Le FIC 2010 s’ouvre sur fond de mobilisation internationale contre la cybercriminalité
Jamais le FIC – Forum International de la Cybercriminalité – n’aura probablement aussi bien mérité son nom. Cette quatrième édition, qui s’est ouverte hier, mercredi 31 mars 2010, s’inscrit de manière très prononcée dans un contexte de coopération internationale renforcée dans la lutte contre la cybercriminalité. Une coopération large mais encore loin d’être globale. De quoi justifier, pour les politiques présents ou représentés, l’adoption de stratégies de filtrage dans leurs pays respectifs.
Dans son discours, prononcé à sa place par Jean-Michel Bérard, Préfet de la région Nord-Pas de Calais, le ministre de l’Intérieur l’a souligné : cette quatrième édition du Forum International de la Cybercriminalité (FIC), qui s’est ouverte à Lille ce mercredi 31 mars 2010, se déroule « quelques jours après la conférence de Strasbourg sur la coopération contre la cybercriminalité et quelques jours avant le congrès des Nations Unies sur la prévention de la criminalité et la justice pénale. » Un congrès au cours duquel le Conseil de l’Europe « lancera un appel en faveur d’un soutien mondial pour permettre aux Etats de répondre aux défis de la cybercriminalité. » Ce congrès doit s’ouvrir le 12 avril prochain au Brésil. La cybercriminalité devrait y occuper une place de choix. Le Conseil de l’Europe espère pouvoir élargir l’adhésion à sa convention sur la cybercriminalité, lancée au début de la précédente décennie et déjà ratifiée par une vingtaine de pays.
Mais Brice Hortefeux a également profité de l’audience du FIC pour revenir sur l’importance de la coopération entre secteurs public et privé dans lutte contre la cybercriminalité. En particulier, il a indiqué avoir « demandé aux services du ministère de continuer d’apporter aux entreprises un soutien actif dans l’évaluation du cyber-risque », sans plus détailler la nature de ce soutien ni les agences gouvernementales éventuellement impliquées dont, en particulier, la jeune Anssi (mais sans doute également certains élements de la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur). A l’échelle régionale, le ministre a évoqué la mise en place d’un plan triennal sur l’intelligence économique, visant « à promouvoir les mesures de protection les plus adaptées pour la circulation de l’information dans les entreprises implantées dans leurs régions ».
Loppsi 2, pour « une législation claire et adaptée »
Brice Hortefeux a enfin profité de l’audience du FIC – « plus de 1500 participants », fournisseurs, entreprises, forces de l’ordre, juristes, etc. – pour vanter le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dite Loppsi 2.
En particulier, le ministre a souligné la légitimité du blocage de sites Web sur la base de listes établies par les forces de l’ordre, « à l’instar de ce qui existe dans de nombreuses démocraties voisines ». Quitte à oublier certaines subtilités rappelées un peu plus tard, dans le cadre d’un colloque de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) : en Belgique, en particulier, le blocage de sites Web n’est décidé que par un juge, après qu’il se soit trouvé dans l’impossibilité de faire fermer le site Web visé. Mais, pour Brice Hortefeux, la question de la capacité des forces de l’ordre à identifier des contenus illégaux sur Internet « sans porter atteinte aux libertés fondamentales » ou encore celle portant sur l’efficacité des mesures proposées n’ont pas lieu d’être : « il est urgent d’agir […] l’efficacité est dans le pragmatisme, il ne faut pas renoncer parce que la solution n’est pas absolument parfaite. »