Pour la Cour des comptes, le pharaonique projet Chorus sera en retard
Début janvier 2011, le projet monstre de progiciel comptable de l'Etat, Chorus, doit être en place dans tous les ministères. Irréaliste pour la Cour des comptes.
Après avoir admis un premier délai d'un an (généralisation en 2011 plutôt qu'en 2010), le ministère du Budget s'apprête-t-il à reconnaître de nouvelles dérives dans le timing de Chorus, ce progiciel sur base SAP en passe de gérer la comptabilité de l'Etat ? Selon un référé envoyé par la Cour des comptes, organisme chargé de certifier les comptes de l'Etat et qui attend donc Chorus pour disposer d'un outil plus fiable en la matière, au ministre du Budget Eric Woerth, les délais prévus ne seront pas respectés. Et, dans Les Echos - à l'origine de l'information -, une source présentée comme faisant partie de l'entourage du ministre reconnaît désormais que "le calendrier initial était trop ambitieux". Rappelons que les déploiements de Chorus doivent normalement s'achever avec la v6 en janvier 2011, sur le périmètre fonctionnel complet du cœur comptable afin de permettre une certification des comptes de l'Etat par la Cour des comptes.
1,1 milliard d'euros, et bientôt plus ?
Ce nouveau délai devrait alourdir un peu plus le budget de ce projet pharaonique, tout retard dans le déploiement de Chorus obligeant les ministères à conserver un peu plus leurs applications comptables "historiques" et, donc, à les maintenir. Sans parler des coûts des nombreux prestataires (Sopra, BearingPoint, Logica, Capgemini, etc.) mobilisés sur le déploiement, dont les contrats devraient être prolongés d'autant. Rappelons que, sur la période 2006-2015, le coût total de Chorus était estimé, en septembre dernier par la Milolf (Mission d’information de la commission des Finances sur la mise en œuvre de la LOLF, loi organique relative aux lois de finances) à 1,1 milliard d'euros.
Remarquons que cette nouvelle alerte de la Cour des comptes - après un premier rapport très critique début 2009 - intervient quelques semaines après la mise en service de la v4 de Chorus, une des étapes majeures du projet via laquelle 11 000 utilisateurs de plus ont basculé sur le progiciel. Récemment, un acteur du projet parlait dans nos colonnes de "pression démentielle" concernant la mise en place de cette version.
En complément :
- Projet Chorus : tout se passe aussi mal que prévu
- La Cour des comptes certifie la comptabilité de l'Etat... mais ce n'est pas grâce à l'informatique
Gestion immobilière : la Cour des comptes en veut plus |
Insuffisant. Selon la lettre que se sont procurés Les Echos, la Cour des comptes pointe également les lacunes de Chorus en matière de gestion du patrimoine immobilier. Une rengaine bien connue. Déjà, en septembre dernier, un rapport de la Milolf (Mission d’information de la commission des Finances sur la mise en œuvre de la LOLF, loi organique relative aux lois de finances) s'énervait : "Les besoins en matière de gestion immobilière n’ont pas été recensés avec suffisamment de précision, certains ministères – sinon la totalité – n’ayant pas été consultés sur ce point", écornant au passage la gestion de projet de l'AIFE (Agence pour l’informatique financière de l’Etat, qui pilote le chantier au quotidien). Conséquence : le sujet qui doit centralisé par France Domaine, une structure créé pour représenter l'Etat propriétaire, continue à être géré ministère par ministère, regrette la Cour. |