Spécial Copenhague : la gestion des émissions carbone, prochaine application reine du SI ?
Un marché bientôt aussi gros que celui du CRM actuellement ? Si on en croit les analystes, le marché des logiciels permettent de traquer et de gérer les émissions de carbone est promis à un boom. Les éditeurs ne s'y trompent pas : tous les grands noms du logiciel (IBM, SAP, Oracle, SAS, Microsoft et CA) se ruent sur le créneau.
Et si la prochaine couche applicative d’envergure du SI concernait la gestion du bilan carbone des entreprises ? Ils sont quelques optimistes à y croire estimant même que le marché global pour ce type d’applications pourrait un jour représenter 9 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, l’équivalent du CRM – la gestion de la relation clients – en 2009. Déjà, selon le cabinet d'études AMR Research, 3,64 milliards de dollars auront été dépensés par les entreprises pour réduire leur empreinte carbone, mais pas seulement dans le logiciel. De nombreuses organisations ont plutôt investi dans la traque aux économies d’énergie, d’autres cherchent à gérer au mieux leurs émissions de CO2. Reste que la plupart ont « recyclé » des technologies maîtrisées dans d’autres contextes, comme les outils de reporting ou encore les bases de données.
AMR recense déjà 157 logiciels dédiés
Du côté des fournisseurs, on ne s’y trompe pas et ils sont nombreux à sophistiquer de plus en plus des offres au départ largement marketing. Dans une étude récente AMR Research toujours – qui s’intéresse particulièrement au sujet – a identifié aux Etats-Unis 157 fournisseurs de solutions dédiées. Quelques-uns sont concentrés sur les fonctions de reporting, d’autres sur la mise en conformité ou encore sur l’optimisation des processus de production. Quelques spécialistes sont sur le segment depuis de nombreuses années. La plupart sont cependant des start-up qui viennent depuis quelques mois d’être rejoints par les mastodontes du secteur : IBM, SAP, Oracle, SAS ou encore Microsoft et CA.
Ce dernier vient d’ailleurs de jouer les pionniers en terme de déploiement de masse en réalisant un projet pour le compte de Tesco, une des principales chaînes de supermarchés britanniques, numéro 3 du secteur dans le monde. Depuis octobre 2009, 468 000 salariés Tesco sur 4 300 sites de 14 pays utilisent CA EcoSoftware pour contrôler les émissions de gaz carbonique liés aux systèmes électriques, de réfrigération ou encore à l’air conditionné. Objectif du groupe : les réduire de 50 % d’ici 2020. Tesco fait figure de pionnier, mais sera bientôt suivi par de nombreux groupes britanniques et CA pourrait bien avoir trouvé un beau filon au Royaume-Uni après avoir signé une référence majeure. Au terme d’un texte de loi baptisé Carbon Reduction Commitment, les députés britanniques font en effet obligation aux groupes utilisant plus de 6 000 Mégawatts d’électricité à l’heure de mesurer et de rendre publique leur consommation d’énergie.
Oracle et SAP s’y mettent et devraient devenir dominants
Le genre de loi qui pousse les éditeurs à innover. Du côté de Microsoft on s’est attaqué au grand public à l’occasion du sommet sur le changement climatique, qui se tient actuellement à Copenhague. L’éditeur propose deux outils permettant de comprendre les enjeux liés aux changements climatiques et de gérer son empreinte carbone.
De son côté, SAP a présenté récemment BO Sustainability Performance Management, une application ambitieuse qui doit permettre aux entreprises de mieux gérer leurs performances, y compris environnementales, en offrant une vision globale sur les indicateurs en matière de développement durable. En clair, le numéro un du PGI souhaite mettre – au moins en matière décisionnelle – l’environnement de gestion des paramètres environnementaux au niveau de la finance. Une manière de redonner du souffle à ses progiciels en surfant sur la vague verte. S'exprimant à l'occasion d'une conférence récente à Boston, Peter Graf, responsable du développement durable de l'éditeur (y compris des offres logicielles en la matière), expliquait : "la crise n'a pas mis sous le boisseau les préoccupations des entreprises en la matière. Au contraire, la compréhension des origines des émissions de carbone et de la consommation d'énergie leur permet d'identifier les zones d'inefficacité dans leurs processus, donc de gagner en productivité."
Le retour de Tom Siebel en outsider
Une stratégie qui pourrait bien s’avérer gagnante : des analystes interrogés par nos confrères de The Economist estimaient récemment que Oracle et SAP – les deux principaux éditeurs de PGI et tous deux dans les trois premiers éditeurs mondiaux en matière de décisionnel – étaient les mieux armés sur le segment des applications de gestion environnementale. Les mêmes s’entendaient pour nommer un troisième larron : le pure player C3, édité par une start-up emmenée par… Tom Siebel, l’un des pionniers du CRM dont l’outil éponyme et numéro un de la relation clients dans le monde est depuis quelques années la propriété d’Oracle.
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