La SNCF, embarrassée par la délocalisation de ses sous-traitants informatiques
Quand une entreprise publique délocalise une partie de son activité à l’étranger en temps de crise, le scandale arrive. Mais que peut-elle faire quand ce sont ses sous-traitants qui décident de délocaliser. C’est le dilemme qu’affronte actuellement la SNCF face aux décisions d’IBM et de Sopra de relocaliser une partie de leurs activités pour son compte en Espagne, Pologne et République tchèque.
Décidément les relations entre IBM et la SNCF sont difficiles. Après l’échec en 2011 de la co-entreprise commune, la société américaine, ainsi que Sopra Group, vient une nouvelle fois de mettre dans l’embarras la SNCF. En effet, dans son édition d’hier, Le Parisien a dévoilé que l’Américain, venant à peine de remporter un contrat de surveillance de fonctionnement des logiciels du groupe, délocalisera cette activité en Pologne et en République tchèque. Auparavant, l’ancien prestataire Stéria faisait travailler ses collaborateurs directement dans les locaux de la SNCF. De même, Sopra a annoncé que le pilotage informatique des ressources humaines de la SNCF serait désormais réalisé par sa filiale espagnole. Pour Hervé Guidici, secrétaire général de l'Union fédérale des cadres, 260 emplois de sous-traitants vont être supprimés et 45 postes de cheminots non remplacés. En 2013, il estime que 500 emplois pourraient être menacés.
150 emplois contre 400 000
Face au tollé provoqué par cette information, Guillaume Pépy, PDG de la SNCF relativise la portée de l’annonce dans un entretien accordé à l’AFP : « On est en train de parler de 150 postes alors que la SNCF, c'est 400.000 emplois en France. Donc, c'est tout à fait marginal. Il y a effectivement 150 postes toujours de sous-traitance informatique qui se trouvent dans d'autres pays d'Europe et ces emplois-là sont des emplois de nos sous-traitants. Il faut savoir que la SNCF avec tout ce qu'elle achète chaque année c'est plus de 400.000 emplois en France et on a un motif de fierté particulier en 2012 c'est que la SNCF embauche plus de 10.000 jeunes même pendant la période de crise. » La SNCF aurait-elle pu éviter ce scandale ? En choisissant de passer par un prestataire de service : difficilement.
Quelque soit le sous-traitant choisi, le Code des marchés publics ne prévoit pas d’obligations pour le sous-traitant choisi de maintenir l’emploi en France. Il aurait fallu invoquer des raisons de sécurité pour exiger que les prestataires interviennent dans les locaux de la SNCF uniquement.