Telecity ouvre son troisième datacenter parisien
Ce sont près de 3500 m2 de salle d’hébergement que l’hébergeur TelecityGroup vient de commencer à ouvrir et s’apprête à inaugurer à Aubervilliers, en proche banlieue de Paris. Ce nouveau datacenter, baptisé Condorcet, se veut exemplaire à de nombreux égards, que se soit en termes de sécurité physique que de respect de l’environnement. Mais, sur ce point, l’hébergeur continue de se heurter aux limites imposées par son métier : ses clients.
D’ici une dizaine de jours, TelecyGroup inaugurera son troisième centre de calcul de français, à Aubervilliers, à la périphérie de Paris. Baptisé Condorcet, ce datacenter se veut exemplaire. C''est en tout cas ce qu''affirme Stéphane Duproz, le directeur général de TelecityGroup France, qui a supervisé le chantier pendant plus de 8 moins. Avec ses 3400 m2 de salles informatiques, le datacenter Condorcet est conçu pour être de classe 4 (Tier 4) : il se veut irréprochable tant en termes de disponibilité que de sécurité des installations. Il doit d''ailleurs être certifié ISO 27001:2005 (pour la sécurité) et ISO 14001 (pour le respect de l’environnement).
Une architecture de cubes pare-feu imbriqués
Le centre de calcul Condorcet est constitué de trois bâtiments accolés les uns aux autres mais isolés par des cloisons coupe-feu 2h. Le premier abrite un espace de bureaux, qui accueille notamment le centre de supervision des lieux. Le second est une usine intégrant la production de froid et l’alimentation électrique. Enfin le dernier accueille les deux salles d’hébergement séparées par un long couloir de communication – les deux salles, elles-mêmes, sont scindées en deux parties séparées par une cloison coupe-feu 2h.
Le rafraichissement des lieux est confié à quatre chaînes de production de froid qui alimentent sans distinction l’ensemble de la surface d’hébergement. Le froid est distribué par un réseau d''eau glacée circulant sous la dalle sur laquelle est posée le faux plancher. Cette eau alimente des climatiseurs qui pulsent l’air frais sous le faux plancher.
Le nouveau datacenter est alimenté par deux sous-stations du réseau électrique différentes – le raccordement à la seconde a nécessité plusieurs kilomètres de génie civil. Ces raccordements distincts au réseau électrique alimentent trois pôles de production basse tension ondulée redondants en N+1. Le tout est bien sûr couplé à des groupes électrogènes. Stéphane Duproz explique que « chaque baie sera alimentée par deux des trois pôles de production basse tension électrique. » De quoi éviter les interruptions de service en cas de panne sur l’un des pôles. Pour le patron de TelecityGroup France, « virtuellement, si vous n’avez pas besoin d’avoir deux sites distants de 30 km, vous pouvez avoir vos deux sites ici. » Au total, la capacité électrique du site est de l’ordre de 6,4 MW, soit une puissance moyenne de 2 KW par m2, et la possibilité de distribuer entre 2,6 et 20 kW par rack.
Au-délà de ces éléments chargés de garantir la disponibilité du site, TelecityGroup France a ajouté, pour obtenir la qualification de Tier 4, des éléments de sécurité. L’accès au site et à ses différentes parties est sécurisé par biométrie ; les équipements de sécurité, s’ils venaient à ne plus être alimentés par les groupes électrogènes, peuvent être secourus pendant trois jours par une pile à combustible.
Les limites de l’hébergement
Pour la production de froid, Stéphane Duproz indique recourir à des techniques dites de Free Chilling : il utilise, l’hiver, le froid extérieur pour réduire la consommation énergétique du site. Mais, au-delà, les possibilités d’optimisation énergétique paraissent limitées, du fait même du métier de Telecity Group. Une situation déjà vue chez d’autres hébergeurs, comme Prosodie, par exemple.
L’équipement des salles d’hébergement permet de relever, de manière individualisée, la consommation électrique de chaque baie. Une capacité dont l’exploitation, sur un plan commercial, n’est pas forcément simple : « C’est techniquement possible et négociable commercialement », de facturer à la consommation, reconnaît Stéphane Duproz. « Mais, jusque là, ce que l’on a surtout vu, c’est un mélange avec une partie fixe liée à l’occupation au sol et à la capacité réservée, assortie d’une part variable liée à la consommation effective. »
En outre, en l’état, l’aménagement des salles ne permet pas simplement de pulser de l’air froid par le haut comme certains le font déjà dans leurs datacenters. Reste les techniques d’isolement des allées froides et chaudes, façon Cold Corridor, mais leur emploi reste à la discrétion des clients.
Dans ces conditions, on comprend que Stéphane Duproz se refuse à communiquer toute estimation de PUE (Power Usage Effectiveness, rapport entre l’énergie consommée par le datacenter et celle utilisée par l’équipement informatique) à pleine charge. Dans la pratique, on imagine d’ailleurs difficilement que le site puisse tomber en dessous de 1,5.
Une ambition écologique affichée
Le patron français de Telecity Group n’en affiche pourtant pas moins une ambition écologique pour son nouveau datacenter. Et d’évoquer notamment la peinture, en blanc, du toit de la structure, pour réduire son albédo. Pas de panneau de solaires dessus – « rendement trop faible » - mais une participation au financement de la recherche via EDF et des contrats Equilibre+. En outre, le site n’utilise pas de PVC – même les gaines des câbles font l’impasse sur ce polymère. Enfin, le datacenter Condorcet doit abriter un jardin méditerranéen, réchauffé grâce à la production de chaud du centre de calcul : ce jardin sera géré par l’INRA qui entend y conduire des recherches sur la végétation en Ile-de-France à l’horizon 2050. Stéphane Duproz regrette d’ailleurs de ne pas avoir pu faire plus, en matière d’utilisation de la production de chaud du centre de calcul : le propriétaire d’un bâtiment voisin n’a pas saisi l’opportunité ; la mairie d’Aubervilliers n’a pas pu se décider à temps alors qu’elle était encore dans l’incertitude sur le projet de campus universitaire Condorcet.
Le datacenter Condorcet de TelecityGroup France a commencé sa mise en production progressive : pour l’heure, seule une moitié de l’hébergement est effectivement l’ouvert ; la seconde suivra avec la progression de la clientèle. Pour Stéphane Duproz, « pas de question de servir de banquier à nos fournisseurs. » En attendant, l’hébergeur, qui indique avoir déjà réalisé l’essentiel des investissements sur ce site, aura profité à plein des mesures gouvernementales supprimant la taxe professionnelle sur les nouveaux investissements réalisés en 2008 et 2009. Une économie chiffrée à plusieurs dizaines de millions d’euros.