IBM renouvelle son offre mainframe d'entrée de gamme avec le z114
Plus rapide, moins cher que ses prédécesseurs, le grand système z114 d'IBM veut séduire les utilisateurs actuels de z9BC et de z10BC mais aussi tenter de convaincre de nouveaux utilisateurs d'adopter le mainframe. Selon les premières données fournies par Big Blue, il offrirait un rapport performance/prix environ 25% à 30% meilleur que celui de son prédécesseur.
Comme après chaque renouvellement par IBM du haut de gamme de ses grands systèmes System z, un an s ‘écoule et l’on voit poindre du nez une déclinaison plus modeste dans la gamme dite « Business Class » . On n’ose la qualifier vraiment de PME au regard du coût d'acquisition, de maintenance et d'exploitation de la plate-forme, mais c'est un peu l'idée.
Et une fois encore, IBM n’a pas enfreint la tradition : la semaine dernière, Big Blue a en effet dévoilé le zEnterprise 114, un nouveau mainframe " d'entrée de gamme" pouvant accueillir un maximum de 16 moteurs (dont 14 utilisables) du z196, lancé l’an passé. En fait, le zEntreprise z114 est décliné en deux moutures, l’une – z114 M05 – avec un unique tiroir CPU (capable d’accueillir 8 moteurs, dont 7 utilisables) et l’autre – z114 M10 – avec deux tiroirs (soit un total de 16 moteurs, dont 14 utilisables). Chaque moteur est en fait un processeur quadri-coeurs similaire à celui du z196 Entreprise mais cadencé à 3,8 GHz contre 5,2 GHz dans la machine haut de gamme d’IBM.
Un maximum de 16 processeurs, dont 14 utilisables
Ces moteurs ou PU (Processing Unit) sont en fait des processeurs qui peuvent prendre de multiples personnalités. La plus courante est celle de CP (Central Processor), qui permet l’exécution des environnements historiques du monde mainframe notamment z/OS, z/VSE, z/VM, z/TPF. Une autre personnalité est celle d’IFL (Integrated Facility for Linux). Dans ce mode, le PU est dédié à l’unique exécution de Linux (Red Hat ou Suse) et est facturé considérablement moins cher qu’un CP.
IBM propose aussi de spécialiser des PU pour l’exécution de workloads spécifiques. Configuré en tant que zAAP (z Application Assist Processor), un PU devient une machine à faire tourner du code Java. Configuré en tant que zIIP (z Integrated Information Processor), le même PU devient une machine à traiter des données en grande quantité ou à les chiffrer. Un zIIP peut ainsi être spécialisé pour traiter des flux XML, pour assurer l’accélération du chiffrement IPSec.
Enfin, un PU peut-être utilisé en tant qu’ICF (Internal Coupling Facility), un composant clé du système de clustering de mainframe (dit « Parallel Sysplex ») qui permet d’agréger de multiples partitions mainframes en une entité logique unique.
Si l’on rentre dans ces détails, c’est parce qu’IBM est de plus en plus subtil dans sa communication autour de l’usage des processeurs des mainframes. Ainsi, si le z114 M05 et le z114 M10 ont respectivement 8 et 16 PU, tous ne sont pas utilisables en tant que CP pour z/OS. Ainsi le maximum de CP utilisable dans les deux machines est de 5 (sur un total respectif de 8 et 16 PU). Le solde utilisable doit être réparti entre IFL, ICF, zAAP et zIIP (ou laissé inactif au choix des clients). Il est à noter que dans le cas du M10, deux PU ne sont pas accessibles et sont immobilisés pour servir de processeurs de secours (spares) en cas de défaillance d’autres PU dans la machine. Sur le M05, un des PU ne peut pas être caractérisé (sans qu’IBM ne précise dans le Red Book associé si le 8e sert de spare ou non).
RAIM : un mécanisme RAID pour la mémoire
Au total, le M05 peut accueillir un maximum de 120 Go de mémoire contre 248 Go pour le M10. Cette mémoire est protégée par un mécanisme de parité similaire à celui du RAID pour le stockage et baptisé RAIM. Ainsi chaque tiroir processeur accueille un maximum de 10 barrettes DIMM de 16 Go (cinq par processeur, dont une pour la parité), soit un total de 128 Go par tiroir). Et pour ceux qui se demanderaient pourquoi le M05 ne supporte qu’un maximum de 120 Go, c’est parce que 8 Go sont réservés par la zone système HSA (hardware System Area).
Notons que cette notion de RAIM est unique aux mainframes et qu’elle est un peu plus évoluée que les fonctions de protection de mémoire des serveurs Power 7. Ces derniers disposent en effet d’une capacité de bascule d’un module de mémoire défectueux vers un module de spare en cas de défaillance d’un module mémoire ECC.
Un rapport performance/prix environ 25 à 30% meilleur que celui de la génération antérieure
Selon IBM, un z114 pleinement configuré offre une performance maximale de 3 100 MIPS contre un peu plus de 2 700 pour le z10BC (rappelons que la génération précédente, le z9BC plafonnait à environ 1 800 MIPS). On parle là de configurations dont les prix peuvent facilement dépasser les 2,5 millions de dollars (hors maintenance), ce qui relativise la notion de serveur d’entrée de gamme mainframe. Pour ceux qui ont des budgets plus modestes, les prix d’une configuration d’entrée de gamme z114 débutent à environ 75 000 $ (pour 26 MIPS) contre près de 100 000 $ pour une performance équivalente avec le z10BC.
Bref, ce n’est pas tant les performances que le rapport performance/prix qu’IBM semble avoir travaillé avec le z114. Et IBM promet aussi des baisses de prix sur les licences logicielles pour le début 2012 selon notre confrère Timothy Prickett Morgan, du Register.
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