Open Source : Anakeen invente le “contribuer plus pour payer moins”
Le Français Anakeen, spécialiste de l’ECM Open Source, a décidé d’encadrer son outil Freedom Toolbox d’un modèle économique qui permet aux entreprises d’ajuster leur facture finale en fonction du niveau de leur contribution à la communauté et du type de licence Open Source choisie. Un modèle original qui vient combler une lacune du mécanisme de l’Open Source : la fluctuation des contributions.
Ré-impliquer les entreprises dans les contributions Open Source. C’est le pari que la société française Anakeen, spécialiste de l’ECM (Enterprise Content Management) Open Source, a décidé de relever à travers un modèle économique innovant qui encadrera la prochaine mouture de son application en mode Saas, Freedom Toolbox 3. Son objectif : inciter les entreprises à maintenir le code ouvert de l’application et à adopter une licence propice au développement communautaire.
La société, fondée en 1998 par un ex de Steria spécialisé dans la gestion documentaire, a orchestré son offensive en deux phases : d’abord assoir un modèle de licence pérenne et adaptée en troquant la GPL pour une licence, tout aussi virale, mais qui intègre la dimension Saas. Le choix s’est ainsi naturellement porté vers l’AGPL (Affero GPL) dans sa version 3 - la seule version compatible avec la GPLv3. “La première version de notre logiciel était sous GPL, mais, depuis 2004, la GPLv3 n’intégrait pas la dimension du Cloud Computing. Il nous fallait ainsi faire évoluer la licence, tout en garantissant une certaine continuité avec notre précédente licence”, constate Mickael Kwasnik, responsable commercial chez Anakeen. L’idée était donc de proposer une licence propre au Saas, tout en garantissant un caractère viral au code.
Passer en GPL : + 20 % ; à la licence Apache : + 100 %
La deuxième phase vise à maintenir cette viralité et à l’intégrer au cœur du modèle purement commercial. Cette dernière idée constitue l’un des pans les plus originaux du modèle mis en place par Anakeen. Outre une offre communautaire de Freedom adressée aux développeurs, la société a imaginé un contrat Entreprise - toujours à partir du socle technique de la version communautaire - qu’elle baptise “EEC” pour Equitable Enterprise Contract. Classiquement, ce dernier apporte une brique de service : support, conseil et autre garantie de fonctionnement, réalisés par les équipes d’Anakeen. Mais, approche plus originale, ce contrat commercial offre aux entreprises une liberté de choix concernant la licence des applications réalisées sur la base de Freedom Toolbox. Et c’est justement le choix de cette licence qui fera varier le montant final de la facture.
L’AGPL constituant le modèle de base, aucune augmentation ne sera facturée sur l’offre de départ - dont le coût moyen est de 3 000 euros pas CPU, pour un niveau de service Silver - en cas de choix de cette licence par la DSI. En revanche, “le choix de la GPL engendrera une augmentation de 20 %, celui de la LGPL [Lesser GPL, une version de GPL plus permissive, NDLR] de 50 %, celui de la licence Apache de 100 %. Enfin, passer à une licence propriétaire implique un accroissement de la facture de 500 %”, explique Mickael Kwasnik. “Il s’agit de rendre le choix de l’entreprise plus flexible et surtout de rendre leur position envers les communautés plus équitable, alors que ces dernières souffrent de manque en matière de contributions”. En optant pour une licence AGPL “contaminante”, l’entreprise s’engage effectivement à reverser le fruit de ses développements à la communauté sous cette même licence. Ce qui n’est pas forcement le cas avec une licence Apache, qui ne comprend pas dans son texte de gauche d’auteur - on parle aussi de copyleft -, une modalité qui impose de reverser les modifications de code sous une même licence dans la communauté (c’est le cas de la GPL). “Dans le cadre d’EEC, on modère la facture à année n+1”, commente Mickael Kwasnik, en expliquant que les contrats sont renégociés d’une année sur l’autre en intégrant les contributions réalisées dans l’année.
Un modèle qui s'écarte de la double licence
Ce modèle s’écarte de celui de la double licence, très en vogue au sein de l’écosystème Open Source. Pour mémoire, à travers ce modèle, l’éditeur offre deux versions de son application : une mouture communautaire gratuite et une édition commerciale généralement qualifiée d’Enterprise. Cette dernière, payante, comporte un volet service et support associé, et surtout apporte une version certifiée du code du logiciel.
Le modèle Anakeen se veut plus flexible. “Avec le modèle de double licence, on teste le code à partir de la version communautaire et quand on évolue vers le modèle commercial, il y a un gros effort de migration à réaliser qui se chiffre à hauteur d’une année de support”, souligne Mickael Kwasnik. Même chose si on décide de rétro-pédaler et de revenir à une version communautaire. “Anakeen ne propose qu’une unique version de Freedom [limitant alors les coûts de migration et de mises à jour, NDLR]”.