La Syrie coupe Internet pendant 24 heures
Après la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Bahrein, les révoltes arabes ont atteint la Syrie. Et illustration de la part grandissante d’Internet dans la contestation, le régime de Bachar al-Assad décide de couper son pays du réseau, vendredi dernier.
Et la Syrie à son tour coupa Internet. Vendredi 3 juin, alors qu’un vent de révolte grondait dans les rues du pays (et surtout dans la capitale Damas), contre le régime en place, le gouvernent syrien a décidé de couper les réseaux Internet qui relient le pays au réseau mondial. Un black-out total, nous apprend Ria Novosti, l’agence de presse locale, citée par l’AFP, qui rappelle que cette coupure drastique constitue une première pour le pays dont les autorités s’étaient jusqu’alors contentées de fermer que partiellement les vannes d’Internet.
Depuis 2 mois et demi, la Syrie est témoin de nombreuses révoltes contre le régime de Bachar al-Assad. Depuis le début de la contestation, rapportent différentes organisations de protection des droits de l’homme, citées par l’AFP, plus de 1100 civils ont été tués et au moins 10 000 personnes ont été interpellées dans le pays. L’opposition est notamment citée comme organisatrice des protestations, qui se sont notamment tenus ce vendredi.
Selon la société Renesys spécialisée dans l’audit du trafic Internet, les deux-tiers du réseau syrien aurait été rendu inaccessible ce vendredi 3 juin à partir de 6h35 (heure locale), et ce pendant 30 minutes. Nuançant quelque peu les chiffres avancées par l’opérateur national SyriaTel, sur lequel s’appuie l’agence de presse locale, et dont dépendent la plupart des fournisseurs d’accès à Internet locaux. Renesys rappelle que seuls les sites du gouvernement semblaient être accessibles pendant cette coupure, notant toutefois une forte latence, voire certains plantages.
“Les réseaux qui n’étaient pas accessibles incluent essentiellement tous les préfixes réservés par SyriaTel, pour les réseaux de données 3G, ou les plus petits FAI, tels que Sawa, INET et Runnet”, explique encore Renesys.
Ce black-out rappelle les coupures Internet orchestrées par les gouvernements tunisien, libyen et égyptien. Les régimes en place dans ces pays avaient décidé d’aveugler et de museler la révolution en fermant les accès aux services de téléphonie mobile et et à Internet - fermant dans la foulée l'accès aux réseaux sociaux, premiers vecteurs d’informations de ces révoltes.
Selon l’AFP, qui cite par ailleurs “les habitants” en Syrie, Internet aurait bien repris dès ce samedi 4 juin, après 24 h de coupure.