Avec vSphere 5, VMware dévoile la nouvelle génération de sa plate-forme de virtualisation

Le leader mondial de la virtualisation a franchi une nouvelle étape dans sa conquête des datacenters en annonçant hier le lancement de la version 5 de son environnement de virtualisation ainsi que la refonte des outils de gestion d'infrastructure associés. Au programme, près de 200 nouveautés et un nouveau mode de licence qui limite la quantité de mémoire par licence.

VMware a profité d’un événement organisé hier à San Francisco pour dévoiler officiellement VMware vSphere 5, la nouvelle génération de son offre de virtualisation pour les datacenters. L’éditeur en a aussi profité pour annoncer l’arrivée de nouvelles moutures de vShield, de vCenter SRM et de vCloud Director. Enfin VMware a levé le voile sur un nouveau produit de stockage virtuel, VMWare Virtual Storage Appliance, conçu spécialement pour les PME – que nous détaillerons dans un autre article avec les autres nouveautés apportées par l’éditeur à sa gestion du stockage.

VMware annonce près de 200 nouveautés dans vSphere 5, mais pour cet article nous avons choisi de nous concentrer sur les plus marquantes.

La fin d’ESX Server

La première nouveauté marquante est l’extinction d’ESX Server au profit du seul hyperviseur ESXi, une disparition annoncée depuis déjà bien longtemps par VMWare.
Pour les habitués de la console de service ESX, la passage à ESXi demandera un vrai ajustement, notamment parce qu’ESXi ne dispose pas des possibilités en mode ligne de commande d’ESX. Pour les afficionnados de la ligne de commande, l’administration se fait à distance via vSphere CLI (maintenant appelé le vCLI) et via le VMware Management Assistant (VMA).

Histoire de limiter les critiques, VMware a considérablement dopé les fonctions de vCLI dans vSphere 5 afin d'offrir plus de richesse à son mode de commande à distance. L’éditeur annonce aussi avoir soigné les fonctions de migration et promet qu’en cas de migration des hôtes existants ESX 4.x vers ESXi 5, toutes les informations de configuration seront préservées.

Une bien meilleure gestion des ressources de stockage

L’autre grande nouveauté de vSphere 5 est une gestion des ressources de stockage grandement améliorée avec l’arrivée d’un planificateur de ressources dédié au stockage dans le mode DRS. Ce nouveau venu permet d’équilibrer automatiquement la charge entre les baies de stockage et sélectionne le meilleur placement pour les machines virtuelles basées sur l'espace disque disponible et le volume d’I/O généré.

Jusqu’alors DRS ne gérait pas les ressources de stockage, mais uniquement la charge CPU et la mémoire, ce qui pouvait causer des déséquilibres dans le placement des VM et faire peser une charge démesurée sur certains datastores. Avec le support du stockage dans DRS, la charge des datastores ainsi que les éléments de performances en matière de latence sont pris en compte dans le positionnement des VM.

Une autre caractéristique est la gestion des profils de stockage, qui permet d’associer des classes de stockage aux machines virtuelles de telles sortes qu’elles ne seront provisionnées et migrées que vers le type de stockage adapté. Par exemple, un profil peut spécifier qu'une VM doit être sur une classe de stockage avec une latence de moins de 50 ms ou avec un débit d'au moins 100 Mo/s. L'API vStorage for Storage Awareness permet à vSphere d’obtenir les caractéristiques de performance des baies de stockage pour déterminer sa classe de performance.  Et si une machine virtuelle est provisionnée sur une classe de stockage qui ne répond pas aux exigences de son profil, l’état de non conformité devient visible dans vSphere Client afin que l’administrateur puisse prendre les mesures correctives.


vCenter Server revu et un nouveau client web

Tenant enfin une vieille promesse, VMware propose désormais de déployer vCenter Server sous la forme d'une appliance virtuelle Linux, ce qui devrait grandement simplifier le déploiement de vCenter (et au passage faire l’économie d’une licence Windows Server). VCenter est en outre désormais livré avec la base de données DB2 Express au lieu de SQL Server et il supporte aussi les bases externes Oracle et DB2.

