Recrutement : une gestion de court terme explique les problèmes de compétence dans les SSII
L’étude sur les métiers de l’informatique publiée par Pôle Emploi a le mérite de mettre le secteur devant ses responsabilités en matière de recrutement. Loin de se cantonner à une analyse statistique, l’organisme explique les problèmes de compétences rencontrés par les SSII – qui se plaignent régulièrement de pénurie en dépit du chômage récurrent - par une politique de court terme, loin d’être «à la hauteur des enjeux dont est porteur ce domaine professionnel ».
Pôle Emploi profite de son étude sur les métiers de l’informatique pour apporter un éclairage nouveau sur les fortes disparités de tendance qui ont accompagné cette année le marché de l’emploi dans notre secteur. Et pour habiller les SSII pour l’hiver. Mois après mois, les chiffres du chômage présentés par la Dares sont apparus en 2011 de plus en plus inquiétants, avec un taux de demandeurs d’emploi - dans le secteur - qui semble devoir s’établir durablement au dessus des 5%.
Et pour cause. Pôle Emploi explique que « très diversifiés, les métiers de l’informatique sont aussi soumis à des évolutions multiples et rapides, sous l’impulsion de l’innovation technologique, mais aussi de facteurs commerciaux et organisationnels et ces évolutions ne sont pas de nature à faciliter les appariements sur le marché de l’emploi ». Les évolutions technologiques rendraient donc nombre de CV obsolètes.
Mais pas seulement, et dans une approche plus critique, Pôle Emploi dénonce avec des mots choisis « un mode de gestion de l’emploi très focalisé sur le court terme, et peu propice à répondre aux besoins lorsque ceux-ci s’accroissent : succédant à des périodes où les recrutements se sont raréfiés, les phases de reprise de l’activité sont aussi celles où les candidats sont devenus peu nombreux. » Les sociétés de services informatiques, particulièrement alertes à se plaindre de difficultés de recrutement, auraient, toujours selon les conclusions de l’étude, « tout intérêt à pratiquer une gestion des compétences mieux assise dans la durée, et plus à la hauteur des enjeux dont est porteur ce domaine professionnel. » Pôle emploi admet cependant qu’une telle pratique peut s’avérer complexe dans un secteur de sous-traitants particulièrement exposés « aux aléas de la vie économique, et devant faire face à la pression de leurs concurrents et de leurs donneurs d’ordres. »
Une manière cependant pour Pôle Emploi de mettre les SSII devant leur responsabilité et de se défendre face aux « doléances récurrentes relatives à de supposées « pénuries de main-d’œuvre ».
Téléchargez l’étude de Pôle Emploi
2008 : point de rupture dans la croissance des métiers de l’informatique |
Au total, Pôle Emploi recense 534 000 informaticiens dont plus de la moitié sont ingénieurs. Les deux tiers des salariés du secteur détiennent un diplôme supérieur. Pôle Emploi explique également qu’exercés en CDI, ces emplois très qualifiés impliquent une charge de travail importante : 73 % de ces ingénieurs déclarent travailler plus de 40 heures par semaine. Les ingénieurs de l’informatique ont connu une augmentation considérable de leurs effectifs, passant d’environ 50 000 emplois au début des années 80 à près de 320 000 dans les années récentes. Pôle Emploi estime cependant qu’avec la crise de 2008-2009, cette progression quasi-continue a marqué un véritable temps d’arrêt. Pôle Emploi estime également qu’à l’avenir, concernant ce secteur, « la diversité des métiers et la rapidité des transformations qui les affectent sont propres à brouiller le périmètre d’un domaine professionnel dont les frontières sont en pratique à la fois imprécises et instables ». |
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