Avec Trellis, Emerson veut gérer les datacenters comme des usines automatisées
Tout à sa stratégie DCIM (DataCenter Infrastructure Management), Emerson entend transformer les datacenters en de véritables usines pilotables à distance en tirant parti des multiples informations fournies par les capteurs intelligents intégrés aux équipements d'infrastructure et aux serveurs. L'objectif est d'optimiser l'utilisation des ressources disponibles et de maximiser la productivité, tout en réduisant de façon significative la consommation d'énergie.
Charles A. Peters, vice-président exécutif d'Emerson présente Trellis à new-York (Crédit Photo : C.Bardy - juin 2011) |
A peine dix huit mois après le rachat d'Avocent, Emerson, l'un des grands concurrents de Schneider Electric, a profité d'une conférence avec la presse et les analystes à New-York pour en dire un peu plus sur sa stratégie dans la gestion et l'équipement des grands datacenters. Emerson, dont le savoir-faire est reconnu en matière d'équipements de refroidissement ou de protection électrique entend marier ce savoir-faire avec les capacités d'instrumentation et d'administration héritées du rachat d'Avocent, pour mettre en musique sa stratégie DCIM (DataCenter Infrastructure Management), dont l'objectif est de permettre un pilotage intelligent de l'ensemble des composants du datacenter jusqu'aux serveurs.
Les différentes activités d'Emerson
"Nous avons un passé industriel que nous combinons aujourd'hui avec des capacités de développement d'outils avancés de diagnostic et d'automatisation, explique Charlie Peters, le vice-président exécutif d'Emerson. Cela nous permet de bâtir une relation durable avec nos clients, mais aussi de développer de nouveaux business récurrents en aidant nos clients à optimiser leurs infrastructures." Pour Peters, la plupart des produits d'Emerson étaient dépourvus d'intelligence, il y a 15 ou 20 ans, et ont progressivement été enrichis de fonctions intelligentes, de multiples capteurs et d'une couche de logiciel embarqué. En utilisant les informations remontées par ces capacités intelligentes, Emerson explique pouvoir donner une meilleure visibilité sur l'infrastructure de ses clients.
"D'un point de vue business, notre stratégie est simple : nous appuyer sur notre base installée fidèle, actuellement équipée d'équipements non intelligents, la faire migrer vers nos équipements intelligents et proposer ensuite nos logiciels et nos services afin de bâtir une relation durable et profitable avec nos clients. (...) Accessoirement en collectant les informations remontées par nos équipements, nous pouvons en apprendre plus sur leur utilisation et apporter de nouvelles améliorations", explique Peters.
Tirer parti de l'intelligence des équipements pour optimiser leur utilisation
Un exemple donné par Emerson pour expliquer pourquoi sa stratégie dans les datacenters est pertinente est celui des supermarchés (un secteur où Emerson contrôle 85% du marché des compresseurs de réfrigération). Sur ce secteur, Emerson a progressivement assemblé une offre complète incluant réfrigération, climatisation, gestion de l'énergie et l'a enrobée d'une couche logicielle permettant d'optimiser dynamiquement l'infrastructure d'un supermarché en utilisant un ensemble de meilleures pratiques. Le tout est appuyé par un ensemble de services d'accompagnement signés Emerson et permettant au client d'être assuré du maintien en condition opérationnelle de son infrastructure. Emerson estime que sa solution permet à un supermarché moyen d'économiser entre 15 et 25% sur sa facture énergétique, soit pour le seul marché US, une économie estimée à 3,3 Md$ par an sur un total de plus de 12 Md$ de dépenses.
Emerson veut appliquer la même recette au marché des datacenters avec sa stratégie DCIM - à la différence près que le constructeur estime pouvoir permettre des gains de l'ordre de 15 à 20% sur une "dépense" globale estimée à 500 Md$ par an. Et il ne s'agit pas que d'optimiser l'énergie, mais aussi d'accroitre le niveau d'automatisation et d'accroitre la fiabilité et la disponibilité des infrastructures. Pour le patron d'Emerson, il est urgent d'ajouter de l'intelligence à l'infrastructure des datacenters, que ce soit dans les unités de climatisation, dans les onduleurs, les systèmes de distribution d'électricité, mais surtout de tirer parti de ces capacités intelligentes.