Autre nouveauté, il est possible de configurer vCenter Server via une interface Web, ce qui permet de l'installer depuis n'importe quel poste et quel que soit le système d'exploitation. Cette interface web s’appuie sur Adobe Flex et devrait aider à réduire la dépendance vis-à-vis du client vSphere pour certaines tâches.

VMware a également mis à jour le client d’administration Web, lui aussi redéveloppé en Flex. Ce nouveau client a une interface utilisateur graphique riche et offre bien plus de fonctions que le vieux client web. Ses fonctions restent toutefois encore largement limitées à la gestion des machines virtuelles. VMware indique qu’il continuera à ajouter plus de fonctionnalités à l’avenir.

Refonte du mécanisme de haute disponibilité

VMware High Availability (HA) a été entièrement revu et amélioré. Jusqu’alors, VMware HA s'appuyait sur les nœuds primaires (jusqu'à cinq) afin de maintenir les paramètres de cluster et l’état des nœuds. Les autres hôtes étaient traités comme des nœuds secondaires et envoyaient leur état aux nœuds primaires via un mécanisme de heartbeat.

Dans la nouvelle architecture HA, chaque hôte exécute un nouvel agent indépendant de l'agent vpxd, qui est utilisé pour communiquer avec vCenter Server. Un concept maître / esclave est mis en œuvre avec un hôte élu en tant que maître et les autres hôtes positionnés en tant qu’esclaves. Le mécanisme d’élection s’appuie sur un algorithme pour déterminer le maître et il se met en œuvre à plusieurs étapes: lorsque les fonctions HA sont activées, lorsque le serveur maître vient à défaillir ou à perdre sa connectivité.

Le maître surveille tous les hôtes et la disponibilité des VM ainsi que l'état d'alimentation des ordinateurs virtuels protégés. Le maître gère également la liste des hôtes et des machines virtuelles protégées dans le cluster. Dans le cas d'une panne, la nouvelle architecture peut redémarrer les machines virtuelles plus rapidement que les versions précédentes de HA.

Un nouveau modèle de licence

Après une modification de licence controversée pour la version 4, qui avait vu VMware lancer la licence Entreprise Plus, l’éditeur annonce une nouvelle refonte de son mécanisme de licence. VMware abandonne définitivement la facturation au cœur et bascule sur un mode de facturation au socket, ce qui devrait soulager un certain nombre de clients. La contrepartie de cette évolution est l’apparition d’un mécanisme de facturation de la mémoire.

Une licence standard permet aux utilisateurs d'attribuer 16 Go de mémoire et un socket CPU, indépendamment de la quantité de mémoire physique présente sur le serveur. Une licence Enterprise permet d’utiliser 32 Go de mémoire et un socket, tandis qu’Enterprise Plus porte ce total à 48 Go. Si un serveur bi-socket a deux licences Enterprise Plus, il peut donc attribuer 96 Go de mémoire à ses VM. Pour allouer plus de mémoire, la seule solution est d’acheter une licence additionnelle (VMware ne vend pas de licence spécifique pour ajouter de la mémoire) ou d’emprunter un quota mémoire non utilisé d’un serveur voisin.

Car dans le nouveau modèle de licence, toute la mémoire disponible est mise en commun dans vCenter Server. Si vous avez acheté des licences Enterprise Plus pour quatre serveurs chacun avec deux sockets, vous disposez d’une allocation de 384 Go à partager entre l’ensemble de vos serveurs. Dans la pratique, le nouveau mode de licence pourrait profiter à beaucoup d’utilisateurs mais dans certains cas, où les entreprises ont poussé la consolidation à l’extrême et utilisent des hôtes avec de grandes grandes quantités de mémoire, il pourrait avoir un impact financier non négligeable. Et à l’heure où VMware semble inciter les entreprises à virtualiser leurs serveurs de données, il n’est pas sûr que ce changement de licence ait un impact positif, car il pourrait renchérir le coût de la virtualisation des serveurs de données et inciter les entreprises à maintenir leurs SGBD et leurs applications gourmandes en mémoire sur des serveurs non virtualisés.

Il est à noter que vSphere 5 et les autres composants de la suite d’infrastructure de l’éditeur devraient être disponibles dans le courant du trimestre.

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