Ni Huawei, ni Alcatel : Free Mobile s'engage avec Nokia Siemens Networks
Les pressions du gouvernement ont porté : pour son cœur de réseau, Free Mobile, le quatrième opérateur français, est entré en négociations exclusives avec un équipementier européen, Nokia Siemens Networks. Alcatel-Lucent, qui a organisé un important lobbying anti-Huawei durant la procédure d'attribution de la licence, doit lui se contenter de miettes. L'équipementier chinois semble, pour l'instant, hors-jeu.
Ni Huawei, ni Alcatel-Lucent. Pour le cœur de son réseau 3G, que Free doit construire après s'être adjugé la quatrième licence 3G, le trublion des télécoms est entré en négociations exclusives avec l'équipementier européen Nokia Siemens Networks (NSN). Cette annonce, faite hier par le patron de la société germano-finlandaise au Mobile World Congress, qui se tient actuellement à Barcelone, doit déboucher sur un contrat de quelque 200 à 250 millions d'euros (les chiffres varient selon les sources). Si le cœur de réseau ne devrait pas échapper à NSN, ce dernier est également en lice pour la partie radio du futur réseau et sur certaines applications liées aux infrastructures.
Dans une interview à nos confrères du Figaro fin décembre, Xavier Niel, fondateur et Pdg de Free, expliquait déjà avoir retenu un équipementier européen pour le coeur de réseau de sa future infrastructure mobile. "Les équipements de cœur de réseau représentent de 20 % à 30 % de l'investissement total et une grande part de l'intelligence du réseau", expliquait Xavier Niel à nos confrères. Tout en indiquant souhaiter retenir "les meilleurs équipements" pour la partie desserte, ouvrant ainsi la porte aux équipementiers chinois (Huawei et ZTE).
Equipementier européen : une condition fixée par le gouvernement
Si NSN s'adjuge donc la part du lion, Alcatel-Lucent devrait également s'octroyer une partie plus congrue de la construction du réseau, explique La Tribune, sans toutefois donner davantage de précisions. Selon les Echos, Ericsson et le Chinois Huawei seraient en revanche hors-jeu. Rappelons que, lors de la période d'attribution de la quatrième licence 3G, la direction et les syndicats d'Alcatel-Lucent avaient alerté l'autorité des télécoms et les ministères sur les risques de voir Free retenir Huawei, critiqué pour ses tarifs très agressifs menaçant l'emploi en Europe et soupçonné d'une grande proximité avec le gouvernement de l'Empire du Milieu. Comme nous l'avions expliqué à l'époque, sous la pression du gouvernement, Free avait alors dû donner des gages et s'engager à confier au moins une partie de ses investissements à un équipementier européen. C'est donc NSN qui profitera le plus de la manœuvre, Alcatel-Lucent ne devant se contenter, pour l'instant, que de miettes.
Avec son réseau mobile tout IP, Free Mobile doit couvrir 25 % de la population française à l'ouverture de ses services, début 2012. Iliad, la maison mère de Free, estime que la construction de son réseau, qui en 2020 doit couvrir 90 % de la population française (pour la voix) selon les engagements pris auprès de l'Arcep, coûtera environ un milliard d'euros.