Oracle voit MySQL comme une extension naturelle de son écosystème
A l’occasion de la O'Reilly MySQL Conference, Oracle a montré un peu plus de son engagement dans MySQL, considérant la base de données Open Source comme une brique qui a toute sa place dans l’écosystème du groupe. Pour aller chercher de nouveaux utilisateurs et grapiller des parts de marché à SQL Server...
Après avoir refroidi la communauté Open Source en signant la fin de la gratuité de Solaris fin mars, dure est la tâche d’Oracle quant il s’agit de rassurer les utilisateurs de MySQL, encore en proie aux doutes quant à l’avenir de la base de données Open Source.
C’est pourtant ce qu’a tenté de faire Edward Screven, architecte en chef dans la firme de Larry Ellison, à l’occasion de la O'Reilly MySQL Conference, un raout clé pour la communauté fédérée autour de la base. Avec ardeur, il s'est employé à rappeler que la base de données Open Source a parfaitement sa place dans l’écosystème d’Oracle. Et de se montrer flatteur en expliquant que "MySQL offres des propriétés qu'Oracle n’a pas", lors d’un keynote remarqué. "La base MySQL est légère, facile à installer, facile à administrer et à mettre en place et tous ces attributs la rendent différente des bases de données Oracle. MySQL est donc le bon choix pour un certain nombre d’applications [...] Avec MySQL, nous touchons un plus vaste pan d’utilisateurs tout en rendant les solutions Oracle plus complètes", ajoute-t-il.
Des assurances pour l'édition Community
Autant de raisons donc pour que la firme de Larry Ellison poursuive ses investissements dans la base de données Open Source, "afin de rendre notamment la base plus performante, de poursuivre les développements et le support". Oracle confirme ainsi une nouvelle fois que la Community Edition de la base (la version communautaire, gratuite) sera préservée et bénéficiera de tous les développements, à l’exception de certaines fonctionnalités, comme la sauvegarde à chaud, réservées à la version commerciale de la base de données. Un discours que Kuassi Mensah, chef de produits chez Oracle, avait également tenu lors de Solutions Linux 2010, mais plus sur le thème - un peu ambivalent - de "MySQL est pour nous une grande responsabilité", comme en témoigne la vidéo présente sur le site de l’événement (aller jusqu’à 13 minutes 03).
Surtout, Oracle voit en MySQL une façon d'adresser un marché qu’il a du mal aujourd’hui à toucher. Celui des PME et celui de SQL Server, le SGBD de Microsoft, sur lequel Oracle entend aligner MySQL pour mieux le concurrencer, a déclaré Edward Screven à Reuters.
InnoDB par défaut
Parmi les critères qui devraient muscler les performances de MySQL - ce que promet Oracle -, InnoDB devient le moteur de stockage par défaut de la base Open Source dans sa version 5.5. Rassurant certainement tout un pan de la communauté qui se demandait bien à quelle sauce allait être mangée cette fonction, rachetée par Oracle en 2005. Si l'éditeur confirme maintenir l’architecture ouverte en plug-in pour les développeurs souhaitant intégrer leur propre moteur de stockage, le groupe, en revanche, stoppe les développements de Falcon. Un projet de moteur de stockage dont l'activité avait débuté en réaction au rachat d’InnoDB par Oracle. Le groupe confirme également avoir intégré les équipes InnoDB à celles de MySQL.
Deux questions toutefois subsistent : ces engagements d’Oracle toucheront-ils des développeurs quelque peu abasourdis par les changements de cap du groupe, comme par exemple ceux opérés sur Solaris ? Et Oracle sera-t-il la marque qui fournira à MySQL une garantie forte auprès des entreprises, ce que MariaDB et Drizzle - deux dérivées majeures de MySQL - peinent à fournir ?
Pour la concurrence, des doutes subsistent
Sur ce dernier point, Oracle possède quand même un avantage pour les DSI. Edward Screven a une nouvelle fois rappelé que MySQL serait intégré aux offres de management d’infrastructure d’Oracle, Oracle Enterprise Manager, Oracle Secure Backup, Oracle Vault. Une bonne façon de séduire les responsables informatiques, mais également de montrer comment MySQL peut profiter aux clients existants d’Oracle. En devenant le prolongement de l'offre actuelle.
Reste que, de son côté, Roger Burkhardt, Pdg de Ingres, éditeur d’une base de données Open Source qui s’inscrit en concurrence frontale avec Oracle, ne croit pas aux engagements d’Oracle concernant MySQL. Selon lui, "Oracle a déjà revu à la baisse sa roadmap sur MySQL pour ne pas concurrencer son propre système de gestion de base de données. L’objectif est de convaincre les développeurs MySQL d’adopter les logiciels Oracle, malgré leurs coûts de licences élevés et les contraintes propriétaires imposées. Or MySQL n’a pas la robustesse et les fonctionnalités requises pour exécuter les propres applications d'Oracle en environnements de production ; et Oracle n’a pas l’intention de combler ces lacunes." Oracle créerait donc un rideau de fumée pour mieux faire basculer la base MySQL dans ses filets, si l’on en croit Burkhardt. Et d'ajouter qu'Oracle va "présenter MySQL et Glassfish [le serveur d’application Java de Sun, NDLR] comme sa vitrine Open Source afin de convaincre les clients d’acheter ses logiciels de serveur d’applications et de bases de données, vendus à prix excessif, plutôt que des technologies Open Source parfaitement opérationnelles, comme celles d’Ingres et de JBoss".