Maturité de la DSI : les Français au-dessus de la moyenne mondiale
Selon une étude menée par Capgemini Consulting pour le Cigref, les DSI français sont au moins aussi proches des directions métier que leurs homologues à l'international. Une position idéale pour aborder ce que le club définit comme la nouvelle frontière : la gestion de l'information.
Présentée en fin de semaine dernière par le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) et Capgemini Consulting, une étude sur la maturité de la fonction SI dans les entreprises laisse apparaître que seules 37 % des organisations établissent un lien direct entre l'usage de l'IT et leur position dans l'environnement concurrentiel. Menée auprès de 490 DSI dans le monde, l'étude pointe au Cigref, accroché au credo de la création de valeur par l'IT depuis des années, tout le chemin qu'il reste à parcourir.
Mais elle lui donne aussi des raisons d'espérer : les entreprises qui établissent le lien entre investissement IT et atout concurrentiel sont aussi celles dont la fonction SI a atteint le plus haut niveau de maturité, selon l'échelle à trois barreaux définie par Capgemini. Cette échelon, baptisé "Technologie Métier" dans l'étude pour montrer la proximité entre ces deux interlocuteurs, est caractérisé par une "grande implication (de la DSI, NDLR) dans la stratégie de l’entreprise et dans l’innovation" ainsi que par l'encouragement "des comportements tournés vers la collecte, le partage et l’actualisation de l’information".
En dessous de ces organisations les plus mûres dans leur approche de l'IT, figure un autre gros tiers d'entreprises (39 %), que Cap a affuble du terme "Centre de services" pour caractériser la relation client-fournisseurs établie entre DSI et métiers. En bas de l'échelle, 24 % des organisations ont une approche essentiellement tournée vers les coûts ("Utilitaire Technologique"). Cette échelle à trois barreaux est décrite par Capgemini comme le chemin de progression naturel des organisations.
MOA-MOE : d'abord une aide, puis un obstacle
A noter : les entreprises françaises font plutôt mieux que la moyenne, avec seulement 16 % des organisations qui en restent au niveau le plus faible. Un résultat qui tend à montrer que la spécificité française, la partage des rôles entre MOE-MOA, n'est pas en soit un obstacle à l'évolution de la DSI. Du moins dans un premier temps, expliquent les auteurs de l'étude. "Quand la situation est peu maîtrisée, la formalisme de la relation MOE-MOA et le découpage qu'elle entraîne amène un certain niveau de maîtrise", note par exemple Pascal Buffard, vice-président du Cigref et directeur des opérations transverses de Axa France. "Mais une DSI plus proche des métiers passe par l'abandon de ce modèle MOE-MOA", assure Patrick Ferraris, de Capgemini Consulting. Le cabinet note d'ailleurs que les entreprises les plus évoluées sur l'échelle qu'il a définie sont aussi celles qui utilisent le moins le formalisme MOA-MOE dans leurs rapports entre métiers et DSI.
Des "ambassadeurs" de la gestion de l'information
Au-delà de ces constats, en s'appuyant sur les travaux de l'IMD de Lausanne (Suisse), le Cigref dessine la nouvelle frontière du DSI : la gestion de l'information. "Il devient indispensable pour les entreprises de dépasser le cadre traditionnel du management des SI pour prendre en compte l’ensemble des facteurs liés à l’utilisation efficace de l’information. Progresser uniquement sur la dimension des SI ne produira pas les effets escomptés sur la performance des entreprises et ne fera qu’accroître la sous-utilisation du potentiel des SI développés", écrivent les auteurs sur la base des conclusions de Donald Marchand, professeur au sein de l'université suisse. Et le Cigref d'appeler les DSI à devenir les "ambassadeurs de cette réforme".
Réduction des coûts : tous logés à la même enseigne |
Qu'il soit proche des métiers ou vu comme le gestionnaire d'un centre de coûts, le DSI n'a pas échappé aux figures imposées de cette année 2009 : la réduction des coûts. 82 % des 490 DSI interrogés par Capgemini Consulting dans le monde ont menés un plan de réduction des coûts. Principal levier actionné : la révision des contrats fournisseurs (68 %). Suivent la révision du porte-feuille de projets, l'externalisation de certains services, la réorganisation et l'automatisation de la fonction et la révision des contrats de services avec les métiers. "Mais, par rapport à 2002-2003, les DSI sont plus en situation de collaboration avec les métiers", tempère Pascal Buffard, vice-président du Cigref. |