Equipements télécoms chinois : JM Bockel persiste
En juillet dernier, le sénateur Jean-Marie Bockel avait jeté un pavé dans la mare.
En juillet dernier, le sénateur Jean-Marie Bockel avait jeté un pavé dans la mare. Dans
son rapport parlementaire sur la cyberdéfense, le sénateur se prononçait ouvertement pour une «interdiction totale sur le territoire européen des “routeurs de coeur de réseaux“ et autres équipements informatiques sensibles d’origine chinoise". Qualifiant ces routeurs d’équipements «hautement sensibles du point de vue de la sécurité des systèmes d’information», Jean-Marie Bockel estimait que «rien n’empêcherait un pays producteur de ce type d’équipements d’y placer un dispositif de surveillance, d’interception, voire un système permettant d’interrompre à tout moment l’ensemble des flux de communication ». Et de souligner qu' «aux Etats-Unis, les autorités ont pris ces dernières années plusieurs mesures afin de limiter la pénétration des équipementiers chinois Huawei et ZTE sur le marché américain pour des raisons liées à la sécurité nationale ». Les deux principaux intéressés ne sont pas restés sans répliquer. François Quentin, président de Huawei France, déplorait récemment de ne pas avoir été entendu par le sénateur et dénonçait l’absence de preuve. Tout à son effort de communication, l’équipementier a même présenté à la presse
un livre blanc consacré à la cybersécurité, fin septembre. L’occasion pour lui de souligner qu’il «s’engage à assurer la protection des systèmes de sécurité de ses clients, conformément à ses principes fondamentaux.» Lors d’une récente audition devant les parlementaires américains, Huawei et ZTE
ont nié les accusations selon lesquelles leurs équipements embarqueraient des logiciels espions. Mais les équipementiers sont également inquiétés ailleurs. En mars dernier, Huawei a été empêché de participer à un appel d’offres pour un vaste projet haut débit national pour des
raisons affichées de cybersécurité. En Inde, les agences de sécurité intérieure ont fait part de
leurs préoccupations quant au fait que ZTE devrait administrer le réseau 4G d’Airtel à Kolkata. Enfin, sans étayer les accusations qui pèsent sur les équipementiers chinois, le chercheur en sécurité Felix Lindner, du laboratoire Recurity Labs, qui s’exprimait lors de la conférence DefCon, cet été à Las Vegas, estime que les routeurs Huawei sont dangereux, notamment parce «
qu’on ne sait pas qu’ils sont vulnérables ». Dans
une récente lettre ouverte, Jean-Marie Bockel a réitéré son propos, allant jusqu’à estimer que Huawei confirme «de manière involontaire les soupçons» en indiquant que «pour mieux assurer la sécurisation des flux de ses clients, [il] analysait (grâce aux techniques dites de “deep packet inspection“) l’ensemble des flux de communications qui transitaient par ses équipements ».