Affaire Mark Hurd/Jodie Fisher : la lettre dénonçant le harcèlement sexuel rendue publique
Une cour d’appel du Delaware a autorisé la publication de la lettre d’accusation de harcèlement sexuel expédiée par Jodie Fisher et son avocate à HP et son PDG de l’époque, Mark Hurd.
Mark Hurd (au centre) en 2008, lors d’un salon présentant les innovations des HP Labs (crédit photo HP : Court Mast) |
Les accusations pour harcèlement sexuel portées par la consultante de luxe Jodie Fisher pourraient bien être une des priorités pour Mark Hurd en 2012. Un juge de la Cour Suprême du Delaware a en effet tranché et décidé que la lettre adressée à Mark Hurd signée de l’avocate de Gloria Allred représentant Jodie Fisher, et formalisant les accusations de harcèlement sexuel sur sa cliente, pouvait finalement être rendue publique.
Cette lettre, que le site AllThingsDigital a pu se procurer et a publié depuis sur Internet, détaille les nombreuses rencontres entre l’actuel co-président d’Oracle et Jodie Fisher, qui travaillait à l’époque comme consultante marketing en freelance sur des événements organisés par HP. Quelque 8 pages pour décrire ce que Jodie Fisher et son avocate présentent comme étant des avances opérées par Mark Hurd, à répétition, lors de manifestations HP. Avances toujours rejetées par la plaignante.
L’histoire remonte à l’été 2010 : Mark Hurd, alors PDG de HP, est limogé par le Conseil d’administration du groupe américain à la suite d’une enquête interne menée suite à la plainte – cette lettre en est une notification – pour harcèlement sexuel déposé par Jodie Fisher. L’enquête interne disculpe le PDG des accusations de harcèlement sexuel, mais révèle des pratiques irrégulières en matière de notes de frais concernant – justement – Jodie Fisher. C’est donc officiellement pour cette dernière raison que Mark Hurd est poussé vers la porte de sortie.
L’affaire se complique deux semaines après le départ de Hurd, lorsqu’un actionnaire de HP, Ernesto Espinoza, demande expressément que soient divulgués les documents ayant mené au limogeage de Hurd, ainsi que les conditions exactes de son départ. Comme l’indique le jugement de la cour du Delaware, Espinoza entame des poursuites pour que soient remis des documents, dont la précieuse lettre.
Naturellement, Mark Hurd s’est toujours opposé à la publication de cette missive. En mars 2011, un juge de Delaware avait demandé à HP de dévoiler sous dix jours les éléments de ce courrier. Une décision, dont le PDG avait fait appel en avril 2011, essayant d’éviter coûte que coûte que soit rendue publique une lettre « truffée d’inexactitudes ». « Inexactitudes » par ailleurs reconnues par Jodie Fisher elle-même dans une seconde missive expédiée à Mark Hurd, après le versement d’une copieuse somme dans le cadre d’un accord à l’amiable confidentiel.
La cour du Delaware a finalement conclu que la lettre n’avait pas de caractère confidentiel. Confirmant ainsi la précédente décision qui sommait HP de rendre publics certains éléments. « La lettre Allred – du nom de Gloria Allred, l’avocate de Jodie Fisher, N.D.L.R. – ne contient aucune information financière qui ne soit pas publique, ni de secrets commerciaux ou d’autres informations propriétaires », explique la cour dans son jugement. Tout en rappelant plus loin que si le document contient « des détails embarrassants sur le comportement de Hurd », il ne rapporte pas de « propos intimes ».
Pour mémoire Mark Hurd est aujourd’hui l’un des deux co-présidents d’Oracle, en charge des opérations, du marketing, des ventes, du conseil, du support et des alliances. Un poste où il a remplacé Charles Phillips, parti peu après un autre scandale sexuel : son ex-maîtresse avait fait afficher des posters géants à travers le pays, dont un sur Times Square à New York, la montrant en photo avec Phillips, suite à la réconciliation de ce dernier avec sa femme. Les posters pointaient vers un site web détaillant huit ans d’infidélité de Phillips à son épouse. L’autre co-président est Safra Catz, la directrice financière de longue date de la firme dirigée par Larry Ellison.