la plupart des services cloud du marché. Ceci dit, La relation avec Microsoft répond à d’autres exigences : les entreprises ont une variété d’OS et les vendeurs doivent collaborer pour satisfaire les demandes des clients.(...) Notre relation avec Microsoft vise à garantir certains critères d’interopérabilité. Notre relation avec VMware est différente puisqu’ils ont choisi Suse comme le fondement de leurs appliances logicielles.
LeMagIT : sous Novell, la mission de Suse était d’être un «client parfait» (a perfect guest) pour les hyperviseurs tiers. Et Suse a largement ignoré le marché des hyperviseurs. Avec votre indépendance retrouvée, entendez vous jouer un nouveau rôle sur ce marché ?
Nils Brauckmann : il est encore un peu tôt pour que je vous en dise plus à ce sujet. On est encore en train d’évaluer la situation. Suse a rejoint la semaine dernière semaine la KVM open virtualisation alliance et on entend continuer à supporter pleinement Xen. Maintenir ce choix est à notre avis important pour nos clients. Plus généralement, on cherche à innover dans les secteurs qui ont du sens pour nos clients et notamment dans le cadre de la migration vers les architectures cloud.
LeMagIT : on a récemment vu que les équipes Mono ont été largement décimées au sein de Novell ce qui s’est traduit par l’émergence d’une nouvelle société, Xamarin, autour de Mono. Pouvez-vous nous en dire plus sur le devenir de Mono chez Suse ?
Nils Brauckmann : nous voulons innover dans les secteurs qui sont importants pour nos clients et dans des technologies que ces derniers accepteront de payer. Clairement nos investissements doivent être rentables. Mono est en cours de développement depuis plus de quatre ans. Il est légitime pour une société d’investir à perte dans un produit surtout pendant sa phase de démarrage. Novell l’a fait pour Mono. Mais il est aussi légitime d’évaluer régulièrement le retour sur investissement. Et dans le cas de Mono, on a décidé d’ajuster notre investissement en phase avec l’intérêt du marché. Cela s’est traduit pas le licenciement de la plupart des développeurs Mono. Nous avons des contrats de maintenance avec des clients sur Mono et nous allons continuer à honorer ces contrats mais Suse n’innovera plus autour de Mono. Bien sûr si une demande monétisable émerge, on pourra revoir cette position.
LeMagIT : dans ce contexte, quel est le devenir des investissement de Suse sur le Desktop ? Il ne semble pas que les efforts de Novell autour de Suse Desktop aient obtenu les résultats escomptés.
Nils Brauckmann : je ne vois pas à court terme le revenu du desktop croitre au point d’atteindre celui de Linux sur les serveurs. Mais au cours de nos dernières discussions, nous avons évalué avec attention le desktop et nous avons pris la décision de continuer nos efforts pour le pousser. Nous n’entendons pas abandonner nos efforts autour du bureau linux.
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