SAP et Google rapprochent ByDesign des Apps
Tout à son ambitieuse stratégie cloud SAP prépare pour 2012 une alliance d’envergure avec Google – l’un des acteurs historiques du on-demand – dans le Saas. Il s’agirait de favoriser fortement l’interopérabilité de ByDesign, l’ERP en ligne de l’Allemand, de la suite bureautique du Californien. Un accord qui concerne également des développements futurs.
La fin de l’année aura apporté son lot de précision en matière de stratégie Cloud computing chez SAP. L’éditeur allemand, parfois critiqué pour avoir tardé à avancer ses pions, aura clairement montré son envie de ne pas louper le coche. Tandis que ByDesign conquiert ses premiers clients et que le rachat de SuccessFactors devrait grandement participer à imposer SAP dans le Saas, l’éditeur vient de trouver un allié de poids en la personne de Google.
A l’occasion d’une conférence de presse, Bernd-Uwe Pagel, patron de l’écosystème on demand de SAP cité par nos confrères d’Infoworld, a expliqué que l’objectif était de délivrer une solution packagée intégrant ByDesign – l’ERP en mode Saas maison – et Google Apps, la suite bureautique en ligne de Google. Les utilisateurs ByDesign pourront ainsi utiliser la messagerie Gmail ou les Google Docs directement dans leur ERP. Officiellement, il s’agit de répondre à une demande grandissante de clients utilisant les deux applications et souhaitant une intégration plus poussée.
Mais au-delà le rapprochement des deux groupes sur les applications Saas pour entreprise prévoirait également un alignement technologique suffisant des deux ensembles applicatifs afin de créer une véritable communauté de développeurs SAP aussi bien autour de Google App Engine, la plate-forme de développement en ligne de Google, que de l’environnement Android, l’OS pour plate-forme mobile du même Google. Le référencement et la vente croisée dans les réseaux de distribution des deux éditeurs est également à l’ordre du jour.
L’association des deux éditeurs fait d’autant plus sens qu’ils ne sont concurrents sur aucune brique et même très complémentaires. Google Apps permet à SAP de profiter d’un ensemble bureautique en ligne intégré à son ERP et également d’une approche Saas historique et ByDesign permet à Google de monter encore dans la chaine de valeur des entreprises en s’installant potentiellement au cœur du système de gestion. Surtout les deux éditeurs peuvent désormais envisager de sortir des briques applicatives tierces en commun.
Reste à voir jusqu’où SAP et Google souhaiteront aller dans les faits. Même si l’industrie IT est coutumière des alliances à répétition, SAP demeure un partenaire important de Microsoft, dont la suite en ligne Office 365 est la principale rivale des Google Apps.
Début 2011 SAP et Microsoft avaient même dépoussiéré leur alliance – rebaptisée Duet Enterprise – pour favoriser l’interopérabilité des dernières évolutions des outils de productivité et de collaboration de Redmond (Sharepoint et Office 2010) à la Business Suite, l’ERP historique de SAP. L’offre est même commercialisée auprès des partenaires des deux groupes via un programme commun, Unite Partner Connection, réunissant les deux réseaux respectifs. Lors d’un entretien avec la rédaction, Rainer Zinow, senior vice président de ByDesign, nous expliquait qu’il était cependant difficile de proposer une version Cloud de Duet : «Techniquement, c’est possible. Mais il existe des différences d’approche entre Google, Microsoft et SAP lorsqu’on aborde la question de Cloud Computing. Microsoft et Google ont bâti leur infrastructure en nuage sur un parc de petits serveurs. Ils utilisent également des serveurs lames, comme nous, mais à base de machines de faibles capacités. Cela leur convient car ils servent, d’une façon générale, un nombre relativement bas d’utilisateurs ayant un besoin particulier, ou un grand nombre d’utilisateurs, comme avec Hotmail, mais l’application est parallélisée à son maximum. Chez SAP, cela est difficile [cela nécessite un achat important de CPU, NDLR]. Je peux certes faire fonctionner du SAP sur Azure, mais je ne pourrais faire tourner qu’un nombre réduit d’utilisateurs, pour un coût relativement élevé. Techniquement, cela est faisable et facile car il s’agit d’un principe de machine virtuelle, mais d’un point économique, pour le moment, cela n’est pas faisable».
Si une intégration via Duet est difficilement envisageable donc SAP prévoit cependant bien de décliner son alliance avec Microsoft sur le on demand. Dés lors que Redmond sera prêt. Selon Rainer Zinow, la balle serait ainsi davantage dans le camps de Microsoft. Et de préciser que « dès que Microsoft aura une offre dans le Cloud, nous le supporterons également. Car c’est une évolutipn naturelle. Si j’ai mes processus métier dans le cloud, pourquoi aurais-je Office sur le desktop ?»
Si l'annonce de l'alliance avec Google est de taille, SAP semble donc plutôt prêt à la décliner au pluriel et devrait annoncer courant 2012 une implication à la même échelle auprès de Microsoft.