Paiement mobile NFC : les modèles économiques encore à l’épreuve
A l’occasion d’une conférence sur la présentation du salon Cartes et Identifications 2011, un panel d’experts est venu expliquer les enjeux du paiement sans contact. Bilan : s’il reste quelques freins du côté des consommateurs, ce sont surtout les services multiples et à valeur ajoutée qui pousseront vers les usages. Et bien sûr vers les modèles économiques qui se cherchent encore. Bref, rien de neuf dans le NFC, pour le moment.
Infrastructure : OK. Technologie : OK. Sécurité : techniquement au point. Services : début de l’initialisation. Confiance des consommateurs : balbutiante. Modèle économique : on y réfléchit. C’est ainsi que pourrait se dérouler la check-list du marché du paiement mobile sans contact reposant sur la technologie NFC (Near Field Communication - Communication en champ rapproché), établie à l’occasion de la présentation à la presse de l’édition 2011 de la conférence Cartes et Identifications 2011(qui se déroule du 15 au 17 novembre).
Une fusée sur le départ qui semble aujourd’hui allumer progressivement ses moteurs. Si le projet de Nice, souvent cité comme l’illustration des usages du NFC, est parvenu à démontrer le potentiel et la faisabilité, tant technique que commerciale, de la technologie NFC dans le paiement mobile, il est clair que cela ne forme qu'un point de départ assez localisé. Les opérateurs comptent justement étendre l’expérience au niveau national. L’histoire pourrait toutefois bien prendre forme du côté de Google qui, prenant pas mal d’acteurs de vitesse, devrait lancer dès demain, Google Wallet, un service de paiement NFC (qui fonctionnera de pair avec les terminaux Android - dont la dernière version supporte la technologie NFC) avec lequel il entend équiper les commerçants de certaines villes des Etats-Unis. Sans oublier le partenariat entre Orange et la banque Barclays au Royaume-Uni qui vise à fournir un service de paiement mobile auprès de 50 000 commerçants.
Les initiatives sont donc bien concrètes. Et selon un panel d’experts, l’infrastructure technique est en place et “favorable pour les déploiements”, explique Frédéric Leclef, Managing Director chez Ingenico. Y compris chez les commerçants, affirme-t-il. “En 2010, 20% des terminaux de paiement Ingenico vendus étaient contactless, soit deux fois plus qu’en 2009. Les commerçants disposent d’outils capables de les aider à créer de la valeur [..] Très mature dans les transports, il faut également aller plus loin, vers le couponing et d’autres services qui séduisent les consommateurs."
Car si aujourd’hui les seuls freins en matière de technologie sans contact (pas uniquement le paiement mobile) chez les consommateurs semblent être la sécurité - “une carte SIM est aussi sécurisée qu’une carte bancaire”, lance aussitôt Jérôme Sion de Gemalto -, et la crainte d'une éventuelle hausse des coûts, ce sont bien les services qui pousseront le développement des usages du NFC et le paiement mobile. Mais pas un unique service, axé principalement sur les transports, “un bouquet de services suffisamment riche et varié qui puisse créer de la valeur”, estime Frédéric Leclef. Même son de cloche pour Jérome Sion qui ajoute que le téléphone doit permettre le développement d’une variété de services que n’offre pas la simple carte sans-contact.
Restera alors un point crucial. “Un seul acteur ne peut pas pousser le NFC”, affirme Anne Bouverot, Executive Vice President, Mobiles & Devices, chez Orange. Et d’en appeler à une union de chaque maillon de l’éco-système du paiement mobile - constructeur, banque, opérateur, services - “pour que tout le monde aille dans le même sens en même temps”. Bref, pour qu’éclosent les très précieux bouquets de services à valeur ajoutée qui séduiront les consommateurs, la mise en place de modèles économiques est clé dans le paiement mobile.
Et sur ce point, force est de reconnaître que l’on n'en est encore qu'aux déclarations d’intentions. Pour Frédéric Leclef, Managing Director, Ingenico, “les bouquets de services font en sorte qu’il y ait beaucoup d’options pour l’éco-système. On ne parle donc pas d’un modèle économique unique, semblable à une formule mathématique donc. On parle de modèles économiques pluriels, “divers et variés selon le secteur d’activité, mais avec un large champ des possibles”, commente-t-il.
Laurent Houitte, Directeur Marketing France, chez Wincor Nixdorf, quand à lui, préfère y voir encore une étape à franchir et estime que “les distributeurs et les banques ont à se diversifier”, tout en ajoutant que les modèles économiques vont se développer avec les services. Mais pour l’heure, l’écosystème les garde secrets “car c’est là que réside leur valeur ajoutée”.
Stéphane Dubreuil, consultant spécialisé dans les télécommunications chez SIA Conseil, pense de son côté qu’avec le paiement sans contact mobile, le monde bancaire vit la même chose que le secteur des télécoms, et se retrouve également sous pression. Et d’ajouter que le “NFC implique un modèle économique complémentaire”.