Sondage : nos lecteurs divisés sur le blocage par Bruxelles de la fusion Oracle/Sun

La Commission européenne s'inquiète du devenir de MySQL une fois absorbé par Oracle, bloquant de ce fait la fusion avec Sun. Inutilement, jugent 40 % des lecteurs qui se sont exprimés via notre sondage, la licence GPL de MySQL la protégeant de toute tentative d'étouffement. Mais exactement la même proportion de lecteurs défendent la démarche de Bruxelles.

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L'enquête de la Commission européenne sur les conséquences de la digestion de MySQL par Oracle (via le rachat de Sun) est-elle justifiée ? A cette question, nos lecteurs sont, depuis la mise en ligne de notre sondage, on ne peut plus divisés. A l'image de la communauté Open Source elle-même.

En effet, près de 40 % des lecteurs qui se sont exprimés estiment que l'enquête de Bruxelles est justifiée, car Oracle s'apprête à museler la base de données libre pour laisser le champ libre à son SGBD propriétaire (11g). C'est aussi l'opinion de Monty Widenius, le co-fondateur de MySQL aujourd'hui parti lancer une nouvelle base de données Open Source. Dans une interview dans nos colonnes, ce dernier expliquait : "j'ai de bonnes raisons de croire que MySQL a fait perdre 1 milliard de dollars de profit à Oracle cette année. Si Oracle rachète MySQL, quel élément va l'inciter à développer une solution qui leur fait perdre 1 milliard ? MySQL n'a jamais fait beaucoup de profits, peut-être 100 millions dans le meilleur des cas. Pourquoi les dirigeants d'Oracle feraient-ils quelque chose d'une activité qui rapporte si peu ? Il n'y a pas de logique à le faire".

GPL : assurance tout risque contre Oracle ?

Mais nos lecteurs sont autant à penser (40 %) que, quelles que soient les motivations réelles de Larry Ellison, la nature de l'Open Source protégera MySQL, en raison de la licence GPL qui couvre la base de données. Dans nos colonnes là encore, Larry Augustin, le fondateur de VA Linux (aujourd'hui SourceForge) et désormais Pdg de l'éditeur Open Source SugarCRM, expliquait ainsi en octobre dernier : "je pense qu'Oracle verra le bénéfice qu'il pourra retirer de ce qu'est MySQL, qui lui permet d'adresser un segment de marché qu'il ne touche pas pour l'instant. Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas si grave car MySQL est écrit en code GPL, auquel chacun peut avoir accès". Une façon de dire que, même si Oracle tente d'étouffer MySQL, l'ouverture du code permettra la naissance de nouvelles initiatives sur la base du code disponible (en langage Open Source, on parle de fork).

Illusoire selon Jean-Paul Smets, le Pdg de l'éditeur français d'ERP libre Nexedi, qui propose à la Commission de reprendre MySQL... pour 1 euro. "Bien sûr, rien n'empêche une société tierce de faire une offre commerciale autour de MySQL. Ce raisonnement est compatible avec le mythe du développement communautaire. Je parle de mythe car un produit comme MySQL Cluster (une version cluster de la base exploitant le moteur NDB conçu à l'origine par Ericsson, NDLR) a nécessité une équipe de 4 développeurs pendant 5 années. Et, dans ce cas, le développement communautaire seul ne suffit pas." Autrement dit, selon Jean-Paul Smets, sans le concours de grandes sociétés, des produits de ce type n'existeraient pas dans la sphère Open Source.

Un blocage qui détruit Sun ?

Enfin, signalons qu'environ 2 lecteurs sur 10 considèrent la position de la Commission "abusive", estimant qu'en s'intéressant au devenir de MySQL, Bruxelles met surtout en péril l'emploi chez Sun, en pleine incertitude alors que le rachat par Oracle, annoncé en avril 2009, tarde à se concrétiser. En septembre, Larry Ellison expliquait que le constructeur californien perdait en l'état 100 millions de dollars par mois. Soit environ deux fois plus que dans la période précédant l'annonce du rachat. Un message qui est devenu extrêmement concret en octobre, quand Sun a annoncé la suppression de 3 000 postes dans le monde d’ici septembre 2010.

165 lecteurs se sont exprimés dans le cadre de notre sondage.

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