MDM : offreurs et utilisateurs bien décidés à basculer
Passé la phase de découverte, la gestion des données maîtres est désormais clairement inscrite à l’agenda des directions informatiques. Poussées par l’explosion du nombre de données et des besoins métiers de plus en plus pressants, les DSI sont tenues de se positionner.
L’explosion du nombre de données a pour corolaire le développement exponentiel des projets de MDM, le master data management. « Enfin ! », est-on enclin à penser alors même que, du côté de l’offre, les fournisseurs fourbissent leurs armes depuis quelques années. Du coup, ces derniers sont prêts et venus nombreux pour présenter leur offre et proposer un état de l’art à l’occasion de la 3ème Matinale du MDM organisée par Business & Decision, le spécialiste français des projets de gestion de l’information. Selon Sandrine Le Seach, directrice marketing de Business & Decision, « l’engouement pour l’événement marque réellement un tournant dans la montée en puissance des outils de gestion de données. Les fournisseurs sont très conscients des besoins pressants des utilisateurs et tous ont répondu présent. Cela nous a permis de proposer aux directions informatiques le plus large parterre jamais réuni sur le sujet en France ».
Jean-Michel Franco, directeur des solutions chez Business & Decision et animateur de la table ronde inaugurale, annonce de fait une multiplication des projets. Selon lui, en France, si 2008 a été consacré à la veille ou à l’étude et 2009 à procéder aux mises en condition réelles, le véritable décollage s’est opéré en 2010. Aujourd’hui, la nécessité de gérer au plus près la vingtaine de domaines de données clés de l’entreprise tout en s’assurant de leur niveau de qualité s’impose au-delà de la DSI, dans les directions métiers voire au cœur même des conseils d’administration. Un sponsorship au plus haut niveau, indispensable selon Jean-Paul Otte, Information Governance Practice Manager pour le Benelux chez Business & Decision, si l’on veut déployer pas à pas des projets transverses qui fonctionnent et permettent de passer d’un mode réactif de la gestion de la qualité des données à un mode proactif, à travers le MDM. L’idée centrale de la gestion des données maîtres étant la capacité de l’organisation à adresser la qualité de la donnée en continu. Un objectif transverse et d’anticipation qui impose, selon Pascal Dessouliers, urbaniste, responsable de la démarche «Information et décisions» chez RTE (Réseau de Transports d’Electricité, filiale d’EDF), de « s’abstraire de l’approche purement métier pour que chaque producteur de données participe, au-delà de son propre objectif fonctionnel, à la création d’un patrimoine informationnel transverse dans l’entreprise ».
N’empêche, l’angle métier – ou du moins de l’évaluation du besoin concret et central de l’organisation à la recherche de solution - demeure le point d’entrée indispensable à la mise en œuvre d’un outil de MDM. En tête des approches métiers, on retrouve aujourd’hui les outils ayant trait aux référentiels d’objets (produits, services, assets…) qui représentent 47% des projets MDM. Viennent ensuite les référentiels orientés sur les « personnes » (les annuaires clients, internes, fournisseurs, etc. ) pour 37% des projets. Et enfin, les référentiels qui collationnent les données associées à des organisations pour 14% des projets. A noter, l’existence d’un marché de niche mais en fort développement du fait de l’essor des applications mobiles autour des référentiels de lieux et de la géolocalisation qui représentent aujourd’hui 2,5% du marché MDM.
Reste que si le marché se structure autour de ces grands besoins métiers, nombre de fournisseurs historiques sont toujours en quête, selon Jean-Michel Franco, du « graal de l’offre multi domaines ». C’est la direction prise par IBM qui de plus dépasse le simple cadre du MDM en proposant sa vision IEM (Information Enterprise Management) intégrant middleware, qualité de données, MDM, Enterprise Content Management, Data Loss Protection et BI. Pour Big Blue, il ne s’agit cependant pas de reproduire une approche trop holistique de type progiciel en proposant un grand tout dès le départ mais bien de proposer un processus pas à pas, en fonction du besoin.
Nicolas Desachy, Information Manager marketing leader chez IBM, explique que les clients basculent bien métier par métier : « plusieurs comptes, notamment dans la distribution, sont partis sur des problématiques produits – notamment liées à des enjeux de gestion multicanal – et viennent maintenant sur des problématiques clients. » Plus globalement, en matière de gestion des données, Nicolas Desachy estime que l’on est qu’au début de l’exploitation de l’or numérique. Avec 80% de données non structurées, il s’agit déjà d’insister sur la notion de gouvernance en proposant des règles d’organisation propres aux données. La création de ce corpus étroitement associé à la logique de gestion des données maîtres a été confié côté IBM à un « conseil de la gouvernance de l’information » dont le chapitre français s’est réuni sous l’égide de Nicolas Desachy en avril dernier. Onze domaines de savoir-faire ont été recensés et un état des lieux est en cours autour de ces disciplines qui donnera lieu à l’automne à un plan d’action du conseil.