Airbus confierait l’assurance qualité de ses projets IT à Mahindra Satyam
Un contrat sur trois ans à 20 M$. C’est que ce viendrait de décrocher un Mahindra Satyam qui continue de se débattre avec le contrecoup des malversations de son ancien PDG, révélées fin 2008. Dans le cadre de ce contrat, la SSII indienne devrait assurer de la maintenance applicative mais, surtout, superviser les processus d’assurance qualité des projets informatiques internes à l’avionneur. Du moins est-ce que qu’indiquent nos confrères de la presse indienne : pour l’heure, ni la SSII ni le constructeur ne confirment la signature de ce contrat ; les syndicats français d’Airbus tombent des nues.
Selon l’Economic Times of India, dans son édition datée du 5 décembre, Airbus vient de confier une partie de sa maintenance applicative et l’assurance qualité de ses projets informatiques internes à la SSII indienne Mahindra Satyam. Le tout dans le cadre d’un contrat de 3 ans valorisé à 20 M$. Citant des sources anonymes, nos confrères soulignent qu’avec un tel contrat, Mahindra Satyam s’offre le ticket d’entrée pour un éventail de prestations bien plus large : « ce contrat va placer Satyam à une position à partir de laquelle ils vont pouvoir développer une vision globale des projets et des technologies qui contrôlent l’organisation. » Une position clé, donc, aux vastes perspectives.
Contacté dans la journée par leMagIT, le service de presse de l'avionneur s'est refusé à tout commentaire. En Inde, Mahnindra Satyam n'a, quant à lui, pas répondu aux sollicitations de nos confrères du sous-continent. En revanche s'est l'inquiétude côté syndical en France. Jointe par téléphone, la CFTC s'étonne ainsi : « jusqu’ici, on avait évoqué la possibilité de délocaliser de petits projets. Mais rien d’aussi important. Ce n’est pas une excellente nouvelle. Cela dit, la direction est claire : la faiblesse du dollar va conduire à délocaliser encore plus massivement. » La CFDT ne semble pas plus informée : « nous n’avons quasiment pas d’information là-dessus. » Rien de plus, donc, que ce qu’ont indiqué nos confrères indiens. Des informations supplémentaires pourraient être divulguées à l’occasion du prochain comité central d’entreprise, le 16 décembre.
Economies d’échelle et sous-traitance
Reste que, pour le représentant de la CFDT contacté par Le MagIT, la nouvelle n’a pas l’air de constituer, en soi, une surprise. « Avec Power 8, la direction ne cache pas sa volonté de recourir largement à l’externalisation. » Certains efforts de rationalisation commencent d'ailleurs à dater : en 2007, EADS, la maison mère d’Airbus, a choisi de consolider l’informatique des fonctions support au travers du projet SSD – Shared Services Delivery. A l'époque, la question de la délocalisation d’une partie de l’informatique vers l’Inde, notamment, était apparue dans des comptes-rendus de CE.
Et puis, la semaine dernière, EADS a clairement exprimé son intention d’aller profiter de la matière grise indienne en ouvrant la première implantation d’Innovation Works hors de l’Europe – Innovation Works fait partie de la R&D du groupe aéronautique. En l’occurrence, c’est Bangalore qui a été retenue. Là, EADS entendrait notamment travailler sur les biotechnologies dans le cadre de l’élaboration de nouveaux carburants. L’ISRO, l’institut indien de recherche aérospatiale, qui s’est illustré cet été dans le cadre d’une mission conjointe avec la Nasa sur l’étude de la Lune, pourrait aussi être sollicité pour le développement de nouveaux propulseurs.
Reste que la création d’Innovation Works à Bangalore ne marque pas l’implantation nouvelle d’EADS sur ce sol mais un renforcement d'une présence existante. En fait, la nouvelle entité va reprendre les 120 ingénieurs d’Airbus déjà présents sur place puis grossir progressivement pour atteindre 400 personnes d’ici à 2012, dans le cadre de projets sur les radars, l’ingénierie et le développement logiciel. Au total, Airbus ferait déjà appel à une vingtaine de sous-traitants indiens parmi lesquels Infosys, Quest et HCL, en plus, maintenant, de Mahindra Satyam.