Ni Saas, ni cloud : Sage épure ses interfaces pour toucher de nouveaux utilisateurs
A l'heure où toute l'industrie de l'ERP se demande comment digérer la vague de Saas, Sage préfère miser sur des interfaces Web épurées pour toucher de nouveaux utilisateurs dans l'entreprise. Et estime que le Saas est un échec pour les ERP et les applications de gestion financière.
L'éditeur d'ERP pour PME Sage annonce une nouvelle version de son produit Sage 100 (50 000 entreprises clientes). Cette mouture, baptisée "entreprise étendue", amène une nouvelle forme de consommation des données de l'ERP, via une interface Web paramétrée en fonction des rôles des utilisateurs dans l'entreprise. Pour Sage, une réponse aux besoins d'informations issues du système de gestion pour des utilisateurs eux-mêmes non gestionnaires. Sage fournit ainsi 4 profils types (commercial, magasinier, acheteur et financier) qui se voient affectés des écrans épurés pour afficher les informations pertinentes pour leur activité et des champs permettant d'enrichir l'ERP. L'éditeur livre également un système permettant de configurer de nouveaux rôles ou de paramétrer ceux déjà fournis.
Ce client Web coexiste avec le client classique de la Ligne 100 (mode client-serveur). Deux types de licences sont proposés. La licence "classique" à 760 euros par poste (auxquels s'ajoute la maintenance annuelle, 20 % par an) et la licence que Sage baptise "webtop" à moitié prix (380 euros/poste). Des coûts par utilisateur qui se greffent à l'achat de la solution elle-même (22 000 euros) ou à sa mise à jour depuis la version précédente : l'implémentation de la version dite étendue exige en effet des adaptations sur le serveur de base de données, afin de supporter les utilisateurs en mode Web (que Sage chiffre à environ 2 000 €). "Des entreprises vont peut être chercher à remplacer des licences lourdes par des licences webtop pour certains de leurs utilisateurs afin de réaliser des économies, reconnaît Pascal Houillon, président de Sage en France. Mais cela signifie qu'elles n'avaient pas, dans certains cas, besoin de la toute la richesse des licences lourdes. On ne peut pas indéfiniment conserver des clients sur un environnement trop lourd pour eux."
Saas dans les ERP : Sage en parle au passé
Cette évolution d'un des produits phares de Sage suit celle, similaire, de X3 (le produit hérité du rachat d'Adonix), qui lui aussi propose une interface dite webtop basé sur la technologie de Netvibes (société française connue avant tout pour son lecteur RSS online). La Ligne 1000, l'outil de gestion financière qui se destine aux grosses PME, suivra la même voie en juin prochain. L'objectif affiché par Sage est de démocratiser l'emploi des ERP dans les entreprises. L'éditeur estime que seuls 12 % des employés de ses entreprises clientes utilisent actuellement ses produits et s'est fixé comme horizon de doubler ce ratio à moyen terme.
Bref, quand toute l'industrie ne jure que par le Saas, et s'interroge sur la mutation des modèles économiques vers le mode locatif, Sage sort une interface Web - pas réellement une nouveauté technologiquement parlant - associée à une licence tout ce qu'il y a de plus traditionnel. L'éditeur parle même de la dernière mode dans le progiciel... au passé. "Le mode Saas a peu percé dans les applicatifs de gestion, car on essaie de répliquer la richesse des applications traditionnelles", tranche ainsi Pascal Houillon. Pour le 3ème éditeur mondial, le phénomène est plutôt cantonné à des besoins très spécifiques (gestion de la trésorerie, CRM...). En France, l'éditeur réalise tout de même 10 M€ dans le Saas, une part assez modeste il est vrai dans les 300 M€ de l'activité hexagonale.
En complément :
- Organisation mondiale, partenariat avec Logica : pour X3, Sage passe à l'échelle globale