Virtualisation en 2012 : vers un affrontement relancé entre VMware et Microsoft

L'année qui débute s'annonce chaude sur le marché de la virtualisation puisque Microsoft devrait lancer au second semestre la nouvelle version de son OS serveur avec une mouture d'Hyper-V singulièrement dopée. De quoi relancer la concurrence avec VMware qui continue à dominer le marché avec son hyperviseur vSphere.

Depuis son lancement, Microsoft Hyper-V a fait des progrès constants pour tenter de rattraper VMware sans jamais réellement y parvenir. Mais l’arrivée annoncée pour le courant 2012 d’Hyper-V 3.0 devrait relancer la bataille qui opposent VMware et Microsoft sur le marché de la virtualisation de serveurs.

D’un côté nous avons vSphere 5 de VMware 5. Cette nouvelle mouture de l’hyperviseur, officiellement disponible depuis le mois d’août est capable de supporter jusqu'à 1 To de RAM et 32 processeurs virtuels par machine virtuelle (VM). Elle apporte de nombreuses améliorations en matière de déploiement (Auto Deploy permet par exemple de provisionner des serveurs vSphere à la volée en fonction de règles prédéfinies), renforce les fonctions de haute disponibilité et dope de façon significative les fonctions de gestion du stockage (avec notamment l’extension des fonctions de DRS au stockage).


Pour plus de détails sur vSphere 5, vous pouvez vous référer à l’article « Avec vSphere 5, VMware dévoile la nouvelle génération de sa plate-forme de virtualisation »


Son concurrent, Microsoft Hyper-V 3.0, est encore au stade de preview pour les développeurs. Attendu pour le second semestre, il apportera plusieurs fonctionnalités clés susceptibles de relancer la concurrence avec vSphere.

Hyper-V 3.0 promet de multiples améliorations

En matière de support matériel, tout d’abord, Hyper-V 3.0 supportera jusqu’à 160 cœurs processeurs et 2 To de mémoire (soit un serveur octo-sockets Xeon E7 avec multithreading activé) et chaque VM pourra disposer d’un maximum de 32 cœurs virtuels et de 512 Mo de mémoire vive. La version finale du logiciel devrait aussi pouvoir supporter plus d’un millier de VM par serveur hôte. En matière de clustering, les limitations passent de 16 serveurs pour Hyper-V 2.0 à 63 serveurs pour Hyper-V 3.0 et chaque cluster pourra supporter un maximum de 4 000 VM.

Les fonctions réseaux ont aussi été profondément remaniées. Hyper-V 3.0 embarque ainsi un nouveau commutateur Ethernet virtuel distribué (qu’il sera possible de remplacer par des commutateurs tiers comme le Nexus 1000V de Cisco),. Il est aussi possible d’agréger les débits de plusieurs cartes réseaux ( une fonction de « NIC Teaming » liée à une refonte de Windows). Côté stockage enfin, Microsoft semble décidé à combler une partie de son retard. Hyper-V 3.0 supportera ainsi des fonctions de migration du stockage SAN (live storage migration) ainsi qu’une fonction originale de migration de stockage en attachement direct entre deux serveurs distincts. Cette dernière fonction devrait s’avérer particulièrement intéressante pour les TPE et PME ne souhaitant pas investir dans une infrastructure SAN. Notons aussi le support du stockage en mode NAS via le protocole SMB 2.2 (jusqu’alors Hyper-V ne supportait que le stockage local ou le stockage SAN).

Xen et KVM en embuscade
Si Hyper-V 3.0 devrait relancer la bataille entre Microsoft et VMware, la bataille entre les deux titans ne doit pas faire oublier la montée en puissance des hyperviseurs sur base Open-Source au premier rang desquels XenServer, l'hyperviseur de Citrix, ainsi que KVM. Oracle devrait aussi tenter de jouer sa carte en 2012 avec Oracle VM 3.0 son propre hyperviseur dérivé de Xen de même que Red Hat avec KVM et son outil d'administration maison.

