Cloud : l'Etat va injecter 135 M€ dans Andromède aux côtés d'Orange, Dassault et Thales

Le consortium de cloud bleu blanc rouge co-financé par l'Etat que nous évoquions cet été prend forme peu à peu. Selon nos confrères des Echos, l'Etat devrait apporter 135 M€ en capital à la création d'Andromède, une société privée, dont il détiendra un tiers du capital et dont les autres associés seront France Télécom/Orange, Thales et Dassault Systèmes. Un montage qui pose toutefois plus de questions qu'il n'apporte de réponses.

Grâce aux syndicats de France Télécom, on en connaissait déjà un peu le périmètre, le principe et les motivations. Depuis hier, grâce aux Echos, on en connaît désormais la probable structure capitalistique. L'effort de l'État en matière de Cloud Computing devrait s'incarner dans Andromède, une co-entreprise de droit privé dont l'État contrôlera un tiers des droits de vote (pour un apport en capital de 135 M€ -officiellement issus du "Grand Emprunt"). Les autres parts seront contrôlées à 26,7 % chacun par France Télécom et Dassault Systèmes (contre respectivement 60 M€ en capital et sans doute une bonne dose d'apports en nature) et à 13,3 % par Thales (contre un apport de 30 M€ et là encore sans doute un apport en nature). L'objectif de la structure sera de fournir des services de cloud "bleu blanc rouge" aux clients français, publics ou privés.

Une structure "indépendante"
Selon nos confrères des Echos, la nouvelle entité sera "entièrement indépendante" et ses dirigeants seront "indépendants des partenaires industriels", ce que l'on imagine assez mal. Le Conseil de surveillance de la société comptera 9 membres, dont 2 indépendants et 2 seront nommés par l'État. Selon le quotidien financier, "les actionnaires d'Andromède ne pourront pas céder leurs actions pendant 5 ans".

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Sur le plan opérationnel, « Orange fournira les infrastructures en colocation à Andromède et l'ensemble de la connectivité nécessaire aux clients d'Andromède ». Thales fournira, quant à lui, des services de sécurité. La valeur cumulée sur quatre ans de ces deux contrats est estimée à 60 millions d'euros pour Orange et à 30 millions d'euros pour Thales. Les Echos ne précisent pas le rôle de Dassault Systèmes. Ce dernier, il est vrai n'a pas vraiment l'ADN du cloud. Dans son patrimoine génétique, on ne trouve qu'une incursion dans le monde des infrastructures : la prise de capital effectuée récemment dans un spécialiste des infrastructures cloud, le français Outscale, qui a bâti une solution d'orchestration de cloud pour piloter son infrastructure à base de serveurs Cisco et de stockage NetApp.

Pour quels clients ?
Si l'article des Echos lève le voile sur la structure d'Andromède, il ne résout pas l'équation économique que pose le projet. GIE ou acteur public, Andromède aurait pu capter une large partie des projets de Cloud de la sphère gouvernementale et publique sans recours à des marchés publics, un statut qui aurait pu permettre la constitution d'un cloud gouvernemental à la française. Mais du fait de son statut privé, Andromède, ne pourra se prévaloir de ce statut et devra donc comme tout fournisseur concourir pour l'obtention de marchés publics. On présume toutefois que l'infusion d'argent public dans le capital lui permettra d'être régulièrement mieux-disant, ou que certains dialogues compétitifs seront orientés vers la structure Andromède. 
À défaut, le drôle d'attelage qu'est Andromède devra faire la preuve de sa compétitivité face à d'autres acteurs français ou européens, tels que des SSII comme T-Systems, Capgemini, Steria, Atos, Osiatis ou des opérateurs comme Colt ou SFR qui ont eux aussi investi dans leurs propres infrastructures Cloud. Il ne pourra en effet se prévaloir du patronage de l'État pour l'obtention des marchés publics. Pour la constitution d'un "gov cloud", une structure publique aurait été préférable. Car il est de toute façon difficile de bâtir une stratégie Cloud avec des marchés publics dont la durée ne peut dépasser 4 ans. 

Sur une note plus malicieuse, on voit mal ce qu'Andromède peut apporter de plus à des clients privés qu'un Orange Business Services. À moins de considérer que le Cloud de ce dernier serait moins sûr et moins avancé qu'un cloud assemblé avec Thales, Dassault et l'État… Ou à moins de considérer qu'Andromède pourra pratiquer des prix plus agressifs que ceux d'OBS (ce qui reposera la question de la distorsion de concurrence qu'introduit la participation de l'État).

Gageons que sur ce dernier point, on devrait entendre prochainement les grincements de dents des concurrents. Grincements qui ont déjà commencé chez les opérateurs télécoms, mais qui pourraient aussi s'étendre aux SSII.


Enfin, il reste encore à résoudre la question des hommes qui feront Andromède. L'article des Echos laisse présager le fait que la nouvelle structure sera essentiellement une coquille vide qui sous-traitera aux personnels de ses actionnaires la réalisation et l'exploitation de son infrastructure. Mais pour en savoir plus, il faudra sans doute attendre encore quelques jours pour avoir la réaction des salariés concernés et notamment celle des syndicats de France Télécom qui avaient demandé des éclaircissements sur le projet dans le courant de l'été.

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