Les voeux de Syntec au gouvernement : moins de communication, plus d'action
Inquiétude sur la suppression du Conseil national du numérique, l'organisme issu du Plan numérique 2012, et censé regrouper plusieurs instances actuelles, appel du pied au gouvernement pour sortir des phases de réflexion, volonté de se battre contre toute hausse des charges : ce matin, Syntec Informatique a adressé à l'exécutif des voeux plutôt musclés.
"Au-delà des idées, il faut de la suite dans les idées". La petite phrase, signée de Jean Mounet, le président de Syntec Informatique, est révélatrice d'une certaine forme d'impatience au sein de la chambre patronale des SSII et éditeurs. "Depuis un an et demi, des rapports pertinents ont vu le jour : rapport Attali, rapport Besson, rapport Stoléru (sur l'accès des PME aux marchés publics, NDLR), rapport de la commission Grand Emprunt, rapport Lasbordes sur la télésanté. Mais ce qui manque aujourd'hui, c'est la capacité d'exécution, les prises de décision", explique Jean Mounet.
Des signes de reprise de plus en plus clairs |
S'il s'attend à un premier semestre encore morose dans les SSII et chez les éditeurs (avec une prévision de croissance zéro), Syntec Informatique note toutefois quelques signes de reprise encourageants. "Au cours des quinze derniers jours de décembre, la reprise est devenue plus concrète pour bon nombre des entreprises du secteur, explique Jean Mounet, président de la chambre patronale des SSII et éditeurs. J'ai le sentiment que beaucoup d'entre elles ont pu réévaluer leurs objectifs à la hausse." Selon Syntec, la croissance devrait s'accélérer au second semestre, il est vrai amplifiée par un effet de base favorable (le second semestre 2009 ayant été mauvais pour quasiment toutes les SSII). |
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Autrement dit, Syntec Informatique adresse au gouvernement un satisfecit en ce qui concerne les intentions, mais aimerait bien voir tous ces effets d'annonces suivis de faits. D'autant que, parallèlement, Syntec Informatique craint un alourdissement des charges pesant sur les entreprises du secteur. "L'agenda social 2010 s'annonce très chargé, note Jean Mounet. Notre combat numéro un sera la vigilance sur les charges pesant sur les entreprises". En 2009, Syntec Informatique s'était déjà opposé - sans succès - à la réforme de la taxe professionnelle. "Cette réforme est très préjudiciable aux entreprises du secteur, rappelle Jean Mounet. Surtout pour les PME réalisant moins de 7,6 millions d'euros de chiffres d'affaires qui, dès 2010, verront leur contribution augmenter significativement. Pour certaines, les taxes seront multipliés par des facteurs allant de 3 à 5. Parfois c'est la moitié de la marge de ces sociétés qui s'envole."
Disparition du Conseil national du numérique : Syntec se dit déçu
Autre déception pour Syntec Informatique : la disparition attendue du Conseil national du numérique (CNN), un organisme issu du Plan numérique 2012 annoncé en octobre 2008 et piloté par le secrétariat d'Etat à l'Economie numérique. Censé regrouper plusieurs instances (Conseil stratégique aux technologies de l'information, Forum des droits sur Internet, Délégation aux usages de l'Internet, Conseil de la télématique, Comité de coordination des sciences et technologies de l'information et de la communication), le CNN devait à l'origine voir le jour début 2009 pour conseiller le gouvernement en matière d'économie numérique. Remis au goût du jour par le rapport Juppé-Rocard sur le Grand Emprunt - qui appelait à la création d'une instance de pilotage des fonds mis sur la table -, la naissance du CNN était désormais attendue pour 2010. En décembre, l'April (association de promotion des logiciels libres) livrait un compte-rendu d'une réunion interministérielle du 20 novembre dernier, réunion qui validait la réactivation de cet organe, sous forme d'association.
Surprise ce matin donc, puisque, selon Jean Mounet, "malgré les initiatives de Nathalie Kosciusko-Morizet (secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique, NDLR), on semble s'orienter vers la suppression de cet organe de conseil". Même si "tout n'est pas encore joué", estime le président du syndicat professionnel.