MySQL : La "pétition Monty" gonfle, mais laisse la communauté dubitative

Avec plus de 23 800 signataires recensés ce jour, la "pétition Monty", qui vise à préserver l'indépendance de MySQL, grandit au fur et à mesure qu'approche le verdict de Bruxelles sur le rachat de Sun par Oracle. Pourtant au cœur de la communauté, le message véhiculé par Monty Widenius, co-fondateur de MySQL, perd un peu de sa superbe, et laisse même sceptiques certains de ses membres influents.

Trop peu et trop tard ? C’est la question que l’on peut se poser au vu du nombre de signataires de la pétition lancée par Monty Widenius pour mettre la pression sur la Commission européenne afin qu'elle préserve l'indépendance de MySQL dans le cadre du rachat de Sun par Oracle. Une pétition “helpMySQL” dont le but premier est de faire parler d’une seule et unique voix la communauté MySQL sur l’avenir de sa base de données Open Source préférée.

Quelque 8 jours après son inauguration, la pétition a engrangé plus de 23 800 signatures (recensées ce jour - 7/01/2010), dont 14 000 ont été expédiées à Bruxelles le 4 janvier dernier. Mais aussi aux régulateurs du ministère du commerce chinois, du service fédéral russe de lutte contre les monopoles (FAS) et à la commission de la concurrence suisse. Une dimension mondiale, voulue dès le départ par Widenius et qui devrait s'étendre au Japon et au Brésil, précise un communiqué de presse.

Aujourd’hui, presque 70 % des signataires sont situés dans les Etats membres de l’Union européenne (48,7 %) et aux Etats-Unis (20,6 %). 4,7 % proviennent de pays européens hors zone Europe, 2,3 % de Chine, 0,6 % de Russie. Le Brésil et le Japon se partagent 2,9 % des signatures actuelles. Le reste du monde atteint 19,7%.

L’élargissement aux autres territoires ne devrait donc pas peser très lourd dans la balance - même si depuis le 4 janvier, la part de la Chine et des pays européens hors zone Europe progresse et celle des pays EU et des Etats-Unis fléchit - alors qu’approche l’échéance ultime du 27 janvier, date à laquelle la Commission doit rendre son verdict et statuer sur le sort du rachat. Une décision très attendue qui s’achemine, sans doute, vers une issue favorable à Oracle.

Si Pascal Borghino, président du club des utilisateurs MySQL en France (Lemug.fr), se dit “surpris du peu de participation à cette pétition [en parlant des 14 000 expédiées à la Commission, NDLR]”, il s’avoue également décontenancé par l’attitude de Monty Widenius et par les résultats des propositions choisies pour l’heure par les signataires. Rappelons que les signataires doivent exprimer leur choix sur le devenir de MySQL à travers 3 propositions rédigées par le camp Widenius. “Le texte de la pétition demande aux autorités de la Concurrence du monde entier de bloquer l’acquisition de Sun par Oracle, à moins qu’une des solutions choisies par les signataires soit mise en oeuvre”, expliquait alors Monty.

A 93,4 %, c’est la première proposition (‘MySQL doit être cédé à une partie tierce appropriée qui pourra continuer son développement sous les termes de la GPL’) qui a les faveurs des signataires. Suit d’une courte tête la 3e proposition (“Oracle doit publier toutes les versions précédentes et futures de MySQL (jusqu'en décembre 2012) sous la license Apache Software License 2.0 ou une license permissive similaire afin que les développeurs de logiciels et de versions dérivées (forks) puissent avoir une flexibilité concernant leur code”) avec 59,1 %. Et enfin la 2e (“Oracle doit s'engager à permettre une exception de linkage pour les logiciels qui utilisent MySQL avec des librairies clientes (pour tous les languages de programmation), pour les greffons et libmysqld. MySQL en lui même reste sous license GPL”) avec 58 %.

Pascal Borghino considère pour sa part la première solution comme presque “ridicule”, ne voyant pas Oracle donner quoi que ce soit. Un tel scénario, selon lui, ne fait pas sens d'un point de vue économique : "Cela ne se produirait probablement pas dans n’importe quel autre business”, souligne-t-il.

Il se montre aussi de plus en plus sceptique  quant à la crédibilité de Monty qui s’amenuise au fur et à mesure que sa campagne de féroce lobbying prospère. Un scepticisme qui gagne par ailleurs petit à petit d'autres membres importants de la communauté Open Source. A commencer par Steve Holden, président de la Python Software Foundation, qui se demande sur son blog pourquoi donc Monty estime avoir encore le droit de se battre au nom de MySQL après l’avoir revendu. Surtout s’il a “croqué” dans le milliard issu du rachat de MySQL par Sun. MySQL, combien de divisions ?

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