Une architecture modulaire |
Selon Emerson, Trellis sera commercialisé sous la forme de packages dont le plus basique permettra la gestion des changements dans le datacenter, la gestion des configurations ainsi que la gestion d'actifs. des modules additionnels apporteront la gestion de l'énergie, la gestion des systèmes de refroidissements, la gestion de la consommation des équipements informatiques ainsi que la gestion complète du site d'un datacenter. L'ensemble de ces fonctions réunies ensemble et vendues avec l'appliance Universal Management gateway constitueront la suite Trellis. Une première version est attendue en janvier 2012, avec une second mouture en mai 2012 et une version complète en janvier 2013. A cette date, Trellis incluera l'ensemble des fonctions aujourd'hui fournies par les principaux logiciels Emerson (Liebert Sitescan et NForm), Avocent (DataCenter Planner et DSView) et Aperture (Configuration Manager, Capacity Manager et Process Manager). |
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Trellis, la plate-forme DCIM d'Emerson fera son apparition en janvier 2012
L'objectif de la plate-forme Trellis en cours de développement chez le constructeur et attendue en janvier 2012 est de croiser les informations remontées par l'infrastructure du datacenter avec celle remontées par les serveurs - via les interfaces d'administration out of band de type KVM, IPMI, ILO, qui sont la spécialité d'Avocent. C'est ce positionnement d'Avocent au carrefour entre l'infrastructure climatique et énergétique du datacenter et l'infrastructure informatique qui en fait selon Emerson tout l'intérêt stratégique. Avocent est en effet le leader mondial des équipements KVM, mais surtout le développeur des firmwares de "service processors" des serveurs des grands constructeurs (dont HP, Fujitsu, Dell, Cisco, Lenovo, IBM...). Or c'est justement les informations collectées par les KVM et les "service processors" qu'Emerson entend combiner avec les informations remontées par l'infrastructure technique du datacenter afin d'en optimiser l'exploitation et d'en faire une gigantesque usine automatisée pilotable depuis la plate-forme Trellis.
Pour la première fois, Emerson a fait une démonstration d'un prototype de Trellis et d'un des équipements clés de la plate-forme. A savoir l'appliance top of the rack Trellis (ou Universal Management Gateway), dont la mission sera de fournir des services KVM aux serveurs du rack, mais aussi d'effectuer la collecte et la remontée en temps réel des informations remontées par l'infrastructure vers la console Trellis. Cette console permet d'agréger les données collectées par les différentes appliances et fournit un ensemble de services d'intégration avec des outils tiers ainsi que des services analytiques. Elle permet aussi à un opérateur de disposer de tableaux de bord en temps réel sur l'état de l'infrastructure (énergie, refroidissement, serveurs, réseau, stockage...) et d'agir en temps réel sur l'infrastructure.
Les composants clés de la plate-forme Trellis
Des promesses de gains alléchantes
En l'état du prototype que nous avons pu voir, il est difficile de se faire une idée de ce que seront précisément les capacités de Trellis lors de son lancement au début 2012 - et surtout il est difficile de voir en quoi ses fonctions seront différentes de celles d'autres outils de gestion de datacenters. Mais les promesses d'Emerson sont alléchantes surtout lorsque l'on sait que l'objectif est d'accroître le taux d'usage d'une infrastructure de datacenter encore largement sous-utilisée ou mal utilisée. Ainsi, selon une étude menée par Emerson auprés de 240 exploitants de datacenters, près de deux tiers des répondants utilisent aujourd'hui leur infrastructure de datacenter à moins de 70% de ses capacités et plus de 60% n'ont pas à ce jour de stratégie officielle pour optimiser leur consommation énergétique. Il est vrai que seul un tiers des répondants mesure aujourd'hui son PUE et à peine 18%, le ratio DCIE (DataCenter Infrastructure Efficiency). A la vision de ces chiffres, on mesure le chemin qui reste à parcourir avant que les datacenters ne deviennent les usines bien gérées dont rêve Emerson avec sa stratégie DCIM...
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