Spécial CES : la guerre entre ARM et x86 est relancée
Cette fois-ci, la guerre est déclarée entre Intel et l'architecture ARM. Lorsque le géant des puces x86 a revendu ses puces à base d’architecture ARM, les Xscale, à Marvel en 2006, certains ont pensé qu'il abandonnait le terrain des mobiles à l’architecture ARM et à ses grands partisans comme Qualcomm ou TI. Manifestement, c’était une erreur. De fait, Intel vient de signer son retour sur le segment des terminaux mobiles en partenariat avec LG. En face, ARM ne s'endort pas sur ses lauriers et cherche à étendre son terrain de chasse tant avec les tablettes multimédia qu’avec de nouveaux ultra-portables connectés, les Smartbook.
Intel revient dans la téléphonie mobile. Le fondeur a profité du Consumer Electronics Show (CES, grand messe de l’électronique grand public), qui se déroule actuellement à Las Végas, pour présenter, avec le coréen LG, un Smartphone animé par une puce Atom à basse consommation. La vente à Marvell Technology, en 2006, de la famille XScale de processeurs à architecture ARM pour terminaux mobiles, laissait plutôt entrevoir un abandon de ce marché. Mais lorsqu’en juin dernier, Intel a racheté WindRiver, le message était clair : pas question de laisser tomber l’embarqué, ni de le laisser à d’autres plateformes telles qu'ARM. Une architecture qui, justement, ne manque pas, toujours CES, de faire preuve d’agressivité sur des segments de marché que l’on aurait pu imaginer réservés à Intel.
En l’occurrence, il s’agit de celui des smartbook, une catégorie naissante, à mi chemin entre le Smartphone et le netbook (notons que le concept de smartBook n'est pas tout à fait nouveau, Apple ayant déjà tenté l'aventure sur le marché de l'éducation en 1998 en lançant l'eMate, une machine motorisée par une puce StrongARM et équipée de l'OS Newton qui revendiquait plus de 30 h d'autonomie; on se souviendra aussi du Netbook de Psion). Freescale vient ainsi de profiter du CES pour présenter son premier prototype, sur base ARM. HP a fait de même, en partenariat avec Qualcomm et son processeur Snapdragon ; une puce qui doit notamment équiper le Nexus One de Google. La puce Snapdragon animera aussi le smartbook Skylight de Lenovo. Et que dire de Nvidia qui vient de présenter sa plateforme Tegra 2, visant clairement le segment des smartbooks et exploitant, en son cœur, deux cœurs ARM.
Mais Tegra 2 ne vise pas que les smartbooks : la plateforme doit aussi équiper des tablettes. Pas celle de HP, dévoilée cette semaine par Steve Ballmer, patron de Microsoft – Windows 7 ne fonctionne pas sur ARM –, mais d’autres. Et l’autre, dont on devrait parler d’ici la fin de ce mois de janvier mais qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, c’est celle d’Apple. Alors que le constructeur a racheté, en avril dernier, le spécialiste des puces ARM PA Semi, on l’imagine mal lancer sa tablette sans un processeur conçu en interne, taillé sur mesure pour les besoins de la firme.
En attendant, il en est un dont cette guerre des architectures processeurs relancée pourrait bien inquiéter : Microsoft. L’éditeur de Windows a répété à de nombreuses reprises qu’il n’entend pas porter Windows 7 sur ARM. Du coup, si le marché des smartbooks et celui des tablettes décollent, ce pourrait être au profit de Linux et, en particulier, d’Android. Le prototype de smartbook présenté par HP cette semaine à Las Végas s’appuie d’ailleurs sur le système d’exploitation de Google.