Emploi : les salaires d'embauche gelés pour les informaticiens... au mieux
Une lente érosion des salaires pour certains profils. C'est l'inquiétant phénomène qui transparaît de l'étude du cabinet de recrutement Hays. Une simple conséquence de la loi de l'offre et de la demande pour certaines compétences. Et pas sûr que la situation s'améliore réellement en 2010.
"Si la reprise budgétaire ne se manifeste pas rapidement, 2010 pourrait être encore une année difficile tant pour les salaires que pour les créations d'emploi". La dernière étude du cabinet de recrutement Hays ne s'embarrasse pas de précautions de langage. Sans reprise plus nette, l'emploi en 2010 ne sera guère meilleur que l'emploi en 2009 : des recrutements bien moins nombreux (une baisse d'un quart en 2009 selon l'Apec) et des salaires stagnants. Au mieux. Car, comme le confirme l'étude de Hays, dans certains segments, les salaires proposés à l'embauche sont clairement en recul.
Dans les systèmes et réseaux (34 % des annonces en 2009), la pénurie de profils constatés ces dernières années "tend à se réduire, en grande partie grâce aux licenciements en masse du secteur (et notamment des SSII)", souligne Hays, qui affirme avoir été consultée à plusieurs reprises pour des conseils en outplacement par des SSII spécialisées sur le segment. Conséquence : un gel des salaires à l'embauche, voire une érosion pour certains profils.
"Les candidats n’étant plus forcément en position de force par rapport au volume des compétences recherchées, les salaires liés aux métiers du support et de l’exploitation, sauf exception, ont eu tendance à se maintenir, voire décliner sur certaines fonctions. Les
profils d’administrateur systèmes et d’Ingénieur de production, toutes technologies confondues, ont dû revoir leur rémunération à la baisse", souligne Jérôme Laïk, consultant principal chez Hays, dans les commentaires de l'étude. Une tendance appelée à se prolonger en 2010, selon lui.
En ce qui concerne les études et le développement, c'est plutôt la stabilité qui a dominé en 2009, avec quelques baisses, selon le cabinet. Qui souligne que cette modération sera encore de mise cette année. Sauf pour les compétences les plus recherchés. Hays cite notamment Sping, Struts, Hibernate (pour les environnements J2EE) ; .Net 3.5, SQL Server 2005/2008 ou SharePoint (pour les environnements .Net) ; ou encore Zend et Symfony (pour PHP). Une liste qui témoigne de la montée en puissance des frameworks dans le monde du développement. A ces profils en vogue, s'ajoutent les chefs de projets techniques et développeurs sur des technologies Open Source comme Linux, Apache ou MySQL. "En effet, une des conséquences des réductions budgétaires en matière de systèmes d’information est le recours croissant aux logiciels libres", souligne Hays, paraphrasant une étude de PAC sortie tout récemment. A signaler : les salaires nettement au-dessus du lot des chefs de projet fonctionnels.
Si production et études limitent la casse - avec un climat général à la stabilité salariale tant en 2009, qu'en 2010 -, MOA et conseil semblent plus affectés. Hays parle ainsi de "recrudescence" des profils disponibles.... donc de réduction salariale sur certains profils. Le cabinet souligne toutefois l'appétence des entreprises pour les profils confirmés - 5 à 10 ans d'expérience -, bilingue anglais et de formation ingénieur. Mêmes exigences dans l'applicatif (ERP et BI), où, dans un marché atone où les mouvements semblent rares, les entreprises tentent avant tout d'attirer des profils expérimentés (3 à 5 ans d'expérience), bilingues anglais et de formation ingénieurs.
Peu présent auprès des SSII, et plutôt centré sur les jeunes sociétés (notamment dans le logiciel) et les clients finaux, le cabinet Hays affirme avoir interrogé, pour cette étude, une moyenne de cinquante professionnels recrutés en 2009 pour chaque profil étudié. Pour chaque profil, le cabinet fournit 3 valeurs : salaire minimum, salaire moyen et salaire maximal. L'étude de Hays ne porte que le salaire fixe des informaticiens.
En complément :
- Salaire moyen à l’embauche dans les SSII : 35 000 € en 2008
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