Toyota à la Linux Foundation : coup de pouce à Linux dans l'embarqué
En rejoignant la Linux Foundation, le constructeur d'automobile japonais Toyota entend pousser les développements de Linux dans le segment de l'automobile. Signe d'un décollage de l'OS Open Source dans le très critique monde de l'embarqué. Android pourrait en profiter.
Après les boxes Internet, les smartphones, les tablettes, les appareils photos, la domotique, notamment…, c'est au tour de l'industrie automobile de montrer un intérêt grandissant pour Linux dans le monde de l'embarqué. Dernière illustration, la décision du constructeur automobile japonais Toyota de rejoindre la Linux Foundation en tant que membre Gold.
Une alliance officielle et rare entre l'OS Open Source et l'industrie automobile qui vient pourtant concrétiser une tendance, nous rappelle la Linux Foundation dans un communiqué de presse. "Une transformation majeure dans l'industrie automobile est en cours. Les constructeurs d'auto utilisent des nouvelles technologies pour répondre aux exigences des consommateurs qui souhaitent disposer dans leurs autos le même niveau de connectivité qu'ils ont l'habitude d'avoir chez eux ou à leur bureau. Des tableaux de bord aux systèmes embarqués Infotainment (In-Vehicule-Infotainment - IVI , NDLR), les automobiles représentent les prochains appareils sans fil - sur roues". A l'image du consortium Genivi, par exemple, dont l'objectif est de réunir une importante communauté de constructeurs, de spécialistes du hardware et du logiciel Open Source afin de créer une plate-forme de référence pour le IVI. Parmi les membres fondateurs de Genivi, on remarque BMW, Jaguar, PSA Peugeot Citroën, aux côtés d'Intel, ARM et Wind River, par exemple.
En tant que membre Gold, Toyota entend ainsi jouer un rôle dans le développement et dans l'ajustement de Linux aux exigences critiques du monde de l' automobile. Histoire également "d'optimiser ses propres investissements dans Linux", souligne encore la Fondation, pointant du doigt l'engagement du constructeur dans Linux.
Kenichi Murata, Project General Manager, de la division Electronics Development chez Toyota, compte s'appuyer sur cette communauté pour profiter de l'éco-système de Linux et "de la flexibilité inhérente à l'OS", raconte-t-il dans ce même communiqué.
Une clairvoyance évidente, au regard des chiffres du marché, publiés par le cabinet VDC Research. Les OS Open Source, qu'ils soient issus de consortium ou d'éditeurs Open Source dits commerciaux (comme MontaVista, Wind River ou encore Android) ont enregistré un taux d'adoption record entre 2009 et 2010 (tous secteurs d'activités confondus dans l'embarqué), note le cabinet.
Une montée d'Android dans l'automobile ?
Restera alors une question à se poser. Au regard de la forte progression d'Android sur le terrain de la mobilité, l'OS a-t-il une chance de se frayer un chemin dans l'industrie de l'embarqué ? Et de pousser l'adoption de Linux - Android repose sur un noyau Linux auquel se greffent de nombreux patches et librairies - dans ce monde critique ?
Pour le moment, ce n'est pas si évident que ça, rapporte VDC Research. Si Android est courant dans la mobilité, le monde de l'embarqué ne l'a adopté qu'à 25% aujourd'hui (sur un panel adepte de l'Open Source). Une part, certes, déjà importante. Le cabinet explique que la pile de composants intégrés à l'OS, complique certes sa nature, mais favorise les déploiements personnalisés et rapides. Certains éditeurs et ISV essaient, ainsi, de repositionner l'OS sur de nouveaux segments de marché (en le portant sur de nouvelles plates-formes par exemple). Dont l'automobile.
Dans un rapport daté d'août 2010, le consortium Genivi évoquait la progression d'Android sur le marché des systèmes embarqués pour l'automobile, mais rappelait également que ce segment n'était pas la cible première de l'Os. Notant également "la perception que Google fera peu, voire rien, pour adapter le produit aux exigences du IVI dans ses futures feuilles de route".
S'exprimant sur un éventuel avenir d'Android dans les autos, le rapport souligne : "bien qu'il soit trop tôt pour le dire, les répondants à l'étude ont le sentiment qu'Android tend à fournir un OS complémentaire qui s'exécute aux côtés d'un OS Open Source , Genivi ou autres […]". Citant le téléchargement d'applications comme un des avantages de l'OS de Google pour le secteur, et l'exemple du constructeur chinois SAIC qui a équipé un de ses modèles, la Roewe 350, d'Android. Et l'on pourra aussi évoquer Saab qui a récemment présenté un prototype, avec sa plateforme Iqon. Mais en aucun cas, pour l'heure, Android peut être considéré comme un concurrent au projet du consortium ou d'autres fournisseurs de systèmes IVI.
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