Chômage en hausse pour des informaticiens que Pôle Emploi a du mal à compter
Reprise des licenciements sur le mois de janvier. Les informaticiens sont toujours plus nombreux à pointer au chômage… sans qu’on en soit vraiment sûr. Difficile de lire l’état réel de l’emploi du secteur alors que les nomenclatures, périmètres et autres publications changent sans arrêt. Dommage au moment où une information précise permettrait de mieux comprendre l’impact de la crise.
Après une légère accalmie au mois de décembre, le chômage est reparti à la hausse (+1,07 %) pour les informaticiens en janvier 2010. Sur un an, l’augmentation atteint 52,7 % avec désormais 28 400 salariés sans emploi dans les professions liées aux « systèmes d’information et de télécommunications » selon la nouvelle nomenclature de la Dares. Depuis juin 2008 – l’un des mois de la décennie où le taux de chômage était au plus bas, - la hausse frôle même les 92 % ! Désormais, c’est 5,7 % de la profession qui se retrouve sans emploi, peut être plus si l’on tient compte du changement récent de nomenclature qui tend à limiter le nombre de chômeurs sur les derniers mois.
Un changement de méthodologie qui rend difficile le suivi de l’emploi dans le secteur et que dénonce le Munci (Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens).
Un changement de nomenclature qui brouille la lecture des chiffres
Pour les statisticiens du Pôle Emploi, rien de malicieux cependant à ce changement de thermomètre. Certes, le service communication de l'organisme comprend bien que ces changements successifs dans la production des statistiques, puis dans les périmètres d’emplois étudiés, ne facilitent pas la lisibilité… mais ce serait pour la bonne cause. L’ex-ANPE étudie de longue date un changement de code ROME, afin de coller au mieux aux évolutions professionnelles. Cette nomenclature n’est, en fait, pas réellement un outil statistique, mais plus un système d’optimisation de la mise en relation entre offreurs et demandeurs d’emploi.
Mystères comptables à Pôle Emploi
Résultat de la manœuvre, un certain nombre de familles se trouvent recomposées. Désormais certains professionnels sont comptabilisés dans la famille « systèmes d’information et de télécommunications » alors qu’ils n’ont rien à voir avec l’IT. En effet, dans cette famille, on retrouve logiquement les catégories suivantes : administration de systèmes d’information, conseil et maîtrise d’ouvrage en systèmes d’information, direction des systèmes d’information, études et développement de réseaux de télécom, études et développement informatique, expertise et support technique en systèmes d’information et production et exploitation de systèmes d’information. Des catégories auxquelles viennent désormais s’ajouter - sans plus d’explications - : exploitation de systèmes de communication et de commandement, information géographique et information météorologique. Une approche censée mieux coller à la réalité fonctionnelle, donnant naissance à une famille de professions plus large que l'ancestral « personnel informatique ». Mais dont on peine à comprendre la traduction comptable puisque, tout en prenant en compte plus de sous-familles dans la nouvelle catégorie, Pôle Emploi trouve moins de chômeurs dans l’IT sur les derniers mois qu’avec l’ancien système… Un mystère appelé à perdurer puisque ni Pôle Emploi ni la Dares (le département statistique du ministère du Travail) ne prévoient de retraiter les nouvelles données brutes obtenues pour permettre de comprendre les décalages nés de la dernière nomenclature.
Seule certitude : le chômage augmente et les informaticiens sont fortement touchés. Pour savoir dans quelle mesure, à quel rythme, selon quelle tendance et si la reprise des embauches frappe à la porte, merci d’attendre quelques années pour avoir le recul nécessaire.