Jeunes ingénieurs : les informaticiens plus nombreux, mais moins bien payés

Bilan contrasté pour les jeunes ingénieurs en informatique. La filière attire de nombreux jeunes scientifiques, permet des débouchés plutôt meilleurs… mais avec une valorisation salariale décevante. Un état des lieux qui ne devrait pas s’arranger avec les effets de la crise sur l’économie des SSII.

Il vaut mieux être titulaire d’un diplôme spécialisé en informatique pour trouver un emploi d’ingénieur même si les TIC demeurent les parents pauvres de l’ingénierie à la française en matière salariale. C’est ce qui ressort de l’étude Repérages 2009 produite par Global Contact sous les auspices d’Orange, l’un des principaux groupes en matière de débouchés pour les jeunes ingénieurs. Une population de taille puisque, selon l’étude, chaque année, en France, environ 30 000 étudiants reçoivent le diplôme d’ingénieur et qu’aujourd’hui,  26,2% des ingénieurs ont moins de 30 ans.

Logiciel et services : 5000 à 8000 emplois détruits en 2009
Avec deux fois moins de recrutements en 2009 qu'en 2008 (plus de 20 000 tout de même), le secteur des logiciels et services a détruit entre 5 000 et 8 000 emplois, selon la chambre patronale des SSII et éditeurs, Syntec Informatique. D'après l'organisation, le secteur des logiciels et services emploie 360 000 personnes.
Syntec prévoit toutefois une reprise graduelle des embauches en 2010, estimant que le secteur créera de nouveaux des emplois nets cette année : entre 3 000 et 5 000. Avec un niveau de recrutement dépassant les 25 000. "Certaines sociétés témoignent déjà de leurs difficultés à recruter certains profils, y compris chez les jeunes diplômés", explique Jean Mounet, le président de Syntec Informatique, qui déplore le manque d'attrait des jeunes pour les filières scientifiques et techniques. Un manque d'appétit qui s'explique pour partie par l'aura dont bénéficie les métiers de la finance... et leurs salaires mirobolants.
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Et si sur 2008/2009 les choix d’orientation apparaissent relativement stables, l’attractivité de la filière STIC (électronique, télécommunications, informatique, génie logiciel, maths appliquées) est plutôt renforcée puisque c’est celle qui attire le plus d’ingénieurs (25% des moins de 30 ans). Encore que, selon l’étude, « ce constat ne s’applique pas aux jeunes femmes, dont au contraire la proportion diminue dans cette filière et passe de 17.4% à 12.5%. » Reste que du fait de la crise, l’évolution du marché de l’emploi est moins favorable aux jeunes ingénieurs. Selon Global Contact, ces derniers sont particulièrement touchés par le ralentissement des embauches et  près d’un jeune diplômé sur dix en 2008 était encore en recherche d’emploi au moment de l’enquête conduite en mars 2009 par le CNISF (Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France) l’un des pourvoyeurs de données de l’étude.

Les TIC : une relative garantie d’emploi en période de crise

Malgré le fort recul enregistré par le secteur (-4% selon les derniers chiffres communiqués par Syntec) et les destructions d’emplois enregistrées tout au long de l’année (voir encadré), les SSII demeurent l’un des principaux débouchés pour les jeunes diplômés. Selon l’étude « l’enquête sur l’insertion des jeunes diplômés de l’APEC établit que la filière NTIC est celle qui bénéficie des meilleurs taux d’emploi. La majorité des jeunes diplômés (87%) sont recrutés pour exercer des fonctions dans le domaine de la recherche, des systèmes d’information, et de la production. » Les trois quart des jeunes de moins de 30 ans en activité dans les sociétés du secteur des technologies de l’information sont issus de la filière de formation STIC, le choix de l’orientation est donc prépondérant pour avoir les meilleures garanties d’emploi. Et les futurs ingénieurs français l’ont bien compris : dans l’Hexagone la proportion de jeunes diplômés dans les sciences et technologies est légèrement supérieure à la moyenne européenne, même si ce phénomène tend à diminuer progressivement depuis quatre ans. Au final, « ce sont les étudiants de la filière informatique, télécommunications et technologies multimédias qui bénéficient du meilleur taux d’emploi et d’insertion : respectivement 81% et 86% ».

Nombre de recrutements de moins de 30 ans par secteur
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source Repérages09

Ingénieur informatique : plutôt sous-valorisé

Un emploi à coup sûr donc… mais à un niveau de salaire qui peut s’avérer décevant. Selon Global Contact, le niveau de rémunération moyen des moins de 30 ans pour les postes liés aux systèmes d’information se situe autour de 37 000 € et le salaire médian des débutants est de l’ordre de 33 440 €. Pour le cabinet d'études, "Les secteurs les plus généreux en termes de niveau de rémunération des moins de 30 ans sont la banque (43K€), puis les télécommunications (40K€), et l’énergie (39,7K€). Ces secteurs figurent également parmi les 10 premiers en termes de niveau de rémunération de l’ensemble des ingénieurs".
Les STIC sont donc plutôt pourvoyeurs d’emplois… mais pour des salaires plutôt moins importants que pour d’autres catégories d’ingénieurs. Sans surprise les postes proches de la direction du SI ou du conseil sont les plus valorisés, tandis que les développeurs et autres intégrateurs sont les moins bien lotis en matière de salaire.

Les salaires dans les STIC selon l’activité dominante
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Source : Répérages09

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