L’affaire Itanium a insupporté les clients qui l’ont fait payer à Oracle
Nicolas Leroy-Fleuriot, patron de Cheops Technology, commente le dénouement de l’affaire Itanium, qui s’est traduit par la victoire de HP. Il explique comment HP compte rebondir pour reconquérir sa base installée.
Nicolas Leroy-Fleuriot, patron de Cheops Technology, commente le dénouement de l’affaire Itanium, qui s’est traduit par la victoire de HP. Il explique comment HP compte rebondir pour reconquérir sa base installée.
Oracle a récemment perdu son procès contre HP dans l’affaire Itanium, le tribunal ayant considéré qu’Oracle était contractuellement engagé à supporter la plate-forme pour toutes ses applications contrairement à ce que prétendait l’éditeur. Nous avons demandé à Nicolas Leroy-Fleuriot, patron de l’un des deux principaux intégrateurs Itanium français de nous livrer son décryptage sur le dénouement de cette affaire.
Que pensez-vous de la décision du tribunal qui a donné raison à HP dans l’affaire Itanium?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Cela devrait contribuer à apaiser les choses. Je note au passage qu’Oracle n’a pas fait appel contrairement à ce qu’il avait laissé entendre au départ. Une décision sage qui tient probablement compte la position des clients.
Dès le début de conflit, vous aviez pris position pour dire qu’Oracle avait plus à perdre qu’à y gagner. Vous aviez notamment averti du risque de migration de la base installée Unix vers l’open source. Est-ce que les faits vous ont donné raison?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Il y a bien eu des migrations notamment de la part de certaines entreprises de taille moyenne. Une évolution que nous avions du reste anticipée en sortant une offre de migration des grands Unix (AIX, HP-UX et Solaris) vers Linux Red Hat baptisée trajectoire replateforming. Mais ces migrations ont été le fait d’une minorité, la plupart des clients ne se sont pas affolé et ont attendu l’issue du procès. Nous avons même opéré malgré l’incertitude des migrations de AIX vers HP UX, les clients estimant que le date butoir de support d’Itanium fixée à 2018 était suffisamment éloignée pour justifier un investissement de moyen terme.
Mais les ventes de HP s’en sont apparemment fortement ressenties avec une réduction de l’ordre de 30% sur la période.
Nicolas Leroy-Fleuriot : Certes, le marché des serveurs Itanium est en décroissance. Il y a eu des renouvellements mais beaucoup ont gelé ou retardé leurs investissements. Pour autant, Oracle n’en a pas tiré profit à voir les résultats de sa division hardware héritée de Sun.
Pourquoi à votre avis?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Cette affaire a insupporté les clients sur le terrain qui n’ont pas goûté qu’Oracle essaye d’imposer son hardware et les force à quitter HP. On a ainsi vu des clients rester sur plate-forme HP mais passer sur base de données Sybase aux coûts de maintenance plus avantageux que la base d’Oracle.
Maintenant que cette affaire est réglée et qu’Oracle a indiqué qu’il allait continuer à sortir régulièrement des mises à jour de ses applications pour la plate-forme Itanium, quels sont les choix qui s’offrent désormais aux clients?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Cela dépend du niveau de criticité dont ils ont besoin. Les clients les moins exigeants peuvent s’orienter vers des plate-formes x86 standard avec éventuellement un cluster Linux. Mais les plus exigeants devront s’orienter sur l’in des trois systèmes de cluster critique de référence que sont IBM HACMP, Sun Solaris ou HP MC/Serviceguard qui nécessitent encore d’opter pour les plates-formes Unix associées. HP vient toutefois d’annoncer le portage de MC/Serviceguard sur Linux Red Hat en conservant le même niveau de criticité et IBM commence à répondre sur x86 avec PureSystems.
Comment comptez-vous reconquérir le terrain perdu sur le marché HP?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Cette annonce du portage de MC/Serviceguard sur Linux est un vrai argument y compris pour vendre le haut de gamme HP, ses Superdome 2, car ces derniers permettent d’accueillir des lames x86 et donc de bénéficier de toute la criticité de la plate-forme en revenant sur du standard. C’est le fameux projet Odyssée qui se concrétise. Nous misons également beaucoup sur la sortie des nouvelles machines Itanium à base de Poulson qui seront annoncée dans les prochains jours pour une disponibilité avant la fin de l’année. Nous organisons un séminaire en partenariat avec HP pour présenter ces machines fin octobre où nous aborderons également Odyssée et nos offres de replateforming. Ces dernières feront l’objet d’un séminaire spécifique mi-novembre.
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