1er avril : journée sans informaticien à la SNCF
Non, ce n'est pas un poisson organisé par des informaticiens facétieux. Dans un communiqué commun, les syndicats CGT, Unsa, Sud Rail et CFDT viennent de lancer un appel à la grève des informaticiens de la SNCF – et de ses prestataires – pour le 1er avril prochain. Avec cette « journée sans informaticien », les syndicats entendent notamment obtenir « l’abandon d’Ulysse », le projet de co-entreprise avec IBM. Un contrat d’une durée de six ans s’élevant à 1,7 milliard d’euros.
La CGT, l’Unsa, Sud Rail et la CFDT de la SNCF viennent de déposer un préavis de grève pour la période du jeudi 1er avril à 6h au vendredi 2 avril à 6h. Pas réellement une nouveauté au sein de la société nationale qui a connu deux jours de grève récemment. Sauf que, cette fois, le mouvement est focalisé sur les services informatiques du grand compte, donnant corps à un projet de « journée sans informaticien ». Les syndicats soulignent que ce préavis fait suite à une « demande de concertation immédiate » du 1er mars qui « n’a apporté aucune réponse aux attentes et aux revendications des cheminots du système d’information. » Des revendications détaillées plus loin et dont les principales portent sur le maintien de la maîtrise et de la connaissance du système d’information de la SNCF en interne au travers, notamment, des maîtrises d’ouvrage et d’œuvre.
Une revendication qui cible clairement la co-entreprise SNCF-IBM, chargée de superviser toutes les prestations informatiques, et que dénoncent depuis le début les cheminots de la DSI. Joint par téléphone, un représentant de la CGT Cheminots explique ne pas vouloir « exclure les partenariats : on en a clairement besoin, notamment pour absorber certains pics de charge ou réaliser certains développements. » Les informaticiens externes à la SNCF sont d’ailleurs appelés à se joindre au mouvement. Selon le blog Cortis, ouvert depuis l'annonce de la co-entreprise par un informaticien de la DSIT (Direction des systèmes d'information et des télécommunications, un des principaux services informatiques internes), sur « certains sites régionaux […] 100 % du personnel sera en grève. »
Les syndicats dénoncent l’offshore
La CGT explique vouloir principalement « défendre l’emploi sur le territoire national » et s’assurer que la SNCF « garde le contrôle de son système d’information – on gère aussi des éléments de sécurité des voyageurs dans notre SI. » Pour lui, « il est clair qu’IBM va recourir à de l’offshore : alors que les prestataires nous coûtent en moyenne 530 €/jour homme, ils entendent descendre à 230 €/jour homme. » Selon ce représentant syndical, Michel Baudy, responsable de la DSIT de la SNCF (Direction des Systèmes d’Information et des Télécommunications), qui doit prendre la direction de la co-entreprise fondée avec IBM, ne s’en cache plus : « maintenant, il nous dit : "si IBM fait de l’offshore, ce n’est pas mon affaire." » Et de dénoncer un montage réalisé « dans le dos des représentants du personnels auxquels on indiquait qu’Ulysse n’était qu’au stade de l’étude seulement deux semaines avant son annonce officielle. On a été mis devant le fait accompli. »
Lors des récentes journées de grève nationale, les informaticiens de la DSIT étaient apparus très mobilisés. Un phénomène inhabituel dans cette organisation. Lors du mouvement du 3 février, les deux principaux services de cette direction recensaient 61 % de grévistes (côté étude, soit la DSIT-E) pour l'un et 78 % pour l'autre (côté exploitation, la DSIT-X).
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