Direction le cloud
Mais le principal domaine d'expression des hyperviseurs libres devrait être le cloud, où Xen et KVM règnent en maîtres. Les deux hyperviseurs sont notamment associés aux grands projets OpenStack, comme ceux de RackSpace ou HP. Dans ces infrastructures à grande échelle, nombre de déploiements s'effectuent sur base d'OS libres et gratuits comme Ubuntu. Des OS jugés suffisamment mûrs par RackSpace ou HP pour servir de base à leurs clouds publics. Et c'est sans parler d'Amazon qui appuie son offre EC2 sur une version maison de Xen ou des multiples offres de faiseurs d'offres français comme OVH. De quoi, qui sait, donner aussi quelques idées à de grandes entreprises (et des sueurs froides aux éditeurs commerciaux traditionnels...).
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«Je dois dire que la prochaine version d'Hyper-V 3.0 a l'air vraiment intéressante, du moins si elle tient ses promesses ", explique Christian Mohn, consultant en infrastructures pour EDB ErgoGroup à Bergen, en Norvège. "Elle a tout ce qu’il faut pour relancer la course avec VMware sur le marché des PME, ce qui devrait amener VMware à innover encore plus et peut-être même l’amener à revoir les fonctions et le prix de ses produits d’entrée de gamme. »

SCVMM 2012, l'atout caché d'Hyper-V 3.0

Les nouvelles fonctionnalités de l’hyperviseur de Microsoft ne sont pas les seules qui attirent les regards. La console d’administration System Center Virtual Machine Manager (SCVMM) 2012, actuellement au stade de release candidate, apporte, elle aussi, son lot d’améliorations. SCVMM 2012 supporte ainsi de nouveaux rôles administratifs et des workflows pour le portail de self-service, et intègre de nouveaux assistants pour le provisioning de machines virtuelles, d’éléments réseau et de ressources de stockage.

"Il semble que SCVMM 2012 va être un argument de poids face autres technologies de virtualisation », explique Christian Metz, un administrateur systèmes de la banque First American Financial à Miami. La société dispose actuellement d’un mélange de Citrix XenServer, Hyper-V et VMware. De ce fait, l'ajout du support de XenServer dans SCVMM 2012 intéresse Metz. Ce dernier confirme également que SCVMM 2012 est « bien moins cher à déployer, plus simple et que son portail de self-service fonctionne très bien. "

Selon Metz, l’arrivée de SCVMM 2012 a été moteur dans l’adoption d’Hyper-V 2.0  et d’ajouter : «Nous avons des discussions pour basculer l’ensemble de notre infrastructure vers Hyper-V, en fonction de la façon dont se passera ce premier déploiement. »

"Je pense que 2012 est l'année où Microsoft va devenir un challenger sérieux pour VMware», explique de son côté Janssen Jones, directeur adjoint en charge de l'infrastructure IT de l’Université de l’Indiana. «Avec l’arrivée prochaine de System Center 2012, les nouvelles fonctionnalités à venir dans Windows 8, et les récents changements du modèle de licence de VMware, je crois que les clients vont regarder de façon plus attentive les offres de virtualisation de Microsoft en 2012 qu’au cours des années précédentes. Ils ne feront sans doute pas de migrations massives, mais je pense qu'ils vont commencer à confier un pourcentage significatif de leurs nouvelles applications à cette plateforme. "

De l’avis général, le marketing de Microsoft autour d’Hyper-V s’est aussi singulièrement renforcé et VMware doit se préparer à une année 2012 bien plus offensive de la part de son concurrent. C’est en tout cas sans doute vrai pour la plupart des pays. Car, en France, l’éditeur est curieusement resté assez discret dans sa communication avec la presse professionnelle, préférant sans doute mettre l’accent sur les innovations plus grand public de Windows 8. La machine devrait toutefois se remettre en marche lors des prochains Tech Days, qui se tiendront du 7 au 9 février au Palais des congrès de Paris. Gageons que Microsoft devrait profiter de l’événement pour montrer les dernières nouveautés autour de Windows Server et d’Hyper-V.

Avec la contribution de Beth Pariseau, SearchServerVirtualization.com

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