Manifeste SOA : 564 signataires pour repositionner le concept des architectures de services
Le 23 octobre dernier, était annoncé le premier manifeste SOA, un guide censé favoriser la réussite de projets SOA et qui se borne à mettre de côté la technique pour se concentrer sur l’essentiel : la gestion et le métier. Paul Brown, architecte chez Tibco et l’un des auteurs du manifeste, revient sur le sujet après presque deux mois d’existence du texte. Un texte qui compte déjà 564 signataires.
Après presque deux mois de publication en ligne (le texte a été publié lors du 2ème symposium international SOA), le manifeste SOA a récolté quelque 564 signatures d’architectes (au 14 décembre 2009) et de décideurs liés à l’infrastructure dans les entreprises. “Un succès” pour Paul Brown, l’un de ses rédacteurs et architecte principal chez Tibco Software, qui se félicite d’avoir touché des architectes souvent “meneurs d’équipe” qui ont pris “un engagement qui n’est pas éphémère”.
Ce manifeste, à l’image de celui autour des méthodes agiles, visait notamment à dissiper l’épais brouillard qui entoure les architectures orientées services. Un principe d’architecture d’entreprise qui avait peu à peu été boudé par les entreprises pour ne pas avoir donné les résultats escomptés, et surtout pour avoir généré un taux d’échec qualifiés d’importants par les analystes dans les projets concernés. Il y a presque un an, le 5 janvier 2009, Anne Thomas Mannes, analyste au Burton Group, avait purement décrété la mort de la SOA dans un billet désormais très controversé (“SOA is Dead; Long Live Services”). Provoquant à l’époque un raz de marée dans l’ensemble de l’écosystème, et particulièrement chez les éditeurs de solutions propres à la SOA. D’autres cabinet, comme le Gartner, estimaient que la SOA susbsisterait, mais sous d’autres formes (comme le Cloud Computing).
"Un concept complètement brouillé"
Nombre de projets sur le déclin, entreprises frileuses, coupes dans les budgets à la faveur de la crise : le manifeste se donnait pour tâche de repositionner le concept dans l’esprit des architectes pour le placer, non pas comme un enjeu technologique, mais davantage comme une question de gestion. Fi les outils, recentrons le débat sur le métier et ses besoins. “On a usé et abusé du terme SOA de tant de manières différentes que le concept lui-même a été complètement brouillé. Et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, le concept de « service orientation » est assez subtil : il s’agit d’une manière d’organiser à la fois l’activité et les systèmes qui la supportent. Comprendre cette méthode demande du temps et de la réflexion. Ensuite, de nombreuses sociétés de logiciels ont exacerbé le problème en donnant l’impression qu’en faisant simplement l’acquisition et l’usage de leurs produits et technologies, on pouvait disposer d’une architecture SOA”, explique Paul Brown.
A travers les 14 principes que pose le manifeste, Paul Brown, accompagné de chercheurs, d’analystes, de journalistes et de responsables de chez Microsoft ou Oracle (voir la liste des auteurs), a souhaité proposer un cadre sur lequel chacun pouvait s’accorder. Pas un consensus se défend-il - celui-ci existait déjà -, mais plutôt une articulation de “ces valeurs et principes entre eux” ainsi qu’un partage “pour montrer à autrui comment profiter des avantages générés par ce paradigme”. On y retrouve les priorités à donner lors de la réalisation d'un projet SOA : valeur métier plutôt que stratégie technique, objectifs stratégiques plutôt que bénéfices spécifiques à un projet, interopérabilité intrinsèque plutôt qu’intégration propriétaire, services partagés plutôt qu’implémentation spécifique à un besoin particulier, flexibilité plutôt qu’optimisation, amélioration incrémentale plutôt que recherche de la perfection initiale.
Un guide pour identifier le point d'équilibre et évaluer les bons compromis
Des adages quon peut juger un peu vagues et transversaux (pouvant être appliqués à toutes formes de conception d’architectures). Paul Brown tente de s’expliquer de façon imagée : “envisageons l’escalade d’une montagne. L’arrivée au sommet représente le point d’équilibre, concrétisant les valeurs proclamées dans le manifeste. Mais il y a de nombreuses manières de grimper au sommet de la montagne : à pied, en voiture ou même en sautant d’un hélicoptère. Pour chaque moyen de « transport », on peut également suivre divers chemins. Le choix du chemin à emprunter pour arriver au sommet implique de nombreux compromis, toujours bien spécifiques à chaque entreprise. Ce manifeste veut être le guide sur deux points : identifier l’équilibre approprié et faire les compromis adaptés”. Décidemment, avec la SOA, le chemin est toujours long et semé d’embuches.