Windows Phone 7 Series : Microsoft laisse les développeurs assis entre deux chaises
Trop tôt ou trop tard. En tardant à dévoiler les modalités de développement et de distribution d’applications pour son Windows Phone 7 Series, Microsoft laisse les développeurs dans l’expectative, sans possibilité d’anticipation sur leurs futurs développements. Une longue période pendant laquelle iPhone, Android et Blackberry risquent de prendre un peu plus le large.
En annonçant hier son Windows Phone 7 Series, Microsoft a fortement mis l’accent sur la rupture. Une rupture dans la dénomination d’abord, qui vient trancher avec la dénomination Windows Mobile, qui portait jusqu’alors la parole de l’éditeur sur le segment de la mobilité. Puis dans son approche aujourd’hui très orientée grand public, une cible avec laquelle Microsoft entend désormais composer - grâce notamment à l’organisation des applications par “hubs”.
Un gros effet d’annonce, donc, réalisé au milieu d’un Mobile World Congress en pleine ébullition. Mais sans réel détail quant à la nouvelle stratégie de Redmond, et surtout sans orientation quant à l’éco-système de développement. Pour cela, Steve Ballmer et ses responsables renvoient sans détour au Mix de Las Vegas, conférence réservée aux développeurs Web prévue courant mars. Mais pas avant. Un décalage dans le temps qui laisse aujourd’hui les développeurs dans l’expectative.
Incompatibilité avec les applications Windows Mobile 6.5 ?
Pourtant, l’information est capitale. Entre l’annonce - celle d’hier donc -, les précisions sur les outils de développement et le premier lancement des terminaux Windows (Microsoft parle de la rentrée 2010), il s’écoulera presque 8 mois. Huit mois pendant lesquels les développeurs devront ré-argumenter face à leur clients.
“Aujourd’hui, on ne peut pas dire à un client que nous allons développer pour Windows Mobile 6.5, alors qu'on ne sait pas si le Market Place [nom donné par Microsoft à sa boutique d’applications en ligne, NDLR] supportera les applications développées sur cette plate-forme. Ni les encourager à aller vers le nouvel OS, sans connaître quels seront les outils de développement”, souligne Ronan Le Quéré, responsable de l’offre mobilité au sein de la SSII française SQLI. Et pour cause, aujourd’hui, la rumeur veut que les applications développées sous Windows Mobile 6.5 ne seront pas compatibles avec Windows Phone 7 Series. “Faudra-t-il, dès lors, développer deux types d’applications ?”, s’interroge Ronan Le Quéré.
Microsoft pressé par le temps
D’autant que Microsoft part de loin. “Windows Mobile 6 et 6.5 ne font pas l’objet d’une forte demande de la part de nos clients, explique-t-il, du fait de la forte pression de la concurrence des Android, iPhone et Blackberry, notamment. Aujourd’hui, le Market Place rassemble moins de 500 applications, alors qu’il en existe plus de 135 000 sur l’App Store (la boutique d'Apple, ndlr) et 20 000 pour Android, dont les terminaux progressent à vitesse V”, constate Ronan Le Quéré. Redmond doit donc mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard, et le temps ne joue pas en sa faveur.
Mais ce n’est pas tout. A cette problématique de timing, s’ajoute celle du repositionnement de la marque sur le marché de la mobilité. En voulant s’attirer la manne grand public, la cible traditionnelle de l’éditeur, plus professionnelle, va-t-elle se retrouver dans ce nouvel OS ? Et d’ici là, la nouvelle cible visée - le grand public -, qui aura sous les yeux probablement l’iPhone 4 et d’autres terminaux Android, se laissera-t-elle séduire par le nouveau visage de Microsoft ? Autant de questions que Steve Ballmer, Pdg de Microsoft, a laissé en suspens lors de son annonce au Mobile World Congress.
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