VMware rétropédale sur le nouveau modèle de licence de vSphere 5
Face à la grogne des utilisateurs, VMware vient d'annoncer qu'il a considérablement assoupli le schéma de licence "à la capacité mémoire" annoncé à l'origine pour vSphere 5. A quelques semaines du lancement du logiciel, l'éditeur s'épargne ainsi un conflit ouvert avec ses clients. Reste désormais à savoir si le mal n'est pas déjà fait...
Face à la bronca des entreprises utilisatrices, il n’aura pas fallu plus d’un mois à VMware pour revoir sa grille tarifaire de licence pour vSphere 5. Ce qui semblait si logique à l’éditeur lors de l’annonce de la nouvelle version de sa plate-forme de virtualisation, et donc nous soulignions le coût potentiel pour les entreprises en conclusion de notre article sur le lancement de vSphere 5, ne semble soudain plus aussi intelligent.
Un schéma de licence qui pouvait rendre vSphere 5 hors de prix
Cherchant sans doute à tirer un profit maximum de sa position dominante mais aussi à compenser les effets pervers de la loi de Moore sur ses revenus, l’éditeur avait profité de l'annonce de vSphere 5 pour introduire un nouveau schéma de facturation incluant un plafond de mémoire par licence. À l’heure où Intel et AMD annoncent des serveurs capables de supporter 1 ou 2 To de mémoire, VMware avait jugé bon de limiter sa licence à 48 Go de mémoire par socket pour sa version la plus avancée et à 8 Go pour la mouture gratuite d’ESXi.
Dans la pratique, cela voulait dire que pour un serveur quadri-socket avec 512 Go de mémoire alloué aux VM, la facture pouvait devenir salée : dans le cas extrême, il fallait souscrire 11 licences VMware vSphere Entreprise plus pour cette machine, soit une facture de 62 900 $ pour trois ans. À comparer aux 34 000 $ facturés par Dell pour un serveur quadri socket Opteron à 48 cœurs PowerEdge 815 configuré avec 512 Go de RAM et deux ports CNA 10 Gigabit. En fait, l'évaluation exacte de l'impact du nouveau modèle de licence était plus complexe à évaluer que prévu puisque la comptabilisation de la mémoire consommée est réalisée à l’échelle d’un pool de serveurs et qu’un serveur gourmand en RAM peut emprunter la capacité mémoire non utilisé des licences de ses voisins. Dans certains scénarios, mixant des VM gourmandes en mémoire et des VM plus traditionnelles, il était donc possible de limiter la casse.
Rappelons à toutes fins utiles que VMware est le seul à avoir réfléchi à un modèle de facturation à la mémoire. Citrix facture son hyperviseur XenServer le plus simplement du monde, c'est à dire par serveur, et une licence Platinum coûte 5 000 $ - un prix qui, en outre, inclut nombre de services facturés en sus par VMware, comme les outils de lab management ou le portail de self-service. Oracle Oracle offre gratuitement Oracle VM ( et facture le support par serveur) tandis que Microsoft facture Windows Server 2008 R2 DataCenter au Socket (une version qui inclut un nombre illimité de VM sous Hyper-V).
Une politique tarifaire qui a accéléré la recherche d'une seconde source chez nombre de clients
Le moins que l’on puisse dire est que la réaction initiale des utilisateurs aux propositions tarifaires concotées par l'éditeur a été "vigoureuse", notamment dans les grands comptes. Ces derniers ont en effet tendance de plus en plus à consolider leurs environnements sur des plates-formes serveurs musclées embarquant beaucoup de mémoire. Au point que certains ont profité de l’écart de VMware pour officialiser l’adoption d’un second hyperviseur dans leur infrastructure afin d'éviter d'être pieds et poings liés à un unique fournisseur. Principal argument entendu : « on n’a pas passé 15 ans à batailler avec Microsoft pour recommencer avec VMware ». Bref, même si VMware rétropédale aujourd'hui, le mal est sans doute déjà fait chez certains clients.
Des limitations mémoire considérablement assouplies
C'est Bogomil Balkansky, le vice-président en charge du marketing produit de VMware, qui, dans un billet de blog, a dévoilé hier le changement de cap de l'éditeur. Les limitations mémoire existent toujours, mais elles ont été considérablement assouplies. L’édition gratuite ESXi voit ainsi son plafond mémoire passer de 8 à 32 Go. L’édition standard de vSphere 5 passe de 24 à 32 Go par socket, tandis que les éditions entreprise et entreprise plus, passent respectivement à 64 Go et 96 Go, soit le double des plafonds précédents (l’équivalent d’une baisse de prix de 50 % pour les utilisateurs les plus concernés).
Plus important encore, VMware indique que dans son nouveau schéma, il ne comptabilisera plus la mémoire utilisée par une VM au-delà de 96 Go, ce qui fait qu’on peut très bien mettre en service une VM avec 512 Go de RAM sans devoir se ruiner (elle ne comptera « que » pour 96 Go). Dans la pratique, cela veut dire que le schéma de licence n’est plus un obstacle à la virtualisation de grosses bases de données ou d’applications gourmandes en mémoire.
Enfin, le calcul de la mémoire consommée à l’échelle d’un pool de serveur ne se fera plus instantanément, comme prévu à l'origine, mais sur une base annuelle. vCenter fera la moyenne d’usage de RAM sur 12 mois, ce qui permettra aux entreprises ayant des pics de consommation mémoire de ne payer que pour leur usage moyen et non pas de passer au tiroir-caisse en fonction de leur utilisation crête.