Pour 2010, Capgemini dit faire le pari de la conquête... sous-entendu pas comme d'autres

Capgemini prévoit une année 2010 encore morose, mais est parvenu à faire rêver les marchés financiers sur une marge flatteuse pour 2011. Un pari risqué, à l'heure où la reprise reste balbutiante.

"Nous ne voulons pas pousser la marge à coups de licenciements. Nous nous inscrivons dans une stratégie de conquête et avons donc décidé de ralentir le rythme des restructurations pour parier sur le retour de la croissance". Ce jeudi 18 février au matin, lors d'une conférence de presse, Paul Hermelin, directeur général de Capgemini, a défendu la stratégie du groupe qui, après une année 2009 où la résistance des marges a compensé l'érosion rapide de l'activité, prévoit à nouveau un crû 2010 assez aigre. Avec une année de nouveau en contraction (entre -2 et -4 %) et une marge sous pression (entre 6 et 6,5 %), contre 7,1 % en 2009. "Nous ne sommes pas assis sur une grosse part d'infogérance, nous partons avec une vitesse embarquée négative", a justifié Paul Hermelin, le directeur général de la première SSII hexagonale.

Soit des perspectives très en deça des attentes du marché, signale Brice Thébaud, analyste chez Aurel BGC. "Le premier semestre 2010 ne sera pas bon, explique-t-il. Capgemini prévoit une baisse de 8 % de son chiffre d'affaires et une marge de 5 % (contre 6,6 pour les six premiers mois de 2009, NDLR)". Une perspective qui s'explique par plusieurs paramètres selon le groupe : la baisse des prix sur les contrats négociés ces derniers mois, l’arrêt ou la diminution de la taille de certains grands contrats d’infogérance (TXU et Aspire) et le niveau des recrutements de la fin d'année dernière (4 512 personnes contre 2 800 en moyenne sur les trois premiers trimestres de l’année).

Pression sur les prix = pression sur les salaires

Au final, ce pari de la reprise, comme le dit Paul Hermelin, dépend beaucoup du second semestre 2010, où Capgemini prévoit deux scénarios : soit une stabilité du chiffre d'affaires et une marge de 7 %, soit une croissance de 4 % pour une marge portée à 8 %. "Autrement dit, une amélioration de 200 à 300 points de base par rapport au début d'année, ce qui semble très optimiste", observe Brice Thébaud. Les mécanismes évoqués par Capgemini pour atteindre ces objectifs sont bien connus : lancement de 5 nouvelles offres (la SSII espère que cela lui amènera pour plus de 800 M€ de prises de commandes), recours de plus en plus massif à l'offshore (Cap prévoit de porter ses effectifs dans les pays low cost à 36 % du total fin 2010, soit une progression de 5 points sur un an), baisse de la rémunération moyenne de ses personnels (-5,9 % en 2009, via essentiellement le recrutement de jeunes diplômés offshore). "Face à la pression sur les prix, il faut que nous organisions la pression sur le coût de nos prestations", a plaidé Nicolas Dufourcq, le directeur général adjoint.

Selon Cap, cette reprise devrait pleinement se matérialiser dans ses chiffres en 2011, avec une marge de 8 %, soit presque aussi bien que l'excellent crû 2008. "Mais ce scénario sur 2011 est totalement corrélé à la fin de l'année 2010, remarque Brice Thébaud. Or, au vu de l'environnement économique qui ne semble pas s'orienter vers une reprise très marquée, on peut émettre des doutes sur leur scénario le plus optimiste pour la fin 2010".

Cap-Atos : une rivalité qui s'accentue

Malgré ces réserves, les marchés financiers ont, hier, "acheté" sans réserve le discours de la SSII. Le titre Capgemini a progressé de plus de 6 %. Tout comme ils avaient adhéré la veille au discours d'Atos-Origin qui, sur la promesse d'une marge opérationnelle comprise entre 7 et 8 % en 2011 et sur l'atteinte de ses objectifs pour 2009, a progressé de 6,4 % mercredi. Les deux groupes semblent d'ailleurs engagés dans une guéguerre de communiqués, les dirigeants de Capgemini ayant glissé hier plusieurs références ou piques à l'égard de leur concurrent. Signalons que Capgemini et Atos-Origin sont conseillés par les frères ennemis du conseil en communication aux capitaines d'industrie français : Image7 (le cabinet d'Anne Méaux) pour le premier, DGM (celui de Michel Calzaroni) pour le second.

En complément :

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