Carol Bartz débarquée de Yahoo
Le Conseil d'Administration de Yahoo a débarqué Carol Bartz de son rôle de CEO tout juste trois ans après sa nomination. Le groupe s'engage dans une période de recrutement durant laquelle Timothy Morse, le DAF de Yahoo, assurera l'intérim. Nommée en 2009, Carol Bartz a certes apposé son sceau sur la gouvernance du portail, mais a semble-t-il peiné à redynamiser Yahoo sur les terrains de la publicité en ligne et de la recherche.
Une nouvelle page se tourne chez Yahoo. Le portail d'information, ex fleuron de la Silicon Valley a limogé hier sa CEO, Carol Bartz, nommée en 2009 en remplacement du fondateur de la firme, Jerry Yang. Dans un mémo aux employés de Yahoo, obtenu par nos confrères de Mashable, Carol Bartz indique avoir été licenciée par téléphone par le président du conseil d'administration de Yahoo (comme quoi, à l'ère de la "social entreprise", les vieilles technologies sont encore utilisées dans la Silicon Valley).
Après qu'un vent de rumeurs se soit abattu sur la Silicon Valley,ce mémo de Bartz a rapidement été suivi d'une confirmation de la firme sous la forme de l'habituel communiqué de presse intitulé "Yahoo annonce une réorganisation de son leadership" (ah, les joies de la novlangue…).
Yahoo y indique avoir limogé Bartz pour la remplacer à titre intérimaire par Timothy Morse, le directeur financier de la société. Morse assurera le pilotage de Yahoo, jusqu'à la nomination d'un CEO permanent et officiel. Un cabinet de chasseur de tête a ainsi été mandaté.
Arrivée à la tête du groupe en 2009, Carol Bartz symbolisait le renouveau du groupe Californien, en proie à l'époque à une perte identitaire et à une crise de son équipe dirigeante, qui s'était opposé aux velléités de contrôle de Microsoft. Considérée comme une vétéran de la Valley et une femme à poigne, elle avait repris le flambeau d'un Jerry Yang démissionnaire, n'ayant pas su convaincre et contenter les actionnaires sur le dossier de la pharaonique fusion avec l'éditeur de Windows - et également subi l'échec d'une alliance avec Google. Surtout, à l'époque, le groupe bataillait ferme pour rester dans la course à la publicité en ligne et sur le segment de la recherche, derrière un Google omniprésent et un Facebook émergent et bien résolu à en découdre.
Carol Bartz était ainsi perçue comme le messie. En recrutant l'ex-dirigeante d'Autodesk et en ne choisissant pas une figure de l'Internet, mais la tenante d'une filière IT plus classique, Yahoo avait affiché clairement ses intentions. Et fidèle à son image de "femme de fer", Bartz avait d'emblée dégainé ses mesures stratégiques de réorganisation, visant à remettre le portail sur les rails. Elle s'était attelée à mettre de l'ordre dans les équipes dirigeantes afin de simplifier notamment les schémas de prise de décisions. Et avait mis en oeuvre des mesures de gel des salaires. Quitte à se faire des ennemis en interne, et à soulever un vent de critiques à son égard. On se rappelle également les rumeurs d'un éventuel rapprochement entre le portail et AOL, qui ne se sont jamais concrétisées.
Surtout depuis l'arrivée de Carol Bartz à la tête du groupe, et en dépit de la ré-organisation mise en place, Yahoo reste à la traine sur les segments de la publicité en ligne et de la recherche. Si aujourd'hui l'algorithme de recherche de Microsoft, Bing, motorise officiellement le moteur de recherche de Yahoo - en Europe depuis début août - , les parts de marché du groupe sur ce segment restent nettement en retrait de celles de Google. Aux Etats-Unis par exemple, Google trustait à lui seul 65,5 % des requêtes en juin 2011, contre 15,9% pour Yahoo et 14,4% pour Bing en son nom propre (source Comscore). Sur le segment de la publicité en ligne, Yahoo doit également composer avec un autre acteur, Facebook qui selon les chiffres eMarketer devrait se positionner en 2011 en première position aux Etats-Unis - du moins sur le segment de l'affichage publicitaire ("display" en jargon local).
Le prochain CEO devra donc reprendre un Yahoo dont le visage a certes changé, mais qui demeure dans une position aussi inconfortable qu'il y a trois ans. Assisterons nous au retour en grâce d'un Jerry Yang qui selon le blog All Things Digital a regagné en visibilité ces derniers mois, créant des tensions avec Carl Bartz ? Quoi qu'il en soit, l'ex-patron du groupe est pour l'heure réintroduit en tant que conseiller de Timothy Morse, assisté dans sa tâche par David Filo, le 2e fondateur du groupe. Pas encore de retour aux manettes officiellement, les historiques se placent...