Exploration pétrolière : Shell envoie HP et IBM à la mine
Pour améliorer l'exploitation des champs pétroliers et gaziers, Shell mise sur l'expertise de HP, pour des réseaux de capteurs, et d'IBM, pour l'analyse prédictive des données. Deux contrats de co-développement fortement liés et confiés aux deux grands rivaux de l'IT.
Hasard des calendriers des "communicants" ou réelle inflexion stratégique de la part de Shell ? Le pétrolier néerlandais vient de dévoiler deux contrats avec les deux grands rivaux américains de l'IT, HP et IBM, pour améliorer l'exploration et surtout l'exploitation des champs pétroliers et de gaz. Les deux accords sont, dans la forme, assez similaires : il s'agit de co-développer avec les deux géants de l'informatique des systèmes améliorant la recherche et l'exploitation des réserves énergétiques.
Le premier de ces deux contrats, signé avec HP, vise à utiliser un système sans fil permettant de détecter, répertorier et stocker un ensemble de données géophysiques. "Shell pourra ainsi bénéficier d’un véritable avantage concurrentiel pour explorer des sources de pétrole et de gaz difficiles d’accès tels que celles se trouvant sous des barrières de sel sous-marines au Moyen-Orient ou encore les puits de gaz inexploités d’Amérique du Nord", explique Gerald Schotman, vice-président et responsable du département innovation/R&D du pétrolier, dans un communiqué.
Mieux exploiter les champs déjà découverts
Selon Doug Hanson, vice-président du secteur pétrole et gaz d’HP au niveau monde (en photo), la solution de bout en bout que co-développeront le Californien et Shell repose sur des capteurs développés par les labos de HP, des capteurs 1000 fois plus performants que les modèles actuellement disponibles selon ses affirmations. Il s'agit de systèmes MEMS (Micro-Electro-Mechanical Systems, intégration d'éléments mécanique, de capteurs et d'électronique sur un substrat en silicium), fonctionnant sans fil. "Avec ce partenariat, Shell cherche avant tout à améliorer les images géologiques, réalisées en envoyant des ultrasons dans le sol, reflétant les réserves de pétrole et de gaz. La solution analyse les données recueillies pour établir des images de ces réserves. Si des solutions existent déjà pour l'exploration marine, ce partenariat vise à améliorer les capacités des solutions exploitées sur la terre ferme", explique Doug Hanson.
Portée par HP Enterprise Services, la branche services du géant, la solution repose bien sûr sur un réseau de capteurs sans fil, mais intègre également des solutions d'imagerie, de stockage et des serveurs. Le contrat, pluri-annuel, vise à mettre au point ce système géologique d'imagerie, qui sera la propriété commune de HP et Shell. "Dans cette industrie, un des indices de performance clef est le ratio de remplacement des réserves. Shell espère l'améliorer via le perfectionnement de l'exploration, mais aussi en extrayant plus de réserves des champs déjà exploités. L'efficacité de l'exploitation des champs pétroliers ou gaziers reste historiquement basse dans l'industrie", explique Doug Hanson.
IBM : réconcilier des données diverses
Si HP reste très proche des métiers de l'exploration pétrolière, son grand rival IBM, lui, se voit confier par le même Shell un contrat plutôt tourné vers l'analyse prédictive. Objectif : aider le Néerlandais à prédire la localisation des réserves d'énergie fossile. Le contrat, là encore un co-développement, vise avant tout à aider le pétrolier à affiner les modèles mathémathiques utilisés dans l'exploration pétrolière. L'objectif de Shell est là encore de mieux exploiter les réserves de ces champs. Le partenariat vise avant tout à réconcilier les données issues de sources diverses (volumes de production, débits, pressions, données géologiques) pour affiner la représentation des réserves encore disponibles (exemple ci-contre). Une fois disponible, ce modèle fera partie des outils propriétaires de Shell.
Le montant de ces deux contrats n'a pas été dévoilé.