Crise : Oracle manque ses objectifs trimestriels
Le géant mondial de l'informatique a annoncé des ventes en hausse de 2% au lieu des 5 à 9 % prévu. La faute à des délais de signature rallongés par le renforcement du contrôle des dépenses en cette période d'incertitude économique. La faute aussi à un dévissage de 14% des ventes de matériels qu'Oracle explique par la transition entre les systèmes Sparc T3 et les nouveaux T4.
Oracle subirait-il les premiers effets de la crise ? C'est ce que l'on peut craindre au vu des résultats publiés hier par le géant du logiciel, dont les ventes n'ont progressé que de 2 % au cours de son second trimestre fiscal 2012, alors que la firme prévoyait à l'origine une progression de 5 à 9 % de son chiffre d'affaires.
Officiellement, Safra Catz, la présidente de l'éditeur a expliqué que la firme avait constaté une augmentation des niveaux d'approbations nécessaires pour la signature de nouveaux contrats chez ses clients sur la fin du trimestre. Oracle s'est toutefois voulu rassurant en indiquant qu'il ne voyait pas encore de mesure de réduction de coûts, mais plutôt un renforcement du contrôle des dépenses des sociétés. "Soudainement nous avons vu des contrats devoir être approuvés par le CEO" a expliqué Safra Catz, tout en indiquant que dans certains cas la signature a été décalée quelques jours après la fin du trimestre. Il est donc encore possible que ce ratage d'Oracle ne soit qu'un épiphénomène conjoncturel qui pourrait être compensé dans le courant du prochain trimestre fiscal.
Des ventes de logiciels en petite forme
Concrètement le chiffre d'affaires d'Oracle s'établit pour le trimestre à 8,79 Md$, tandis que le bénéfice net progresse de 17 % à 2,19 Md$. Au cours du second trimestre fiscal de la firme les ventes de nouvelles licences n'ont progressé que de 2 %, à 2 Md$, alors que l'éditeur misait à l'origine sur une progression comprise entre 6 et 16 %.Les revenus de support et de maintenance ont, quant à eux, progressé de 9 % pour s'approcher des 4 Md$. Oracle semble avoir souffert aussi bien sur le marché des middleware et des bases de données que sur celui des progiciels. Les ventes de nouvelles licences SGBD et Middleware sont ainsi en petite progression de 4 %, à 1,48 Md$ tandis que ventes de nouvelles licences de ses applications sont en recul de 2%. L'éditeur souligne toutefois le bond de 20 % des ventes de logiciels de CRM et la solidité de ses ventes d'ERP.
Les ventes de matériels reculent de 14 %...
Plus grave, les ventes de matériels qui s'étaient reprises depuis quelques trimestres connaissent une rechute inquiétante, une rechute que laissaient toutefois entendre les récentes études d'IDC et notamment la dernière livraison du tracker européen du marché dustockage qui soulignait la fin d'un cycle de renouvellement des grands serveurs.
Les revenus matériels d'Oracle plongent ainsi de 14 % sur un an pour repasser sous la barre du milliard de dollars, à 953 M$. Difficile toutefois de savoir si ce recul est lié à une désaffection pour les serveurs du constructeurs ou, plutôt à un phénomène d'attente faisant suite au récent renouvellement de l'offre de serveurs d'entrée de gamme et de milieu de gamme avec le lancement des Sparc T4. Notons aussi que sur le haut de gamme, l'offre Sparc Entreprise M commence à vieillir et qu'elle devrait subir un renouvellement de grande ampleur courant 2012. De quoi freiner les dépenses des clients potentiels.
Selon Oracle, l'intérêt pour les nouvelles machines Sparc T4 est réel et pourrait avoir bloqué certaines ventes de T3 dans l'attente de la disponibilité des T4. Mark Hurd souligne aussi que le carnet de commande pour les clusters Exadata a encore battu de nouveaux records. Les ventes de systèmes Exalogic auraient aussi doublé entre le premier trimestre et le second trimestre, tandis que les ventes de baies de stockage ZFS auraient doublé sur un an. En fait, la déception sur les ventes pourrait surtout venir de l'obsession d'Oracle pour la préservation de ses marges qui nuirait à certaines ventes - un message que font remonter de plus en plus de partenaires Oracle au MagIT en se plaignant de la longueur de certains délais d'approbation de contrats par la firme, qui examine à la loupe la rentabilité des "deals". Nombre de revendeurs estiment ainsi qu'Oracle privilégie la santé de son bas de bilan à la vigueur de son haut de bilan.
... Mais les marges continuent de s'améliorer
Un chiffre ne trompe pas, puisque la marge d'exploitation sur le matériel a encore progressé, pour atteindre le taux record de 50,6 %. De même, celle des activités de support et de maintenance atteint désormais 54,4 %. Au total, sur un CA de 1,58 Md$ (ventes de matériel, maintenance et support), les activités matérielles ont dégagé un bénéfice opérationnel de 822 M$. On est loin des ratios de marge déprimants de Sun à la fin des années 2000.
Ces chiffres ne seront sans doute qu'une maigre consolation pour les dirigeants d'Oracle puisque le cours de l'action de la firme a littéralement été massacre à l'ouverture de Wall Street perdant près de 15 % de sa valeur par rapport à la clôture d'hier.