Polarsys : Eclipse s'ouvre au support très long terme de l'outillage pour l'embarqué
La fondation Eclipse crée un groupe de travail baptisé Polarsys qui abordera la problématique des outils de développement pour les applications et les systèmes très critiques du monde de l'embarqué. Réunissant Airbus,Thales, Ericsson et Atos, notamment, ce groupe de travail entend surtout adapter la durée de vie du support de ses outils à celui du secteur. De 10 à 70 ans.
Pour fêter ses 10 ans, la fondation Eclipse a accepté en ses rangs un projet d'envergure : celui du support sur le (très) long terme des outils de développement des systèmes embarqués critiques. Nom de code : Polarsys. Ce nouveau groupe s'est officiellement installé en tant que groupe de travail dans la très populaire fondation Open Source. Selon sa charte, il travaillera à développer un outillage d'ingénierie Open Source pour les systèmes embarqués du monde de l'aérospatial, de la Défense, de l'avionique et des infrastructures télécoms, notamment. Surtout - et là est tout l'intérêt - de l'associer à un support ainsi qu'à une maintenance de 10 ans au minimum, dans le cadre d'un programme Long Term Support, mais également de dépasser ce cadre pour garantir une pérennité de l'outillage jusqu'à 70 ans - dans le cadre d'un programme Very Long Term Support - pour certains projets (comme dans l'avionique, par exemple). Caler le durée de vie des outils de développements sur celle des systèmes critiques, en somme.
Parmi les supporters de Polarsys, qui participeront au groupe de travail, on retrouve des acteurs de poids de l'industrie ainsi que des spécialistes du développement et des académiques : Airbus, Astrium Satellites, ATOS, CEA, CS (Communication & Systèmes), Ericsson, IRIT (Institut de recherche en informatique de Toulouse), Inria, Katholieke Universiteit Leuven, Obeo, Universidad Politécnica de Valencia, Tecnalia, Thales et enfin Xipp.
Ce groupe de travail Eclipse Polarsys repose en fait sur deux projets clés menés dans l'hexagone, au sein du prestigieux cluster Aerospace Valley : d'un coté Opees, un consortium fondé il y a 6 ans (et financé dans le cadre du projet européen ITEA 2), dont la mission est de garantir un support longue durée aux technologies d'ingénierie pour le monde de l'embarqué critique. De l'autre, TopCased, un projet qui a muri chez Airbus et qui vise à proposer des outils de modélisation Open Source d'applications critiques pour l'embarqué. Ces deux projets se retrouveront ainsi au sein du groupe de travail Eclipse Polarsys.
"Dans le monde propriétaire, les outils de développement ont une durée de vie de 5 ans, au mieux de 10 ans. Mais les satellites, les infrastructures télécoms et l'avionique, par exemple, ont des besoins de support qui s'étendent sur 10, 30, 50 voire 70 ans, et ce avec de fortes contraintes de certification [comme DO 178 pour l'avionique et ISO 26262 pour l'automobile, NDLR]", commente Gaël Blondelle, leader du projet Opees et expert Open Source chez Obeo (spécialisée dans le modélisation d'applications).
Pour Pierre Gaufillet, spécialiste des méthodes de développement logiciel chez Airbus, Polarsys devrait ainsi prolonger avantageusement les travaux réalisés avec TopCased. Ce projet est né en 2004, après 15 d'utilisation d'outils propriétaires chez Airbus. Le constat pour lui était évident : "on ne pouvait pas compter sur ce type d'outils pour un support sur le long terme, à cause d'éventuels rachats, de changements de stratégie ou encore d'abandon de produit […] Il nous fallait alors une maîtrise de la chaine d'outils et l'Open Source s'est avérée être la meilleure solution". TopCased, qui a été téléchargé plus de 10 000 fois l'année dernière, est notamment utilisé pour bâtir certaines briques de l'Airbus A350, souligne-t-il, tout en indiquant que le projet adresse également la problématique du développement de systèmes avioniques et pas uniquement applicatif.
Eclipse comme ciment de la communauté
Sauf que le simple fait d'être Open Source ne répond pas à toutes les problématiques, nuance-t-il, citant notamment la qualité de services et la compatibilité avec les contraintes - très fortes - de certification. Du coup, Eclipse servira de structure. Un choix naturel d'un point de vue technique, car les outils des projets TopCased et Opees s'adossaient au socle de la fondation. Pierre Gaufillet rappelle toutefois que plusieurs années de discussions avec Eclipse ont été nécessaires pour trouver un compromis sur les licences et les adhésions, souligne-t-il. Outre l'EPL (Eclipse Public Licence), les outils Polarsys seront également compatibles BSD et LGPL.
De plus, Eclipse permettra de créer des synergies avec d'autres groupes de travail de la fondation, comme celui dédié aux systèmes de l'industrie automobile ou encore des systèmes d'information. "Des bonnes pratiques seront notamment partagées avec les groupes liés au SI où travaille notamment SAP", ajoute Gaël Blondelle, rappelant l'aspect collaboratif du projet.
Restera alors à s'aligner sur la feuille de route. Si la fin 2011 sera consacrée à bâtir la communauté, 2012 débutera par la mise en place des opérations du groupe de travail, puis se poursuivra avec l'intégration des briques TopCased à Polarsys, notamment. Avant un premier livrable prévu pour le troisième trimestre.
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