Smart Grid : l'Etat français investit 28 M€ pour replacer l'Hexagone dans la course en Europe
L'Etat français finance 6 projets de Smart Grid à hauteur de 28 millions d'euros. Un premier jet qui pourrait accélérer le développement des réseaux électriques intelligents, mais devrait surtout ouvrir une première voie en matière de modèle économique et d'usage. La France, aujourd'hui dans le ventre mou des projets de Smart Grid en Europe, espère bien regagner du terrain sur ses voisins européens.
Alors que la France se positionne dans le ventre mou des plus gros investisseurs dans les réseaux électriques intelligents (Smart grid) en Europe, l'Etat vient de jeter les pierres d'un édifice censé financer des projets clés dans ce secteur très porteur. "Un premier engagement" (en coordination avec l’ADEME - Agence de l’Environnement et de la Mai?trise de l’Energie), comme l'indique un communiqué de presse, à hauteur de 28 millions d'euros qui vient épauler 6 projets, avec pour objectif principal d'ouvrir la voie du smart grid dans l'Hexagone.
Les projets Greenlys, Millener, Nicegrid, Reflexe, Smart ZAE et Modelec serviront ainsi de projets témoins et devraient à terme mobiliser un investissement global (partenaires compris) de quelque 115 millions d'euros. "Ces 6 projets apporteront des éléments de réponse aux principales inconnues que soulève le développement des réseaux électriques intelligents: modèles économiques (capacités et tarifs d’effacement, rôle et gains de l’agrégateur,...), gestion d’une production intermittente connectée directement aux réseaux de distribution, estimation des capacités techniques et économiques de l’utilisation du stockage électrique, rôle du consommateur qui devient acteur de ces systèmes", expliquent les ministères de d'Economie, des Finances et de l'Industrie et de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, accompagnés du Commissariat général à l'investissement dans un communiqué commun. Une vraie feuille de route, donc.
Ces projets devront explorer de nouveaux modèles économiques en jouant la cartes de " la synergie entre les acteurs de l’énergie et d’autres secteurs d’activités", mais également anticiper des évolutions liées aux smart grid (comme le compteur électrique ou les véhicule hybrides) ou encore travailler à "une meilleur insertion des productions d’énergies renouvelables dans le réseau" et à "une prise en compte de la maîtrise et de la gestion de la demande d’électricité". Bref, il s'agit non seulement de répondre aux questions environnementales et de distribution de l'énergie, mais également de développer une filière, accompagnée de ses services.
Surtout, il est à noter que le marché du smart grid est appeler à se développer considérablement. Outre-Atlantique, l'administration Obama en a déjà fait une de ses priorités depuis la mise en place du plan de relance économique voté en 2009. Depuis, le gouvernement a investi 4,5 milliards de dollars, auxquels sont venus s'ajouter 5,5 milliards de dollars d'investissements privés, nous rappellent nos confrères de Bulletins-électroniques.com qui pointent du doigt l'avancée des US sur ce terrain (En Californie, un Etat grand comme la France, PG&E, l'électricien local a, par exemple, déjà largement déployé ses compteurs intelligents). Le cabinet d'analystes Abi Research estime quant à lui le marché mondial propice aux investissements. De 8 milliards de dollars en 2010, il devrait atteindre 39 milliards de dollars en 2016.
La France 8e en Europe
En France, alors que le compteur intelligent Linky - un des projets qui devrait également démocratiser le Machine-to-machine dans l'Hexagone - peine à prendre son élan, certains projets ont déjà commencé leur expérimentation. Ils seraient au nombre de 21 (5 en déploiement et 16 en phase de R&D). C'est ce que nous révèle le premier rapport de l'institut européen Joint Research Center (JRC), qui est parvenu à cartographier les projets en cours dans l'Union. Bilan ? 219 projets recensés pour un total de 5,5 milliards d'euros investis. Le rapport affirme par ailleurs que l'essentiel de ses projets se situent dans les pays de la Vieille Europe, l'Europe des 15, et très peu dans les derniers pays à avoir intégré l'Union. Sur la totalité des projets, 56% sont de l'ordre du déploiement et principalement liés à la mise en place de capteur et d'outil de mesure.
Selon les chiffres recueillis par le JRC, le Danemark aurait été le plus actif en matière de projets (22%) dans l'ensemble de Europe. Suivent l'Allemagne avec 11,1% des projets et l'Espagne 8,7%, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, 6,8%. La France quant à elle réunit 4,2% des projets de Smart grid en Europe (ex-aequo, avec la Belgique).
"Les réseaux électrique intelligents forment un élément clé dans la stratégie énergétique de l'UE, mais des investissements substantiels sont nécessaire pour en faire une réalité", explique le JRC dans son rapport, ajoutant que nous en sommes encore qu'aux prémices. "Nous sommes seulement au démarrage de la transition vers le smart grid, et pour le moment, partager les conclusions issues des projets de recherche contribue à augmenter notre part de connaissance […]" commente Máire Geoghegan Quinn, Commissaire Européenne pour la recherche, l'innovation et la science.