Avec Ionix, VMware se prépare à une confrontation frontale avec les grands de la supervision
En rachetant à sa maison mère EMC une partie de sa gamme d'outils d'administration Ionix, VMware accélère la construction de son portefeuille de solutions d'administration et de supervision de datacenter. Une stratégie qui pourrait le placer sur une trajectoire de collision avec les historiques du domaine, BMC, CA, HP et IBM, mais aussi avec sa Nemesis, Microsoft. L'éditeur de Redmond a en effet appuyé son développement dans les datacenters sur deux piliers : la virtualisation et les outils d'administration de la gamme System Center. Soit la stratégie aujourd'hui également affirmée par VMware.
VMware a acquis plusieurs logiciels d'administration provenant de sa maison mère, EMC, pour environ 200 M$. Le rachat porte notamment sur les outils de gestion du changement, de cartographie de dépendances applicatives, de provisionning et de service desk.
Dans la pratique, VMware met la main sur quatre produits de la famille Ionix d'EMC, à savoir Server Configuration Manager (ex-ConfigureSoft), FastScale Application Provisioning, Application Discovery Manager (ex-nLayers) et Service Manager (ex-Infra). Les autres logiciels de la gamme Ionix restent dans le portefeille logiciel d'EMC et notamment la gamme d'administration de réseau Smarts, et les outils de gestion du stockage de la gamme Control Center. EMC conserve aussi les outils de gestion du datacenter issus du rachat de nLayers, ainsi que la propriété de la marque Ionix. On devrait donc voir prochainement apparaitre au catalogue de VMware des produits comme vCenter Change Management ou vCenter Service Desk...
Ce partage de la gamme Ionix entre la maison mère EMC et sa filiale VMware aboutit à une séparation entre applications serveurs et applications de gestion de l'infrastructure sous-jacente. Tout ce qui touche plus ou moins aux serveurs est ainsi transféré chez VMware tandis qu'EMC conserve tout ce qui touche à l'infrastructure de base (réseau et stockage). Même si cela n'a pas été explicitement confirmé, EMC Ionix Unified Infrastructure Manager (UIM), l'outil de management unifié censé piloter l'offre vBlock conçue avec Cisco, devrait rester chez EMC
Accélérer le développement de VMware dans les outils d'administration
Chad Sakac, le vice-président de l'alliance EMC-VMware chez EMC, a indiqué que les logiciels Ionix viendront aussi enrichir des produits existants de VMware. Ainsi Server Configuration Manager pourrait enrichir les ESX Host Profiles, et étendre les fonctions de contrôle de conformité jusqu'au contenu des machines virtuelles. nLayers Application Discovery Mapping pourrait quant à lui être marié à VMware AppSpeed afin d'aider à cartographier les interdépendances au sein de chaines applicatives complexes et résoudre d'éventuels problèmes de performance.
En transférant certains actifs Ionix à VMware, EMC place toutefois ce dernier en concurrence directe avec les éditeurs historiques d'outils d'administration comme HP, CA, BMC et IBM Tivoli. Un "Big Four" qui a tardé à prendre en compte la percée de la virtualisation et dont les offres sont encore incomplètes. EMC donne aussi à sa filiale les armes nécessaires pour affronter la montée en puissance de Microsoft sur le terrain de la virtualisation, une montée en puissance qui s'appuie non seulement sur Hyper-V, mais aussi sur l'intégration de l'hyperviseur aux outils d'administration de la gamme System Center. On peut par exemple considérer qu'Ionix for Service Management (ex-Infra) sera la réplique de VMware au prochain System Center Service Manager que doit dévoiler Microsoft lors de son Management Summit à la mi-avril.
VMware devrait donc pouvoir accélérer le développement de son offre d'outils d'administration tout en offrant un bien meilleur support des environnements virtualisés que celui proposé par les quatre éditeurs historiques. De quoi renforcer la concurrence entre le spécialiste de la virtualisation et ses partenaires, mais aussi étendre l'affrontement avec Microsoft sur un nouveau terrain à compter de la fin 2010 ou du début 2011.
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